Ce jeudi 21 novembre 2024, près de 50 personnes se sont rassemblées devant le Conseil Départemental à Dijon, à l’initiative du syndicat CGT Acodège. Les manifestants ont voulu exprimer leur inquiétude et leur opposition aux nouvelles coupes budgétaires imposées par le Conseil Départemental. Selon le syndicat, ces restrictions menacent non seulement les dispositifs d’accueil et d’accompagnement des usagers, mais également de nombreux emplois dans le secteur social et médico-social.
La situation est particulièrement critique dans le secteur de la protection de l’enfance. Jennifer Prud’homme, déléguée syndicale de la CGT Acodège, a mis en garde contre les conséquences dramatiques de ces coupes pour les usagers et les salariés. Elle explique : « Nous avons reçu des annonces de fin de financement pour des postes éducatifs, financés par le Conseil Départemental, ce qui entraîne la suppression de neuf postes et la fermeture d’un service entier dédié à la protection de l’enfance. »
Le service touché est « Itinérance 21 », qui accompagne des enfants et adolescents en grande difficulté sociale. Ces jeunes rencontrent des problèmes graves qui les rendent vulnérables, notamment face aux risques d’entrée dans des réseaux de prostitution ou aux problématiques familiales lourdes. « C’était un service qui avait fait ses preuves, qui fonctionnait bien, et dont le travail n’a pas été remis en question par les financeurs. On est vraiment face à une coupe budgétaire », souligne Jennifer Prud’homme.
Si ce service ferme, les conséquences seront lourdes pour les enfants concernés. « Ces jeunes seront laissés dans des structures collectives sans prise en charge spécifique, alors qu’ils ont des problématiques complexes, des troubles du comportement qui peuvent entraîner de la violence. Les équipes dans les foyers devront alors faire appel à d’autres moyens qui seront beaucoup plus onéreux », explique-t-elle.
Par ailleurs, la déléguée syndicale s’inquiète de la tendance croissante au recours à des prestataires privés. « On voit se développer de plus en plus de prises en charge en libéral. Le coût est alors le double, voire le triple de celui d’un jeune dans une structure associative. Nous ne comprenons pas la logique financière du Conseil Départemental qui ferme ce service pour, ensuite, payer plus cher », dénonce-t-elle.
Les manifestants ont demandé à être reçus en délégation, mais aucune personne compétente n’était présente pour les recevoir. « Nous avons sollicité un rendez-vous avec Emmanuelle Coint, Première vice-présidente du Département chargée des solidarités, mais notre demande est restée sans réponse », indique Jennifer Prud’homme. Face à l’absence de dialogue, les manifestants ont choisi de rester sur place, sous la neige et dans le froid, jusqu’à obtenir une audience.
Finalement, une délégation a été reçue, non par Emmanuelle Coint, mais par Jacques Engel. Mais à la sortie de l’entretien, la déception était palpable. « Tout au long de l’échange, il a renvoyé la responsabilité à l’État. Nous l’avons interpellé sur le coût supplémentaire que représentent les solutions privées, mais il a préféré éviter le sujet », rapporte Jennifer Prud’homme.
En plus des coupes budgétaires impactant « Itinérance 21 », la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités de la Côte-d’Or (DEETS) cesse également de financer trois autres postes selon Jennifer Prud’homme. Deux de ces postes étaient consacrés à l’accompagnement des personnes réfugiées, et un autre concernait le soutien aux personnes ayant besoin d’un accompagnement social par le travail. « Ces personnes auront moins de soutien, et les salariés concernés seront redéployés, perdant la spécialisation qu’ils avaient acquise. Jusqu’à quand les associations pourront-elles pallier ces découpes budgétaires ? » s’interroge Jennifer Prud’homme.
Malgré de multiples sollicitations, le Conseil départemental n’a pas souhaité répondre à nos questions. En attendant, les salariés et les usagers du secteur social redoutent un avenir fait d’incertitudes et de difficultés s’accumule.
F. Bauduin