Le 6 mai 2023, alors que la Cité de la Gastronomie et du Vin de Dijon fêtait son premier anniversaire, une centaine de manifestants s’étaient rassemblés bruyamment devant le lieu avec des casseroles. Leur objectif : manifester contre la réforme des retraites portée par le gouvernement d’Emmanuel Macron. Ce rassemblement, organisé par des syndicats comme Solidaires21 et la CGT de Côte-d’Or, s’inscrivait dans une série de mobilisations quasi quotidiennes contre les politiques gouvernementales.
Les forces de l’ordre présentes sur place avaient rapidement empêché les manifestants d’accéder au bâtiment. Des tentatives de contourner le cordon policier avaient mené à plusieurs mouvements de foule. À plusieurs reprises, les forces de l’ordre avaient repoussé les manifestants, et peu avant midi, deux personnes avaient été interpellées. Des grenades lacrymogènes avaient également été utilisées pour disperser ceux qui tentaient de s’interposer.
Un incident particulièrement violent avait marqué cette journée : lors de l’interpellation d’un manifestant, un agent de la SIG (Société de sécurité bien connue à Dijon) avait violemment projeté un manifestant au sol. Suite à cet acte, qualifié de violent et injustifié, la CGT de Côte-d’Or avait déposé plainte contre X le 24 mai 2023. Selon le syndicat, des témoins étaient disponibles, et des vidéos journalistiques accessibles prouvaient les agissements de cet agent de sécurité, qui, ce jour-là, selon plusieurs témoins, s’était pris pour un policier. Un journaliste de Dijon Actualités, comme d’autres journalistes d’ailleurs, avait été témoin de la scène.
Cependant, plus d’un an plus tard, le 23 juin 2024, la CGT de Côte-d’Or apprenait avec stupeur que l’enquête n’avait pas abouti. Selon le procureur de la République, l’auteur des faits n’avait pas pu être identifié. Pourtant, en consultant la procédure pénale par l’intermédiaire de leur avocat, la CGT avait découvert qu’aucune enquête n’avait véritablement été menée. Aucune audition, aucune réquisition, aucun témoin entendu : l’affaire semblait être conservée lettre morte.
La CGT de Côte-d’Or s’interroge légitimement sur l’absence d’efforts de la part du parquet de Dijon pour identifier cet agent de sécurité, dont l’intervention ce jour-là avait clairement dépassé ses prérogatives. « Comment pourrait-on identifier l’auteur des faits sans mener d’enquête ?« , s’indigne le syndicat. Selon eux, s’il y avait eu une réelle volonté d’identifier le responsable, celui-ci aurait été retrouvé rapidement.
D’après nos sources, cet agent de sécurité, bien visible sur la photo ci-dessus (chemise blanche, tatouage sur le bras droit), serait aujourd’hui toujours en activité au sein de la société SIG. Pour rappel, cette société a été créée et est gérée par Bruno Ciarrochi, le garde du corps de François Rebsamen, maire de Dijon.
Cet épisode soulève des questions sur le traitement de la justice face aux violences perpétrées lors des manifestations, notamment lorsqu’elles impliquent des agents privés de sécurité. Le flou entourant l’enquête sur cet incident violent, reflète, pour les syndicats, un manque d’engagement à rendre justice et à protéger le droit à la contestation pacifique.