Certes, notre titre est un peu provocateur, nous en convenons ! Mais il faut dire que la réponse apportée par François Rebsamen au magazine Dijon Capital lors d’une interview est tout à fait intéressant. Cette interview, intitulée : « François Rebsamen intimement vin », nous aura permis de savoir que François Rebsamen adore les Pinots Noirs, bien qu’il ait quelques bouteilles de Côte du Rhône, de Sancerre et quelques Bordeaux dans sa cave personnelle.
Cette interview nous permettra aussi d’apprendre que François Rebsamen souhaite laisser à sa successeure (Nathalie Koenders) une belle cave. Nous parlons de la cave municipale, il va de soi ! « Et côté « bureau » ? Y a-t-il une grotte municipale ? » C’est la question que pose Alexis Cappellaro à François Rebsamen lors de cette interview.
Le maire de Dijon répondra : « Oui, Robert Poujade la tenait du chanoine, qui laissait parait-il quelques flacons vides dans son bureau. J’ai souhaité vendre aux enchères, il y une dizaine d’années, tous les « vieux coucous » au CCAS et de ses œuvres sociales, ce qui rapporter 150 000 euros. Une partie de cet agent a permis de réinvestir, car je veux laisser à ma successeuse une belle cave ».
Jusque-là, l’anecdote prête à sourire. Mais la réponse de François Rebsamen laisse plus d’une personne dubitative. Pourquoi ne pas avoir mis plus de bouteilles aux enchères à l’époque ? Ou pourquoi ne pas organiser une nouvelle vente aux enchères ? Cela pourrait encore générer plus de revenus pour le CCAS !
Préfère-t-on préserver certaines bouteilles, au détriment du CCAS ou d’autres causes, pour agrémenter la future cave municipale de Nathalie Koenders, si celle-ci était élue ? Loin d’être anodine, cette question soulève la problématique de la gestion transparente des biens publics. Et si cette cave municipale devient la vitrine des édiles, qui peut dire où se situe la limite entre la gestion du patrimoine municipal et son utilisation à des fins politiques ? Car disons-le clairement, la cave municipale n’est pas au service de tous les Dijonnais, loin de là. Selon le maire de Dijon, elle est surtout réservée aux grandes occasions ! À titre d’exemple, François Hollande dégustera de belles choses lors de sa venue à Dijon pour inaugurer la Cité de la Gastronomie et du Vin.
Pour rappel, « La tradition consiste pour le maire à offrir à ses visiteurs prestigieux (ambassadeurs, délégations étrangères, ministres) un lot de trois bouteilles quand ils sont reçus à la mairie« , disait François Rebsamen en 2013.
Doit-on rappeler que la gestion d’une ville ne se résume pas à la constitution d’un patrimoine pour les élus ? François Rebsamen, en homme de pouvoir, semble avoir une vision bien particulière de l’héritage qu’il souhaite transmettre. Au-delà de la question viticole, ce qui fait polémique, c’est véritablement l’attitude présumée du maire sortant. En parlant de sa « successeure » avec une telle assurance, François Rebsamen semble oublier un détail : le résultat des élections municipales n’est jamais acquis d’avance.
En souhaitant assurer une cave bien garnie à sa potentielle successeuse, François Rebsamen a peut-être involontairement mis en lumière une conception de la continuité politique à Dijon qui frise l’hérédité, jusque dans la gestion de la cave municipale.
Il est regrettable que la cave municipale ne soit pas ouverte au public lors des Journées du Patrimoine qui ont lieu aujourd’hui, cela aurait été pour les Dijonnais une occasion unique de découvrir ce que certains, et grands de ce monde, dégustent sur le dos des contribuables Dijonnais et Dijonnaises. Qu’importe, Nathalie Koenders sera élue maire de Dijon en 2026, à en croire François Rebsamen. La cave sera belle, tout va bien, roulez jeunesse !