Dijon, ville verte, serait aussi, selon la municipalité, une ville douce à vivre. Le futur parc Eiffel au port du canal contribuera à faire de Dijon un lieu où la verdure prime. Le vivre ensemble et la verdure, oui ; les guinguettes, les dealers et les nuisances, les places de stationnement en moins, c’est non, ont dit beaucoup de riverains du port du canal samedi matin. Ils ont pris l’initiative de se réunir au 2, rue Jules Ferry à l’appel du groupe ‘Agir pour Dijon’.
Le projet, bien qu’ambitieux, ne convient pas à tout le monde. Le premier problème pour les habitants du quartier du canal réside dans le fait que le parc reste ouvert au public 24 heures sur 24. Le deuxième problème, non des moindres, concerne le stationnement. En effet, la suppression du parking situé quai Nicolas Rollin pose problème à de nombreux résidents. Le troisième problème est lié aux futures guinguettes.
La question principale ne concerne pas tant le manque d’informations sur les détails que les positions très tranchées de la municipalité. Selon les riverains et le groupe Agir pour Dijon, ces positions ne prennent pas suffisamment en compte leurs préoccupations.
Concernant le premier point, à savoir que le parc soit ouvert sept jours sur sept, 24 heures sur 24, le groupe ‘Agir pour Dijon’ a un positionnement extrêmement clair sur le sujet et demande que ce futur parc soit clôturé. Beaucoup de riverains du quartier du port du canal, comme nous avons pu le constater lors de cette réunion, sont inquiets. « Pour aller au bout de la logique d’un parc public urbain, afin d’assurer la tranquillité publique et la sécurité du site, il serait souhaitable de le clôturer, de le fermer la nuit et d’assurer un gardiennage. Cette clôture serait d’ailleurs compatible avec le maintien d’un certain nombre de places de parking en périphérie », disait le Groupe Agir pour Dijon lors de son intervention sur le sujet au conseil municipal en date du 18 décembre 2023.
La réponse de François Rebsamen, maire de Dijon, lors du conseil municipal fut la suivante : « Heureusement que vous avez ce sujet ! Franchement, vous n’avez que ça ! Parler de sécurité, ce n’est pas agir pour la sécurité. Parler de sécurité comme vous le faites, c’est au contraire renforcer en permanence l’inquiétude des gens, des personnes, des habitants. Ça ne vous rapportera rien électoralement, vous vous trompez complètement. On ne va pas mettre des miradors aux quatre coins du parc Eiffel. On ne va pas avoir des gens qui vont appeler, on ne va pas faire gardienner toute la nuit un parc. Qu’est-ce que c’est que cette vision que vous avez, totalement restreinte, petite dans la tête… ».
« Les dealers se sont installés. Personne ne fait rien, même les taxis n’osent plus rester le soir sur leurs emplacements, quai Nicolas Rollin, tellement l’insécurité est grandissante », souligne un habitant. Pour les habitants du quartier, si le parc n’est pas clôturé, les dealers prendront possession du lieu, ce qu’ils ne peuvent pas accepter. La grande majorité des habitants ayant participé à la réunion du groupe ‘Agir pour Dijon’ rejoint le positionnement d’Emmanuel Bichot : il faut clôturer ce futur parc.
Autre problème, le stationnement : À l’emplacement actuel du parking de 86 places côté quai Nicolas Rollin, une aire de jeux sera aménagée. Le parking sera donc supprimé. « Dans nos résidences, nous ne disposons pas d’assez de places de parking ou de garages. Où allons-nous nous garer ? » s’interroge un résident, quelque peu inquiet pour l’avenir. « Moi, je refuse de me garer au parking Monge, financièrement c’est pas possible », ajoute un autre habitant du quartier. Les résidents sont inquiets car, au total, 40 % des 269 places de stationnement existantes disparaitront avec le projet tel qu’il est présenté aujourd’hui. « Il y a actuellement 280 places, dont 169 seront conservées. Le grand parking du quai Nicolas Rollin disparaît, mais les stationnements, en face, près des commerces, sont maintenus. Nous supprimons également 25 places le long de l’avenue Jean Jaurès. Et il existe des stationnements en ouvrage, comme le parking Monge », a répondu Dominique Martin-Gendre, élue en charge de la propreté de la ville, des travaux, des équipements urbains et des mobilités lors de la réunion de présentation du projet.
Autre question, celle des tarifs du parking Monge : est-ce que les résidents bénéficieront d’un tarif aménagé, ou seront-ils dans l’obligation de payer 78,75 € (tarif résident pour 1 mois 24h/24) ? De plus, les personnes à mobilité réduite estiment que le parking est beaucoup trop loin.
Enfin, l’inquiétude demeure concernant la future guinguette prévue « quai des Guinguettes ». « C’était déjà le bordel avec la Péniche Cancale, qu’est-ce que ça va être avec cette guinguette ? Est-ce que ce sera l’après-midi, en soirée ou jusqu’à vingt-deux heures, minuit ? On ne dit rien, on ne nous dit rien, il y a de quoi être inquiet », dira un habitant du quartier, qui regrette que la municipalité ne fournisse pas plus de détails sur ce sujet. Les futures guinguettes sont un gros sujet de préoccupations pour les habitants du quartier ; ils et elles craignent des nuisances sonores, entre autres.
Autre regret de la part des riverains : le fait que la municipalité persiste dans son projet de constructions sur le flanc sud de la CIGV, en bordure de l’Ouche, plutôt que de l’inclure dans le projet de parc urbain.
Le maire a répondu négativement aux demandes concernant ces trois volets, présentées par le Groupe Agir pour Dijon lors d’une question orale au conseil municipal du 18 décembre 2023. Cette réponse a incité le Groupe Agir pour Dijon et les riverains à monter au créneau.
Lors de la réunion de samedi matin, avec plus de 35 riverains présents, trois motions ont été votées :
– clôturer le parc, le fermer la nuit et le gardienner : unanimité !
– renoncer à l’installation de guinguettes : large majorité, avec toutefois quatre votes contre, trois abstentions en l’absence d’informations plus précises
– maintenir du stationnement le long du parc, quai Nicolas Rolin et avenue Jean Jaurès : unanimité, avec une abstention.
Au-delà de ces trois demandes, les riverains souhaiteraient une prise en compte des questions de tranquillité publique sur un périmètre plus large que le parc lui-même.
Ils feront signer prochainement une pétition, papier et en ligne, qui devrait être remise à la mairie. En espérant que cela suffise, une chose est certaine : le projet tel qu’il est présenté aujourd’hui ne convient pas à tout le monde. Reste à savoir si la mairie en tiendra compte, ce que nous saurons prochainement.