Un incendie volontaire a ravagé une partie du collège Champollion, situé dans le quartier des Grésilles à Dijon, dans la nuit de vendredi à samedi. Les faits se sont produits aux alentours d’une heure du matin. Ce samedi 13 décembre 2025, le préfet de la Côte-d’Or, Paul Mourier, s’est rendu sur place et a immédiatement qualifié les faits d’« incendie criminel », évoquant une attaque ciblée contre un symbole de la République.
Aucune victime n’est à déplorer, mais les dégâts matériels sont lourds. Le rez-de-chaussée du bâtiment principal a été fortement touché, plusieurs salles ont été entièrement détruites, et les fumées se sont propagées sur l’ensemble des étages, rendant impossible toute reprise des cours dans l’établissement.
« Un moment d’une extrême gravité »
Face à la presse, le préfet de la Côte-d’Or a tenu un discours particulièrement ferme, inscrivant cet incendie dans un contexte plus large de lutte contre le narcotrafic. « Nous vivons ici au quartier des Grésilles à Dijon, à un moment d’une extrême gravité par l’incendie que je qualifie sans attendre de criminel de ce collège Champollion dans le quartier des Grésilles », a déclaré Paul Mourier.
Avant d’entrer dans le détail des faits, le représentant de l’État a souhaité rappeler l’action menée depuis plusieurs années par les services de l’État contre le trafic de stupéfiants : « Je voudrais rappeler l’action déterminée de tous les services de l’État qui depuis des mois et des mois et des années mènent un combat déterminé quotidien contre le trafic de stupéfiants, contre le narcotrafic qui est un fléau qui atteint l’ensemble de notre pays, que ce soit les zones urbaines et les zones rurales. »
Pour le préfet, cette lutte relève avant tout d’un enjeu de santé publique et de protection de la jeunesse. « La drogue atteint tous ceux qui en consomment et particulièrement les jeunes. C’est pour ça que notre action est déterminée et que le gouvernement, l’État, cet été a décidé de prendre un certain nombre de mesures administratives et judiciaires supplémentaires. »
« Une action clairement de représailles »
Paul Mourier établit un lien clair entre l’incendie et l’action renforcée de l’État dans le quartier : « Il faut y voir ici, au Grésilles à Dijon, par rapport à ce qui s’est passé, une action claire, clairement de représailles par rapport à l’action de l’État. »
Le préfet rappelle que ce n’est pas un fait isolé : « Je rappelle qu’il y a, au cours des douze derniers mois, déjà eu deux incendies : l’incendie de la médiathèque Champollion, également du centre de formation de la fonction publique et aujourd’hui d’un collège. »
Selon lui, les narcotrafiquants s’en prennent désormais directement aux institutions : « On voit bien que les narcotrafiquants veulent atteindre effectivement les institutions de notre pays. On s’en prend à des symboles de la République, à la fois l’éducation nationale et la culture. »

Un commando de quatre personnes
Le scénario de l’attaque témoigne, selon les autorités, d’une opération organisée et préparée : « Ce qui s’est passé cette nuit, c’est un commando, un commando de quatre personnes qui, aux alentours d’une heure du matin, a envahi effectivement une partie des bâtiments, à la fois a mis le feu, a fait en sorte que le feu se propage à tous les étages du bâtiment. »
Quatre départs de feu ont été recensés. Des bouteilles contenant des produits inflammables ont été retrouvées, et plusieurs portes coupe-feu auraient été volontairement forcées pour favoriser la propagation des flammes. « On voit bien une action préparée, une action déterminée. La volonté c’était de faire le plus de dégâts possible. » Aucune interpellation n’a eu lieu à ce stade, mais une enquête judiciaire est en cours.
490 élèves à reloger dès lundi
L’urgence concerne désormais l’accueil des 490 collégiens scolarisés à Champollion. Le préfet l’a confirmé : le collège ne pourra pas rouvrir. « Il est hors de question de les accueillir dans cet établissement. » Une réunion de crise a été organisée à la préfecture avec l’ensemble des acteurs concernés : département, ville de Dijon, Éducation nationale et rectorat. « Notre défi, c’est de faire en sorte que les 490 collégiens, dès lundi, trouvent un autre lieu. »
Le soutien de la mairie de Dijon
Présente aux côtés du préfet, la maire de Dijon, Nathalie Koenders, a exprimé son émotion et sa solidarité : « Je voudrais apporter mon soutien aux élèves, à leurs familles et à l’ensemble du corps enseignant très touché par cet incendie criminel. » Elle a également tenu à remercier les forces de secours et de sécurité, avant d’évoquer les habitants du quartier : « Derrière cet acte criminel, ce sont déjà les habitants des Grésilles les premières victimes. Ils aspirent à vivre paisiblement. »
Pour la maire, l’attaque dépasse largement le cadre scolaire : « Quand on s’attaque à l’éducation, on s’attaque à la République. Derrière cette attaque, c’est aussi la ville qu’on attaque. »
« On ne cédera pas un pouce »
Le président du conseil départemental de la Côte-d’Or, François Sauvadet, s’est montré tout aussi déterminé : « On s’attaque aujourd’hui à un établissement scolaire qui accueillait 490 jeunes. Je pense d’abord aux familles, aux enfants, aux jeunes qui vont se retrouver lundi matin dans une situation complètement nouvelle avec ce traumatisme. »
Il a assuré que les travaux seraient engagés rapidement. « Notre détermination est de très vite reprendre les travaux dans ce collège pour le réouvrir. On ne cédera pas aux intimidations ni à ces actes criminels. » Le président du département a rappelé les investissements récents réalisés dans l’établissement. « Nous avons investi en deux ans 500 000 euros, refait les installations électriques, renforcé la sécurisation avec 12 caméras. »
Des mesures de sécurité supplémentaires, y compris le recours à une surveillance privée, seront mises en place pour éviter toute nouvelle intrusion.
Continuité pédagogique et accompagnement psychologique
La rectrice de l’académie de Dijon, Mathilde Gollety, a souligné le traumatisme vécu par la communauté éducative : « Mes premières pensées vont bien évidemment envers madame la principale et la principale adjointe qui ont vécu un véritable traumatisme. »
Elle a annoncé la venue du ministre de l’Éducation nationale dès lundi : « Il viendra sur notre territoire lundi matin pour apporter à toute la communauté éducative son soutien. »
Des cellules d’écoute seront mises en place pour les élèves, et plusieurs solutions d’accueil sont à l’étude, notamment dans des collèges voisins et dans un lycée proche.
« Force restera à la loi »
Le préfet de la Côte-d’Or a réaffirmé la détermination de l’État : « Les narcotrafiquants veulent atteindre les symboles, les fondements de la République, mais la République fait face, la République est debout. »
Il a également interpellé les consommateurs de drogue : « Les consommateurs de drogue ont une responsabilité très claire dans ce qui s’est passé. S’il n’y avait pas de consommateurs, il n’y aurait pas de trafic. »
Une enquête judiciaire est en cours pour identifier et interpeller les auteurs de cet incendie, tandis que les autorités locales et nationales s’organisent pour assurer, dès lundi, la continuité de la scolarité des élèves du collège Champollion.
