En 2024, le prix Nobel de la Paix a été décerné à l’organisation japonaise Nihon Hidankyo, une nouvelle étape historique pour le désarmement nucléaire mondial. Cette reconnaissance, attribuée sept ans après le Nobel de la Paix à ICAN (Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires) en 2017, met en lumière l’urgence de l’élimination des armes atomiques. Fondée en 1956 par les survivants des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, Nihon Hidankyo continue de témoigner de l’horreur des attaques nucléaires, rappelant que ces armes ne doivent jamais être utilisées à nouveau.
Pour Jørgen Watne Frydnes, président du comité Nobel, « les efforts de Nihon Hidankyo en faveur d’un monde sans armes nucléaires sont plus essentiels que jamais, alors que la menace d’une utilisation de ces armes n’a jamais été aussi élevée depuis la guerre froide« . Les grandes puissances nucléaires, telles que la Russie, les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et la France, sont appelées à prendre leur « responsabilité particulière » dans la non-prolifération et la dénucléarisation.
En France, ce Nobel de la Paix intervient alors que la modernisation des arsenaux nucléaires est en cours. Le 16 octobre 2024, des membres du Collectif Bourgogne-Franche-Comté pour l’Abolition des Armes Nucléaires (CBFC-AAN) ont manifesté près du site du Commissariat à l’énergie atomique de Valduc, qui travaille à la maintenance des 290 armes nucléaires françaises. Ils demandent l’adhésion de la France au Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), ratifié par 94 pays, et le respect du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, signé par la France en 1992.
Des actions de terrain mobilisatrices
Les militants du CBFC-AAN ont également été très actifs lors des commémorations d’Hiroshima et Nagasaki cet été. À Dijon, ils ont détourner un totem symbolisant la flamme olympique en la transformant en une « flamme atomique », une façon de sensibiliser le public au danger des armes nucléaires à travers des symboles éloquents. À Arc-et-Senans, une centaine de personnes se sont réunies autour d’un gingko biloba, arbre symbole de paix, en présence de représentants locaux et de Miku Aoki, vice-consule du Japon.
Le mouvement pour le désarmement s’étend bien au-delà des frontières françaises. En Indonésie, par exemple, l’adhésion au TIAN illustre la volonté de lutter contre la menace nucléaire, même dans un contexte de tensions territoriales avec la Chine. 86 villes françaises, dont Paris, Grenoble, et Lyon-Métropole, ont déjà signé l’appel des villes et collectivités pour inciter le président de la République à rejoindre le TIAN.
La montée en puissance du mouvement anti-atomique
Le combat contre les armes nucléaires trouve un écho croissant au sein de la société civile et des institutions. Le programme « 100 jeunes leaders pour un monde exempt d’armes nucléaires » (YLF) prévoit de former des leaders de demain aux enjeux du désarmement d’ici 2030. Avec le soutien de l’ONU, cette initiative vise à donner une voix puissante à la nouvelle génération sur des questions vitales pour l’avenir de la planète.
En dépit de ces progrès, la France continue de consacrer des sommes colossales à son arsenal nucléaire. En 2025, le budget de la défense prévoit d’allouer plus de 7 milliards d’euros aux armes de destruction massive. Cette contradiction est soulignée par de nombreux experts, dont Jean-Marie Collin, directeur d’ICAN-France, qui appelle à une redéfinition des priorités nationales en faveur de la paix.
Les citoyens peuvent eux aussi jouer un rôle crucial dans cette lutte. En écrivant à leurs maires, à leurs députés, ou encore en questionnant les banques sur leur financement des armes nucléaires, chacun peut participer activement à l’éradication de cette menace mondiale. « Soit nous désarmons, soit nous allons à la catastrophe« , prévient le CBFC-AAN, appelant à l’action collective.
Une Mobilisation Qui ne Faiblit Pas
Des vigies citoyennes sont organisées chaque mois à Dijon et Moloy, près du site de Valduc, afin de maintenir la pression sur les autorités et sensibiliser la population aux conséquences catastrophiques des armes nucléaires. Ces actions non-violentes s’inscrivent dans la continuité des grandes avancées internationales telles que l’interdiction des armes biologiques, chimiques, des mines antipersonnel et des bombes à sous-munitions. La campagne de désarmement nucléaire est un combat de longue haleine, mais avec des récompenses telles que le Nobel de la Paix de 2024, elle montre que la mobilisation porte ses fruits.