Ce samedi 30 novembre, les Amis de la Terre se mobilisent à Dijon, rue de la Liberté, de 11h à 12h devant le magasin H&M, accompagnés de plusieurs autres associations. Leur but ? Informer les passants des ravages causés par la Fast Fashion, notamment en cette période du Black Friday, symbole de la surconsommation.
La Fast Fashion : un modèle destructeur
La Fast Fashion, ce sont 150 milliards de vêtements produits chaque année, représentant jusqu’à 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Ce modèle est basé sur une production frénétique à moindre coûts, et piétine les droits humains et environnementaux. En effet, les travailleurs de l’industrie textile – près de 80 % d’entre eux étant des femmes – sont souvent sous-payés et surexploités dans des conditions de travail déplorables, avec des salaires aussi bas que 0,32 dollars de l’heure au Bangladesh ou 0,55 dollars au Pakistan.
Sur le plan écologique, la mode est l’une des industries les plus polluantes au monde. Le textile est le troisième secteur consommateur d’eau, et chaque lavage de vêtements en fibres synthétiques – provenant à 70 % de pétrole – relâche des microfibres plastiques dans l’environnement. Ce sont ainsi 240 000 tonnes de microparticules plastiques qui finissent chaque année dans nos océans, l’équivalent de 24 milliards de bouteilles de plastique. La teinture et le traitement des textiles seraient à l’origine de 20 % de la pollution des eaux dans le monde.
Une surproduction intenable
Selon l’ADEME, les émissions de l’industrie textile – incluant vêtements et chaussures – représentent à elles seules 4 milliards de tonnes de CO₂ chaque année, soit plus que l’impact des vols internationaux et du trafic maritime réunis. En poursuivant les tendances actuelles, le secteur pourrait émettre jusqu’à 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre d’ici 2050.
En Europe, près de 4 millions de tonnes de textiles sont jetés chaque année, dont 80 % finissent enfouis ou incinérés, tandis que seulement 10 à 12 % sont recyclés ou réutilisés. En France, en 2022, 3,3 milliards de vêtements ont été vendus, soit 48 pièces par habitant et par an. Pourtant, pour limiter le réchauffement à +1,5°C, ce chiffre devrait descendre à 5 vêtements neufs par personne chaque année.
Mais au lieu de réduire les volumes de production, les grandes enseignes comme Zara, H&M, ou Primark ont multiplié leurs collections. Plus grave encore, les acteurs de l’ultra fast-fashion tels que Shein lancent jusqu’à 7 200 nouveaux modèles par jour. Cette fuite en avant a un impact énorme sur le système de recyclage qui se retrouve saturé, car ces vêtements à bas coûts sont souvent ni recyclables ni incinérables.
Repenser la mode : les revendications des Amis de la Terre
Face à cette situation, les Amis de la Terre lancent un appel aux consommateurs et aux pouvoirs publics pour adopter un modèle de consommation plus responsable, et demandent :
- Limiter la production de vêtements : Créer une loi pour plafonner les volumes de production et empêcher la surabondance de nouveaux vêtements.
- Des salaires décents : Instaurer des salaires minimums pour les travailleurs de l’industrie textile, spécialement dans les pays les plus touchés par les bas salaires.
- Réguler la publicité : Limiter la publicité pour le textile et obliger les marques à mentionner l’impact environnemental de leurs produits.
- Des standards climatiques et énergétiques : Imposer des standards énergétiques à l’industrie textile, en se concentrant sur le mix électrique utilisé et l’efficacité énergétique.
- Encourager la relocalisation : Soutenir la relocalisation de la production textile en France et limiter les importations issues de pays où les normes sociales et environnementales sont faibles.
- Le juste prix : Ajuster les prix des vêtements en fonction de leur impact environnemental, via une éco-contribution et une TVA modulée.
Les Amis de la Terre nous rappellent l’importance de repenser notre manière de consommer. Plutôt que de céder aux sirènes du Black Friday et de la Fast Fashion, il est temps de privilégier la qualité sur la quantité, d’opter pour la seconde main, et de faire pression pour que l’industrie textile change ses pratiques. Ensemble, faisons en sorte que la mode devienne une tendance durable et respectueuse des droits humains et de notre planète.