Le conseil municipal de Dijon a validé, lundi 15 décembre 2025, la cession d’une parcelle située rue de Colchide, au nord du Zénith, afin de permettre au Groupe ID’ÉES – acteur historique de l’insertion par l’activité économique – de regrouper ses activités sur un site unique.
Né dans l’agglomération en 1985, « Groupe ID’ÉES » est présenté comme « l’un des premiers acteurs français du secteur de l’insertion par l’activité économique », intervenant dans « l’intérim, la sous-traitance industrielle, les espaces verts ou encore la restauration » et employant « plus de 500 personnes sur Dijon Métropole ». L’entreprise, aujourd’hui installée sur trois sites distincts, estime que « ces derniers ne répondent plus aux besoins de surfaces, aux organisations de travail ou encore au confort d’utilisation ».
Un projet de « campus » de 6 150 m²
Le projet porte sur une emprise foncière d’environ 20 000 m², propriété de la Ville de Dijon, et prévoit 6 150 m² de bâtiments professionnels, comprenant « des ateliers et des locaux d’activités de type “salles grises”, des locaux de cuisine centrale, des espaces de stockage associés aux activités, des locaux tertiaires ». Il est également indiqué qu’une offre de stationnement adaptée, notamment pour les véhicules de service, sera prévue, avec l’avantage de la proximité immédiate du parking du Zénith.
L’objectif annoncé est de structurer un site pensé comme un campus permettant de « répondre aux attentes fonctionnelles, techniques et de confort des utilisateurs », « faciliter les échanges », « améliorer l’accessibilité, notamment pour les employés en parcours d’insertion », grâce à la proximité du tramway, et « concrétiser ses engagements environnementaux […] qui visent à diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 ».
La Ville souligne que l’opération fera l’objet d’une « attention particulièrement volontariste en matière d’exemplarité environnementale » et qu’elle constitue un enjeu « fort et prioritaire en terme de développement et d’attractivité de la métropole ».
Une cession à 95 €/m², dépollution incluse
La cession sera conclue sur la base d’un prix unitaire de 115 €/m², conforme à l’évaluation domaniale, mais minoré à 95 €/m² en raison des coûts liés à la dépollution et à la remise en viabilité du site.
Les études préalables ont révélé « la présence en partie Nord d’une zone de pollution restreinte correspondant à une ancienne plateforme de stockage de matériaux ». La Ville supportera la dépollution, principalement des hydrocarbures, et la suppression de talus périphériques.
L’acte prendra la forme d’une promesse synallagmatique de vente, conditionnée notamment par l’obtention du permis de construire sans recours, l’absence de contraintes environnementales nouvelles et la maîtrise des coûts de dépollution.
Antoine Hoareau : « Un mensonge même répété plusieurs fois ne fait pas une vérité »
Lors de la présentation du rapport, le premier adjoint Antoine Hoareau insiste sur la nature du projet : « Effectivement, il s’agit d’une session au groupe ID21. Rappelons que le groupe ID21 est une entreprise d’insertion majeure en France qui a fêté ses 40 ans cette année […] et qui emploie aujourd’hui plus de 500 personnes sur notre métropole. »
Il précise que seule la partie nord du terrain sera vendue : « Nous ne vendrons pas l’intégralité du site, mais uniquement la partie nord […] imperméabilisée par la mise en place d’une dalle qui avait été faite à l’époque de la construction du tramway. »
Et il lance, en réponse aux critiques écologiques : « Un mensonge même répété plusieurs fois ne fait pas une vérité. » Selon lui, « la partie sud […] restera elle en totalité de pleine terre et d’espaces verts tels qu’elle est aujourd’hui ».
Il annonce encore que « la dalle représente aujourd’hui environ 5000 mètres carrés et que le projet porté par ID21, c’est 6 150 mètres carrés, dont des mètres carrés en étage », estimant que l’impact d’artificialisation restera comparable.
Nathalie Koenders : « La construction se fera bien sur la partie nord »
La maire de Dijon Nathalie Koenders confirme : « Je rappelle que la construction se fera bien, comme vous venez de le dire, sur la partie nord, sur la plateforme qui a servi sur la dalle de béton. […] C’était la plateforme de stockage de matériaux […] implantée en 2010 pour la réalisation des travaux du tramway. » Elle garantit également que « bien sûr, puisqu’il y a des arbres dans l’aliment, ils seront conservés ».
Frédéric Faverjon : soutien au projet, mais vives questions
Le conseiller municipal Frédéric Faverjon reconnaît d’abord : « Nous reconnaissons la vocation de cette entreprise d’insertion sociale qui constitue aussi, par ailleurs, une belle réussite, réussite locale. »
Mais il se dit « surpris par cette délibération », pointant un possible reniement des engagements de la maire « de ne pas artificialiser la pleine terre ».
Il pose une série de questions : « Quel est le pourcentage de reste de pleine terre dans le terrain que vous proposez de vendre ? » « Est-ce qu’il est envisagé de désimperméabiliser une certaine partie ? » « Comment réagit la ville de Chenove où est installée actuellement le siège d’ID21 à cette annonce ? »
Il demande enfin comment Chenôve a été associée à d’éventuelles alternatives et évoque « des réhabilitations de friche » possibles.
Koenders : « Si vous n’étiez pas en commission… »
Visiblement agacée, Nathalie Koenders réplique : « Le problème, c’est que c’est des questions qui ont été posées en commission. Donc, si vous n’étiez pas en commission pour les poser, vous auriez eu toutes les réponses. »
Elle affirme que Chenôve est associée depuis le début et que le terrain libéré permettra « sûrement » du développement économique. Elle regrette les polémiques : « Moi, ce que je déplore, c’est qu’on dit des mensonges, on le diffuse partout. Et puis, après, on revient en disant non, d’accord, on n’avait pas compris. »
Elle évoque également un projet passé, jamais abouti : « Il y en avait un, notamment […] du projet d’Arena avec le président de la JDA […] Ça n’a pas pu se faire. »
Et conclut par la justification sociale : « Lorsque l’on a une entreprise d’insertion, il est important d’être connecté au transport public […]. Et […] par rapport à l’activité principale d’ID21 de livrer des repas, c’est bien aussi d’avoir une connexion au réseau autoroutier. »
François Rebsamen : une opportunité économique pour le voisinage
Le président de la Métropole François Rebsamen renchérit : « Ce qu’il faut voir, c’est le lieu où est aujourd’hui implanté ID’ÉES 21. C’est un endroit où ils sont entourés de belles entreprises, notamment AdhexPharma, Urgo, qui souhaitent se développer. Or, ils sont contraints par l’environnement. »
Selon lui, le départ d’ID’ÉES facilitera l’expansion industrielle : « Ça arrange AdhexPharma, ça va arranger éventuellement Urgo. » Il évoque même l’arrivée future du tram : « Ce sera très bien desservie par la métropole s’il y a un tram en 2030, 2029, 2030. »
Laurent Bourguignat cible les « écologistes radicaux » et défend un équipement collectif
Dans un registre plus politique, Laurent Bourguignat affirme : « Nous avons une réserve sur la session de ce terrain au groupe ID21. […] Le travail mené par cette structure […] n’est absolument pas en cause. Au contraire. »
Mais il juge le site trop stratégique pour une occupation privée : « Le terrain concerné est situé à un emplacement stratégique […] juste à côté du zénith, directement connecté à la rocade et au réseau de trams. […] Il nous semblerait donc plus pertinent de réserver ce site à un grand équipement collectif. »
Il ravive le souvenir de l’Arena : « On se souvient qu’une JDA Arena avait été un temps envisagé […] assez enthousiasmant d’un point de vue économique et sportif. »
Enfin, il attaque frontalement Dijon Avenir : « Ce collectif veut en réalité la décroissance et le repli sur soi. Et franchement, ce n’est pas un bon service à rendre à notre ville. »
Chenôve perd une entreprise phare : une transition métropolitaine
Si le vote municipal entérine le transfert à Dijon, la question demeure : quelle sera la réaction politique de Chenôve ? Selon la majorité dijonnaise, la ville voisine a été « associée » et pourrait reconvertir le site libéré pour son propre développement économique.
