Le 5 décembre prochain, les agents de France Travail seront en grève à l’appel d’une intersyndicale regroupant notamment la FSU, la CGT et la CFDT. En cause : une série de mesures prévues par le Projet de Loi de Finances 2025 qui menacent la qualité du service public de l’emploi. La baisse des effectifs et du budget, alors même que de nouvelles missions vont être confiées à France Travail, est perçue comme une double peine par les organisations syndicales.
500 postes en moins : Une double peine pour le service public
Le Projet de Loi de Finances 2025 prévoit la suppression de 500 postes à France Travail, ainsi qu’une réduction du budget de fonctionnement. Alors que le gouvernement prétend justifier ces coupes par la baisse du chômage, les réalités de terrain et les perspectives économiques ne semblent pourtant pas corroborer cette approche optimiste. À ce jour, près de 6 millions de personnes sont inscrites dans les fichiers de France Travail, dont 227 000 en Bourgogne-Franche-Comté (BFC), avec une augmentation de 4 000 sur un an.
De plus, les prévisions économiques ne sont guère favorables. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), 150 000 emplois pourraient être supprimés en 2025, ce qui ferait grimper le taux de chômage de 7,4 % à 8 %. Plusieurs entreprises de la région sont également menacées, telles que Jtekt à Chevigny St Sauveur (800 salariés), Valti à Montbard (130 salariés) ou encore MS-Innov Belfort, où 11 postes ont déjà été supprimés.
Une loi « Plein emploi » qui accroît la pression sur les conseillers
À partir du 1er janvier 2025, la loi dite « Plein emploi » entrera en vigueur, imposant de nouvelles missions à France Travail. En particulier, plus d’un million de personnes devront être inscrites, dont les allocataires du RSA non inscrits, leurs conjoints, les jeunes suivis par les Missions Locales et les personnes en situation de handicap suivies par Cap emploi. Parallèlement, l’ouverture des services à des opérateurs privés de placement pour la prise en charge initiale des demandeurs d’emploi révèle une orientation vers une privatisation des missions du service public de l’emploi, avec 400 millions d’euros prévus à cet effet.
Les organisations syndicales dénoncent unanimement cette tendance à sous-traiter les missions de France Travail, alors que les conseillers actuels manquent déjà de moyens. Les portefeuilles des conseillers placement sont surchargés, les agents en charge de l’indemnisation sont débordés, et les conseillers entreprises sont sous pression. De 2057 en octobre 2021, les effectifs en BFC sont passés à 1972 en octobre 2024, et la nouvelle réduction annoncée dégraderait encore davantage la qualité des services rendus aux usagers et les conditions de travail des agents.
Faire plus avec moins : un appel à la grève pour défendre le service public
Pour les syndicats, il est intolérable de continuer à exiger des agents de « faire plus avec moins ». La stratégie de réduction des coûts au nom d’une prétendue efficience se fait, selon eux, au détriment de la qualité du service public. Ils appellent donc les agents de France Travail à se mobiliser massivement ce jeudi 5 décembre pour dénoncer ces mesures et défendre leurs missions. Ce mouvement est un appel à la solidarité entre agents, mais aussi un message adressé aux usagers : derrière chaque conseiller manquant, c’est la qualité du service qui diminue.
En période d’incertitude économique, la présence et l’accompagnement des services publics sont essentiels. Ce jeudi 5 décembre, la mobilisation a pour but de rappeler que l’emploi et la dignité des personnes qui en ont besoin ne peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’austérité budgétaire.