On le sait, les débats politiques peuvent parfois tourner au vinaigre rapidement. C’est, selon toute vraisemblance, ce qui s’est produit entre militants d’extrême gauche le 1er juillet 2024. Ce qui aurait pu être un incident isolé finira pourtant devant le tribunal de police de Dijon le 11 septembre 2024 à 8h30.
« Parisienne repentie, catapultée en Bourgogne sans parachute doré. Apprentie chroniqueuse radio chez Diversité FM et écrivaine », c’est ainsi que Samantha Benarbia se décrit. Politiquement, elle se dit militante au Front Populaire. C’est elle qui a pris l’initiative de déposer plainte contre un autre militant le 3 juillet 2024, pour diffamation.
Le 1er juillet 2024, sur la messagerie cryptée Signal, elle a échangé avec d’autres militants : » Le 1.07.2024, j’ai proposé sur un des groupes que nous soyons plus nombreux pour faire du porte-à-porte avant le 2nd tour des élections… L…. J…… m’a répondu : “On t’attendait hier en manif.” « . Selon Samantha Benarbia, à la lecture de sa plainte que nous avons pu consulter, l’échange étant stérile et menant au conflit, elle aurait pris la décision de quitter avec son amie les deux groupes de discussion.
Dans sa plainte, effectuée le 3 juillet 2024, elle précise : » Dans la soirée, j’ai été contactée par messagerie par deux personnes qui nous prévenaient de la suite de la discussion. Nous y étions clairement nommées et visées, accusées d’être “pro-charia… pro-Hamas… pro-terroristes… sexistes, racistes, homophobes… antisémites…”. Il a été écrit que nous traitons les gens “comme de la merde”, que nous organisons des manifs auxquelles nous ne venons pas… Que nous dénigrons les autres collectifs à Dijon, qui nous accusent également nous-mêmes de diffamer. Toutes ces accusations sont évidemment fausses, et personnellement me choquent beaucoup, notamment dû à mes engagements qui sont contraires à tout cela ».
Elle ajoute dans sa plainte : « Ces propos me portent préjudice dans le sens ou je suis bénévole à l’antenne Diversité FM, et que je suis en passe d’y travaille en tant employée. Et cela, T….. le sais« .
Samantha Benarbia se revendique comme membre du DAA (Dijon Autonomie Antiraciste), qui se présente comme un collectif de lutte contre le colonialisme, l’impérialisme et pour la structuration d’un antiracisme politique à Dijon. Ce collectif est notamment signataire du collectif Pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.
Une plainte mal accueillie dans le milieu militant !
Selon l’avocate Laure Abramowitch, qui représente la plaignante, « La Bande Noire » est un autre collectif libertaire et révolutionnaire, luttant contre toutes formes de discrimination en participant à des manifestations et en utilisant divers outils de propagande. Pour les militants et militantes que nous avons rencontrés, cette plainte permettra au service de police de connaître l’identité d’un des membres de la Bande Noire. Elle est donc bienvenue pour les services de police, car les membres de la Bande Noire agissent généralement dans l’ombre et à visage masqué pour leur propre sécurité, selon eux.
Dans le milieu militant, cette plainte ne passe pas ! « Le DAA a souvent craché sur les flics, à juste titre ! Cracher sur les flics c’est bien, mais aller les voir ensuite pour donner le nom et le prénom d’un militant, c’est moins bien ! Car avec cette plainte, c’est ce qu’elle a fait : elle a divulgué le nom et le prénom d’un militant aux flics. Franchement, tout ça pour une discussion dans un groupe privé qui a mal tourné, ce n’est pas terrible !« . nous confie un militant un peu dépité par la situation.
Aujourd’hui, la plupart des militants que nous avons rencontrés redoutent l’avenir : « Demain, qui peut nous assurer que, dans le cadre d’une discussion tendue entre collectifs, elle ne va pas courir chez les policiers pour porter plainte ? « . Le DAA (Dijon Autonomie Antiraciste) l’a affirmé : « De Nanterre à Jenine, l’armée et la police assassinent ». Aujourd’hui, certains militants s’amusent à dire : « De Dijon à Montbard, une membre du DAA assassine à coups de plaintes ». Bonjour l’ambiance !
Il faut le savoir, Samantha Benarbia anime une émission intitulée ‘Abandon de poste !‘ sur Diversité FM, une station qui se veut à la fois musicale et citoyenne. Cette chroniqueuse radio, jusqu’alors peu connue du grand public, gagne en visibilité grâce à cette plainte. Loin d’être un média segmenté, Diversité FM s’adresse à divers publics : la jeunesse, les consommateurs de culture, les acteurs culturels, les auditeurs spécialisés et les citoyens conscients, curieux et réceptifs. Son audience varie entre 15 et 50 ans et est issue de toutes les catégories socioprofessionnelles, avec un cœur de cible composé de professionnels de l’éducation, de la culture, de l’environnement, de la solidarité et du sport…
En attendant le procès, jugé ridicule par plusieurs militants d’extrême gauche, branchez-vous sur Diversité FM, une radio dont les partenaires financiers incluent le Ministère de la Culture, la Région Bourgogne Franche-Comté, la Caisse des Dépôts, la Banque des Territoires, Dijon Métropole, le Conseil Général de Côte-d’Or, et bien d’autres selon leur site internet… Reste à savoir si tous ces partenaires financiers apprécient le fait qu’une chroniqueuse (bénévole pour le moment) soit membre d’un collectif qui a déroulé une banderole place Darcy à Dijon, avec écrit dessus : « De Nanterre à Jenine, l’armée et la police assassinent« . Mais ça, c’est une autre histoire !