Les taxis dijonnais, jusqu’ici restés discrets, ont choisi de se faire entendre. Ce lundi 9 décembre 2024, à partir de 10 heures, ils manifesteront dans les rues de Dijon pour exprimer leur colère face aux projets de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) qui prévoient de revoir à la baisse les tarifs des transports médicaux pris en charge par les taxis.
La prise en charge des trajets des malades représente actuellement une facture de 6,8 milliards d’euros pour la Sécurité sociale. Le gouvernement de l’actuel Premier ministre, Pierre Barnier, qui s’attèle à réduire le déficit public, envisage de réaliser des économies en diminuant les tarifs conventionnés de ces transports. L’objectif : économiser 300 millions d’euros entre 2025 et 2027, dont 150 millions réalisés sur les seuls taxis.
Pour les chauffeurs, la proposition de la CNAM est tout simplement inacceptable. « Ce que propose Thomas Fatôme, c’est qu’on roule à -60 % de nos tarifs préfectoraux, et c’est scandaleux », déclare Christophe Van Lierde, premier vice-président de la Fédération nationale des artisans du taxi. La mobilité des malades assis constitue une part essentielle du chiffre d’affaires des taxis, en particulier dans les zones rurales où cette activité représente jusqu’à 90 % de leur activité.
L’inquiétude des associations de patients
Le transport sanitaire par taxi, mis en place en 2008, est aujourd’hui le dispositif le plus coûteux parmi les différents types de transports médicaux, devancé par les ambulances et les véhicules sanitaires légers. Le gouvernement souhaite également généraliser le transport partagé pour réduire les coûts, ce qui inquiète fortement les associations de patients.
Désormais, un patient ne pourra plus refuser le partage d’un moyen de transport sanitaire avec une autre personne, sauf si son état de santé est incompatible. En cas de refus injustifié, les frais devront être avancés et ne seront remboursés qu’après coup, avec une minoration des montants pris en charge. Cette évolution suscite des préoccupations pour les patients les plus vulnérables, notamment en zone rurale où les solutions de transport sont limitées.
Plusieurs associations, regroupées sous l’égide du collectif Action Patients, avaient exprimé leurs craintes en mai dernier dans une lettre adressée à l’ancien ministre de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux. Elles souhaitaient que le médecin prescripteur puisse déterminer lui-même si un transport partagé est compatible avec la situation du patient, en tenant compte de facteurs tels que la fatigue ou l’âge. Ces associations demandent également que la distance pour aller chercher un autre patient soit limitée non pas en kilomètres mais en durée de trajet.
Mobilisation dijonnaise : rendez-vous au Lac Kir
Depuis le début du mois de décembre, les mobilisations se multiplient partout en France, et Dijon n’est pas en reste. Ce lundi, les taxis dijonnais ont fixé leur point de rendez-vous au parking du Lac Kir. Bien que le parcours de la manifestation ne soit pas encore dévoilé, il est probable que la circulation sera fortement perturbée lundi matin dans certaines rues de la capitale bourguignonne.
Les taxis espèrent ainsi faire entendre leur voix et obtenir une révision du projet de convention qui pourrait, selon eux, étrangler financièrement leur profession et menacer la survie de nombreuses entreprises. Une lutte qui s’annonce difficile, alors que le gouvernement semble déterminé à faire des économies sur l’ensemble des dépenses publiques. Pour les taxis, l’enjeu est vital : il s’agit de conserver un pan important de leur activité, mais aussi de garantir un transport de qualité pour les malades qui dépendent de ce service essentiel.