Le point de rendez-vous était fixé sur l’esplanade Erasme à l’Université de Bourgogne à 12h. Hier, une centaine de personnes se sont rassemblées en faveur des étudiants palestiniens à l’appel de plusieurs syndicats étudiants et de la France Insoumise. Le syndicat Solidaires Étudiant, lors de sa prise de parole, n’a pas manqué de rappeler que le président Vincent Thomas s’était positionné en faveur d’un cessez-le-feu depuis l’Université de Bourgogne sans partenariat actif avec des universités israéliennes : « C’est une position confortable. Nous demandons qu’il assume cette position auprès des autres universités qui veulent faire taire les mobilisations pour un cessez-le-feu immédiat et permanent. Dénoncez la collaboration avec le génocide ! Une telle situation ne peut pas voir la vie universitaire suivre son cours normal. Le génocide ne peut pas être ignoré. ».
Le collectif Tsedek – qui signifie justice en hébreu – s’est également exprimé pour dénoncer les positions actuelles de l’État d’Israël, et affirmer son soutien à la population palestinienne.
«Le mouvement pour la Palestine se fait avec les étudiant.e.s juif.ve.s et non contre elles.eux, […] nous refusons que l’histoire douloureuse de l’antisémitisme soit utilisée pour jouer avec la peur des nôtres et légitimer la répression de celles.eux qui défendent les droits des palestiniens et palestiniennes. […] Il n’y aura pas de sécurité pour qui que ce soit, de paix réelle et durable sans l’abandon d’une souveraineté juive entre la mer et le Jourdain, sans la réparation des torts commis à à l’encontre du peuple palestinien, sans la réalisation du droit fondamental au retour des réfugiés, sans la désionisation de l’État d’Israël. […] Le sionisme a conduit à la fascisation de la politique israélienne et à la destruction du peuple palestinien».
Joseph BERITZKI, membre de L’UNEF, l’a dit : « Des manifestations éclosent dans toutes les grandes villes, et un peu partout des blocages et occupations libèrent la parole sur Gaza dans les facs et les instituts sciences po de Paris, de Reims, de Lille, de Saint-Étienne, de Poitiers, de Bordeaux, de Menton, de Lyon et même ici à sciences Po Dijon. Partout où les représentants politiques sont encore frileux, où certains établissements se rendent complices du genocide a travers leur partenariat avec des universités israéliennes, sur tout les campus qui ne garantissent pas à leurs usagers le droit fondamental, devenu aujourd’hui un luxe, de manifester sans la menace des CRS, nous n’avons pas peur. Nous n’avons pas peur de scander haut et fort des causes justes comme le respect du droit international et de la dignité humaine; au contraire même, la répression policière, les évacuations musclées de sciences po Paris et Lyon entre autres, et les condamnations lâches de nos dirigeants montrent plus que tout que nos revendications retentissent bruyamment dans tous le Pays, si bien qu’elles les dérangent. Soutien à Luiggi, aux 88 de La Sorbonne et à tous les étudiants interpellés pour avoir défendu la paix. Nous n’avons pas peur et nous ne nous tairons pas ».
Ensuite, il a déclaré : « Rappelons qu’il n’y a plus d’hôpitaux ni d’universités à Gaza, 80 000 étudiantes et étudiants de Palestine n’auront pas le droit à l’enseignement supérieur cette année. Rappelons que le conflit israélo-palestinien n’est pas une guerre, c’est un massacre, un risque genocidaire (pour reprendre les termes de la cour internationale de justice) et un nettoyage ethnique: on parlait encore samedi dernier de 40 000 morts et 75 000 blessés côté palestinien. C’est comme si toute la population de Bourg-en-Bresse ou d’Angoulême disparaissait demain en un claquement de doigt ».
Emilien RAMAUX, étudiant à l’IRTESS, a pris la parole au nom des jeunes insoumis de Dijon : « Ce rassemblement répond à l’appel de La Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine (CUCCP) pour la commémoration de la Nakba, et le soutien aux 80 000 étudiantes et étudiants palestiniens et palestiniennes qui se retrouvent dorénavant sans université, après le bombardement de Gaza. En effet, en ce jour du 15 mai, nous célébrons la triste date des 76 ans de la Nakba, la « catastrophe » en arabe, qui marque l’exode et la dépossession de plus de 700 000 Palestiniens de leurs terres en 1948, lors des massacres perpétrés par les milices paramilitaires sionistes puis par l’armée israélienne. Raphaël Porteilla, du mouvement de la Paix y reviendra. Aujourd’hui, la Nakba à toujours des conséquences à l’égard du peuple palestinien, car leurs descendants, c’est-à-dire les 5,9 millions de réfugiés, se voient encore refuser leur droit au retour par Israël. Ce droit au retour devrait être le droit de tous de revenir chez soi après avoir été déplacés de force, puisque garanti par la Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies.
Mais depuis le 7 octobre, ce sont 2 millions de Gazaouis qui ont été déplacés et chassés de leur domicile. C’est le plus grand nombre de déplacements forcés de Palestiniens depuis 1948. Le génocide des Palestiniens en cours, malgré les cris d’alarme pour l’en empêcher et la reconnaissance d’un risque de génocide par la Cour internationale de Justice dès janvier 2024, apparaît donc comme le prolongement du nettoyage ethnique de la Nakba et de 76 ans d’occupation, de colonisation, et d’apartheid ; C’est bien la volonté d’effacer l’identité, voire l’existence même, des Palestiniennes et des Palestiniens qui est à l’œuvre. En effet, depuis le 7 octobre, c’est bien plus de 35 000 Palestiniens qui ont été tuées par l’armée israélienne, ce chiffre comptant notamment le meurtre de plus de 4 300 étudiants et étudiantes, 231 enseignants et 94 professeurs d’université, en plus de la destruction de l’ensemble des universités gazaouies et de 346 écoles. Et on ne compte plus les hôpitaux et les maisons qui dans bien des zones ne sont plus que des ruines. Alors que le nombre de morts, de blessés, d’amputés et de familles déplacées augmente à une vitesse affolante, à Gaza, la famine est imminente ».
Puis, avec conviction, il déclare : « Pourtant, face aux crimes de guerre perpétrés par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu et par son armée, le gouvernement français agit honteusement en se rendant complice de cette guerre génocidaire. En effet, au lieu d’exiger un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et par définition permanent, le gouvernement français préfère continuer de commercer avec l’Etat hébreu et de lui fournir notamment des armes de défense. Dans le même temps, en France, la Macronie a choisi de criminaliser le soutien au peuple Palestinien par toutes celles et ceux qui ont apporté des voix dissidentes pour s’opposer au génocide en cours, allant même jusqu’à caractériser d’apologie du terrorisme les paroles et manifestations des étudiantes et etudiants engagés contre les violences, de la culture ?? des personalités politiques en campagne comme Rima Hassan ou même une députée Mathilde Panot, ou encore le syndicaliste Jean-Paul Delescaut.
Toutes les poursuites policières et autres tentatives d’intimidation ont été faites, je le rappelle, avec le soutien du gouvernement qui se refuse toujours à agir pour l’arrêt immédiat des bombardements israéliens et la levée permanente du blocus de Gaza ! Ainsi, plutôt que de prendre la voie de la paix et de la justice et d’enfin reconnaître l’Etat palestinien, le gouvernement a encore une fois choisi celle de la répression policière contre la liberté d’expression, en faisant annuler des conférences sur le suje, en interdisant des manifestations (dans le même temps où il autorise celles de groupuscules nazis à Paris), en maltraitant et accusant de tous les maux la jeunesse qui lutte pour soutenir le peuple de Gaza ».
Le collectif Éducation avec Gaza qui regroupe des enseignants, des étudiants et des parents d’élèves, une intervenante anonyme dénonce la situation à Rafah : « Tout d’abord nous ne pouvons pas commencer sans évoquer la situation à RAFAH. L’opération israélienne contre cette ville de Palestine est une attaque parfaitement illégale et ignominieuse, ville où 1 million 200 000 personnes ont trouvé refuge, emprisonnées et affamées. Cette nouvelle étape dans la guerre sans limite qu’Israël mène contre le peuple palestinien est, encore une fois, la preuve de la marche à la disparition de la Palestine que le gouvernement israélien entreprend à Gaza mais aussi en Cisjordanie. Cette machine génocidaire se traduit du point de vue de l’éducation, par 6960 élèves et étudiants tués et 11 440 blessés, 393 personnels de l’éducation tués et 2050 blessés ainsi que par plus de 400 écoles et universités bombardées et/ou vandalisées.
Certains, néanmoins et fort heureusement, ont décidé de relever la tête pour soutenir activement le peuple palestinien ; Les étudiants sont de ceux-là ! Partout dans le monde, leur soulèvement est exemplaire et se poursuit malgré la répression féroce et abjecte qui s’abat sur eux. Comme ce fut le cas, en France, à Paris, suite à l’occupation d’un amphi à la Sorbonne qui s’est terminée avec l’arrestation et la mise en gav de 88 étudiants, dont la plupart furent arrêtés avec brutalité. Mais qui in fine, furent libérés sans poursuite parce qu’au final rien de précis ni de grave ne pouvait leur être imputé.
Comme ce fut le cas vis-à-vis de plusieurs conférences de Rima Hassan qui se devaient se tenir au sein d’universités qui ont été interdites, alors que celle-ci porte la voix de la justice et de la paix en Palestine, elle a été accusée d’apologie du terrorisme tout comme Mathilde Panot. Comme ce fut le cas de plusieurs syndicalistes qui ont été poursuivis pour avoir appeler au cessez-le-feu. Ainsi, la complicité des gouvernements occidentaux se constate dans cette répression terrible contre les voix, contre nos voix, celles qui retentissent et s’élèvent en France, aux Etats-Unis, en Angleterre, au Japon, en Afrique du Sud et que nous retrouvons aujourd’hui à Dijon, dans ce rassemblement à l’initiative des étudiants.
Merci aux étudiants, à leur courage et à leur indéfectible détermination qui donne un nouveau souffle, un nouvel élan et un nouveau visage à la mobilisation en solidarité avec le peuple palestinien, en solidarité avec la sacralité de toutes les vies humaines. Il est ainsi particulièrement essentiel que toute la communauté éducative soutienne ces étudiants mobilisés, les jours et semaines à venir ; y compris les parents d’élèves qui peuvent être un secours certain. Dès que nous le pouvons, soyons présents à leur côté, devant les universités ou les lycées où des mobilisations se déroulent, apportons-leur notre soutien. Ces mobilisations sont en effet capitales parce qu’elles sont mues par notre Humanité. Celle qui nous fait espérer, celle qui fait de nous des êtres humains, celle nous enseignons à nos élèves, celle qui sauvera le monde de la Barbarie, celle qui nous fera enfin vivre « le plus jamais ça » ! ».
Le rassemblement s’est déroulé sans incident. Le collectif « Pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » réitère son rendez-vous hebdomadaire qui se tient place Darcy chaque samedi à 15 heures, et invite tout le monde à se joindre à eux. De plus, il annonce la marche prévue pour le 23 juin entre Beaune et Dijon, soulignant une distance similaire à celle entre « Gaza et Rafah ».