Jeune homme blessé par balle à Talant : acte 2 – gardes à vue, perquisitions et jugement !
L’affaire avait fait énormément de bruit en décembre 2021. Ce mercredi 11 décembre, le tribunal correctionnel de Dijon a reconnu Saïd Baaij, 26 ans, coupable d’avoir tiré sur un jeune homme de 18 ans à Talant, le 22 décembre 2021. Dijon Actualités vous propose un retour en arrière pour comprendre les faits de cette affaire qui avait, à l’époque, suscité une vive émotion. Des auditions aux investigations téléphoniques, en passant par les gardes à vue, revivez le déroulement de cette affaire qui a abouti à un jugement.
Aujourd’hui, nous vous présenterons les faits tels qu’ils ont été rapportés par les deux victimes lors de leur audition, A.P et VL. Nous aborderons également les résultats de l’enquête de voisinage, l’exploitation des vidéos de surveillance, les investigations menées sur les véhicules par les services de police, ainsi que les analyses des données téléphoniques.
Demain, dès 7h00, un nouvel article (acte 2) dévoilera les déclarations des protagonistes lors de leur garde à vue. Vous constaterez que les tensions ont explosé entre eux. Accusations et révélations inattendues ont mis à nu les relations entre les différents acteurs de cette affaire.
Exposé des faits
Tout commence le 22 décembre 2021 entre 23 heures 05 et 23 heures 11, plusieurs personnes signalaient aux policiers avoir entendu des coups de feu à Talant, dans le quartier de la Fontaine d’Ouche, tandis que VL appelait les pompiers à qui il indiquait avoir été victime d’un tir dans la jambe, saigner abondamment, se cacher dans une haie sur le parking du Carrefour City de Talant, et ne pas savoir où se trouvait son ami A.P, vraisemblablement blessé également, après qu’ils avaient été attaqués par plusieurs personnes. A l’arrivée des services de police, V.L saignait abondamment, souffrait et était pris de tremblements tandis qu’A.P, qui s’était réfugié à son domicile, présentait un gonflement de l’oeil gauche et une douleur à l’oreille droite.
Les constatations sur les lieux permettaient d’observer que le véhicule PEUGEOT 208 noir immatriculé FL-454-MJ à bord duquel se trouvaient les deux victimes V.L et A.P était stationné avec les roues braquées vers la droite, laissant présumer un stationnement rapide ou en urgence. Cinq étuis étaient découverts sur le parking de l’allée Félix Poussineau, dans un rayon de trois mètres environ. L’expertise balistique concluait que les cinq étuis cylindriques à gorge à métal laiton nickelé de marque G.F.L. et de calibre 9 mm Luger ou 9mm Parabellum, du fabricant italien Fiocchi, étaient des munitions classées en catégorie B. Les empreintes balistiques impliquaient qu’ils provenaient et avaient été percutés dans une seule et même arme pouvant correspondre à un « Walther modèle P38 ». Les recherches d’antériorité s’avéraient vaines et la quantité d’ADN présente sur les étuis était insuffisante pour une identification.
Les victimes
A.P expliquait, lors de son audition, se promener dans le quartier de la Fontaine d’Ouche au volant de son véhicule Peugeot 208, avec son ami V.L. A l’intersection de l’avenue du Lac et de la rue des Champs Perdrix, V.L filmait via Snapchat une dizaine d’individus présents dans un hall d’immeuble. Immédiatement après, un véhicule citadin type 207 ou Clio, de couleur gris clair ou blanc, s’était stationné à côté de leur véhicule au feu rouge, à contresens. Le conducteur dudit véhicule, qui lui semblait être seul à bord, avait baissé sa vitre pour leur dire quelque chose.
Il remarquait que ce véhicule les suivait donc il accélérait et franchissait un feu rouge parce qu’il voulait rentrer au plus vite chez lui. Il stationnait son véhicule sur le parking situé au fond de l’allée Félix Poussineau à Talant puis en sortait avec V.L. Dans le même temps, deux véhicules se positionnaient derrière le leur, un véhicule SUV de couleur blanche et une petite citadine de couleur grise, dont descendaient entre quatre et six individus. Ils prenaient alors la fuite avec V.L, en direction du boulevard du Maréchal Leclerc.
Il perdait V.L de vue, entendait quatre coups de feu, sentait quelque chose toucher l’arrière de son crâne sans le blesser, et était rapidement rattrapé par plusieurs individus qui le frappaient de plusieurs coups de pied au niveau du visage, l’un d’eux déclarant même « achève-le ». L’un des individus lui demandait de le suivre en courant sinon il allait lui tirer dessus. Il le suppliait d’arrêter en lui disant qu’il n’avait rien fait puis il entendait le cri de sa mère qui faisait fuir les auteurs lui permettant de regagner son domicile.
Sur la planche photographique qui lui était présentée, A.P identifiait le conducteur du véhicule Peugeot comme étant M’RAD F, Abdallah BOUKACEM et la personne l’ayant menacé après qu’il avait été violenté comme étant M’RAD F, Abdallah BOUKACEM ou Megueni BOUKACEM. Il ajoutait que ces trois individus se ressemblaient et qu’il n’était pas en mesure d’indiquer s’il s’agissait de l’un d’entre eux ou des trois.
La mère d’ A.P remettait un certificat médical du service des urgences de l’hôpital privé de Dijon Bourgogne, qui mentionnait la présence d’un oedème diffus modéré de l’avant-bras droit, une dermabrasion frontale gauche, un hématome de bord droit de l’aile du nez, un hématome rétro-auriculaire droit. Une Incapacité totale de travail (ITT) de 5 jours sous réserve de complications ultérieures était fixée.
Le médecin légiste constatait sur A.P des lésions traumatiques récentes sur le visage, le cou et les membres supérieurs, compatibles avec des chocs et/ou coups reçus notamment une plage de dermabrasions sur la région frontale gauche, comprenant un aspect de stries verticales dans sa portion supérieure et un aspect en nid d’abeille dans sa portion supérieure, pouvant correspondre à l’empreinte d’une semelle de chaussure apparue lors d’un coup de pied avec frottement sur le visage, des ecchymoses sur l’extrémité céphalique, sur le bras droit et l’épaule gauche, une sensibilité à la palpation de la mandibule gauche, et une douleur du muscle masséter droit à l’ouverture buccale. Il observait également une plage d’excoriations rouges sur la fosse lombaire droite, compatible avec un frottement contre une surface dure et rugueuse telle que le bitume lors d’une chute au sol, et une limitation à la pronation du bras droit, en lien avec la douleur provoquée par les coups et/ou chocs reçus. Il confirmait l’Incapacité totale de travail de 5 jours.
V.L confirmait qu’il se promenait avec son ami A.P dans le véhicule Peugeot 208 immatriculé ..-…-.. de ce dernier. Ils roulaient doucement, il avait alors filmé le bâtiment en démolition face au magasin O’Market. A côté du magasin O’Market, au niveau d’une vitrine brisée, se trouvaient une quinzaine de personnes vêtues de noir portant des capuches, ils étaient appuyés sur les murs et semblaient discuter entre eux. Un véhicule Peugeot ou Renault de couleur gris clair était stationné devant le magasin, à l’intérieur de celui-ci se trouvait un homme de type maghrébin porteur d’une longue barbe épaisse âgé d’environ 25 ans au visage fin. Ce véhicule était arrivé rapidement derrière eux, avant de stationner sur leur gauche à contresens. Ils avaient pris peur et A.P avait accéléré mais le véhicule avait continué à les suivre. Une fois arrivés sur le parking, ils étaient sortis de leur véhicule Peugeot 208 et avaient immédiatement vu arriver deux véhicules, un SUV blanc à bord duquel se trouvaient plusieurs personnes, ainsi que le véhicule gris qui les avait suivis. Paniqué il courait, il entendait deux ou trois coui3s de feu et sentait une piqûre dans la jambe, il continuait de courir pour se cacher et constatait que sa jambe saignait abondamment et appelait la police. Il n’avait pas vu le tireur et n’avait eu aucun contact direct avec ses agresseurs. Il avait vu que son ami A.P se faisait rattraper par le conducteur du véhicule gris.
Sur la planche photographique qui lui était présentée, V.L reconnaissait Megueni BOUKACEM comme ressemblant le plus au conducteur du véhicule Peugeot qui les suivait (D80, D86). Le Docteur M.L, médecin légiste, constatait sur V.L un traumatisme balistique de la jambe droite associant un orifice d’entrée et un orifice de sortie, non identifiés, au niveau de la partie proximale de la jambe droite, un trajet balistique au sein de la’ portion proximale du tibia, associé à un refend fracturaire articulaire au niveau du plateau tibial latéral, sans fragments osseux intra-articulaire et un état de stress adapté. Docteur M.L fixait 52 jours d’incapacité totale de travail.
Enquête de voisinage
Dans cette affaire, une enquête de voisinage a été menée par les services de police. Nous vous proposons ici un aperçu du contenu de cette enquête, sans révéler les noms et prénoms des personnes interrogées, par mesure de sécurité.
M.F.T, mère d’A.P, déclarait avoir entendu quatre détonations alors qu’elle dormait sur son canapé. Elle se rendait à la fenêtre et criait « Ales ». Elle constatait la présence d’un véhicule SUV de couleur blanche dont les portes étaient ouvertes, de quatre ou cinq personnes, et de son fils qui courait en direction de l’immeuble. Elle n’était pas en mesure d’identifier les auteurs des faits. R.G, conjoint de M.T.F et beau-père d’A.P, confirmait avoir entendu quatre à six détonations. Il avait aperçu deux véhicules dont les portes étaient ouvertes, un SUV de couleur blanche et un véhicule Peugeot 206/207 ou Clio de couleur claire, par exemple gris clair. Il distinguait au moins deux silhouettes à proximité de ces véhicules, et trois autres individus plus loin.
M et M.B déclaraient avoir entendu trois détonations provenant de tirs d’arme feu vers 23h10, et avoir vu deux individus prendre la fuite en courant en direction de la rue de la Libération à TALANT et en criant «au secours », poursuivis par 5 à 6 personnes devant la salle Edmond Michelet Allée des Poussineau. Ensuite un véhicule gris type Clio ou 205 provenant d’un parking Allée des Poussineau avait pris la fuite en direction de la rue de la Libération à Talant puis un véhicule blanc plus imposant type BMW prenait la fuite en direction de la rue du Réservoir.
D.B avait entendu vers 23h15 trois ou quatre coups de feu, il avait entendu deux personnes parler dont l’un suppliait l’autre. L’autre homme qui tenait une arme à la main lui demandait « c’est toi qui a filmé ? » et l’autre lui répondait que ce n’était pas lui, qu’il n’avait rien fait. Il avait ensuite vu un homme vêtu d’un haut blanc courir puis monter dans le véhicule gris type Peugeot 207 ou 307 qui prenait la fuite en direction de la rue du Réservoir à Talant.
L.F et E.R déclaraient qu’elle avait entendu trois ou quatre détonations, et vu sur le parking deux individus au visage dissimulé de part et d’autre d’un véhicule blanc. Elle avait alors pris peur et fermé la fenêtre.
A.E.F avait entendu trois coups de feu, s’était rendu sur le balcon et avait alors entendu une voix masculine dire « revenez, revenez, je n’ai rien fait ». Au même instant quatre personnes repartaient et montaient à bord de deux véhicules, une petite voiture de couleur grise et un véhicule plus conséquent de couleur blanche type Range Rover. Sa sœur était avec lui et avait pris le temps de filmer. Une demi-heure plus tard, un véhicule qui ressemblait fortement au 4×4 blanc était arrivé à grande vitesse par la rue du carrefour city et avait fait demi-tour à la vue de la police.
A.S expliquait que son frère E.F.A l’avait appelée sur le balcon en lui indiquant qu’il y avait des coups de feu et que des personnes se tiraient dessus. Elle avait vu au moins six hommes qui couraient, ils arrivaient de la rue du Maréchal Leclerc et se rendaient au fond du parking. Elle avait remarqué l’un des auteurs de sexe masculin, mesurant 1m86, de forte corpulence, porteur d’un short blanc alors que tous les autres étaient vêtus de noir. Elle avait entendu distinctement la victime crier « A l’aide, j’ai rien fait, aidez-moi », et aussi « Revenez, revenez ». Elle l’avait vu se faire tirer par le col de sa veste par un seul individu. Les auteurs s’étaient dirigés vers un véhicule blanc et un véhicule gris en déclarant aux deux conducteurs qui étaient restés dans les véhicules «on taille, on taille».
C.M.R avait vu des véhicules arriver rapidement sur le parking vers 23h30. Le premier véhicule Peugeot 208 noir appartenait à son voisin qui stationnait sa voiture très rapidement avant de partir en courant. Derrière lui, deux autres voitures qui ressemblaient à un véhicule SUV ou 4X4 type Nissan Qashqai, de couleur blanche, et un véhicule Renault Clio de couleur grise. Plusieurs individus sortaient de ces deux véhicules et poursuivaient en courant le premier jeune puis elle entendait trois détonations. Elle voyait le jeune homme recevoir des coups de poings et des coups de pieds de tous les autres, il finissait même par tomber au sol où il recevait de nouveaux coups. L’un des jeunes s’adressait à lui en disant « Bouges, on va te tirer dessus ». La victime criait « Laissez-moi, j’ai rien à voir dans l’histoire » et « A l’aide ». Il parvenait à se relever et tentait de regagner son domicile mais il était par un des auteurs qui lui donnait un coup de poing derrière la tête. Les auteurs étaient cagoulés et vêtus de noir.
Exploitation des vidéos
La vidéosurveillance peut parfois être un élément précieux dans le cadre de ce type d’affaire. Elle a permis, dans cette affaire, de retracer le parcours des accusés.
L’exploitation des caméras de vidéoprotection de la ville de Dijon permettait d’établir la présence d’un véhicule de type Peugeot 207, de couleur grise, dont la plaque n’était pas lisible présentant une pièce de carrosserie de couleur noire ou une absence de pièce de carrosserie au niveau du bouclier avant gauche (haut de la roue). Ce véhicule allumait ses feux à 23h06, lors du passage du véhicule Peugeot 208 des victimes à hauteur du 31-33-35 avenue du lac, puis effectuait un demi-tour pour venir à hauteur du véhicule Peugeot 208 des victimes et le suivre à très vive allure.
A 23h07, le véhicule SUV blanc de type Nissan Juke, stationné devant le 31-33 avenue du Lac quittait rapidement son emplacement de stationnement et se dirigeait vers le véhicule de la victime et le véhicule gris, qu’il suivait à vive allure, roulant en convoi.
A 23h14, au retour du véhicule Peugeot 207, un seul individu descendait du véhicule côté conducteur.
Enfin à 23h20, le véhicule Peugeot 207 stationnait 120 avenue Jean-Jaurès à Dijon, soit à proximité immédiate du domicile d’Abdallah et Megueni BOUKACEM situé……………………… La pixellisation de l’image et le manque de luminosité ne permettaient pas d’identifier des individus.
L’exploitation de la vidéo enregistrée par C.R.M sur son téléphone montrait un premier individu qui partait en courant, poursuivi par deux autres qui s’arrêtaient à la sortie du parking, et un autre individu tentant de fuir mais rattrapé par quatre autres personnes puis roué de coups. Il se relevait finalement, puis partait dans la même direction que ses agresseurs. Les agresseurs qui semblaient être six, se dirigeaient ensuite vers un véhicule phares allumés. La vidéo retrouvée sur le téléphone de E.L était strictement la même que celle enregistrée sur le téléphone de C.M.R.
L’exploitation de la vidéo enregistrée par Y.S montrait un petit véhicule SUV de couleur blanche quitter les lieux en marche arrière, sans que l’immatriculation dudit véhicule ne soit lisible.
Investigations sur les véhicules
Dans la journée du 23 décembre 2021, les effectifs de sécurité publique de terrain indiquaient qu’un véhicule NISSAN JUKE immatriculé ..-…-.. de couleur blanche avait été remarqué à plusieurs reprises dans le quartier de la Fontaine d’Ouche. Ce véhicule NISSAN JUKE était conduit habituellement par Abdallah BOUKACEM, lequel était régulièrement aperçu en compagnie de son frère Megueni BOUKACEM.
Le véhicule NISSAN JUKE immatriculé ..-…-.. avait été loué auprès de la société Europcar, du 9 décembre 2021 au 3 janvier 2022 par L.F, laquelle avait utilisé sa carte bancaire pour régler le montant de la location et de la franchise puisque tout le côté droit du véhicule était accidenté. Les employées de la société Europcar précisaient que L.F était accompagnée, lors de la location, par un homme qui semblait être son compagnon et le décisionnaire et qu’elles identifiaient formellement sur planche photographique comme étant Saki BAAIJ, et par un second homme qui restait en retrait et qu’elles n’identifiaient pas formellement.
Le véhicule NISSAN JUKE immatriculé ..-…-.. n’ayant pas été utilisé après sa restitution à Europcar, des prélèvements aux fins d’analyses papillaires et génétiques étaient réalisés. Trois traces papillaires et le profil ADN d’Abdallah BOUKACEM étaient retrouvés sur le cric de levage tandis que le profil ADN d’HRAIBA Ayoub était retrouvé sur l’appui tête passager avant.
S.O, dont le profil ADN était retrouvé dans le véhicule Nissan Juke, expliquait avoir été véhiculée par son petit ami A.B, avec qui elle avait rompu mi-décembre, elle avait supprimé son téléphone de son répertoire depuis leur séparation.
L’exploitation des donnés de trafic et de localisation du numéro MSISDN ……………………….. associé au numéro IM El ……………….. du véhicule NISSAN Juke immatriculé ..-…-.. révélait qu’il activait la cellule située avenue du Lac à Dijon le 22 décembre 2021 à 23h07, puis se déplaçait à Dijon à 23h08 et n’activait plus aucun relais jusqu’au 23 décembre 2021 à 07h50. Par, défaut, le véhicule déclenchait un relais téléphonique au démarrage du véhicule à la condition que le système de navigation soit allumé. Ensuite, le boîtier du véhicule déclenchait chaque antenne relais sur un trajet lorsqu’une destination avait été entrée dans la navigation.
L.F reconnaissait spontanément avoir loué le véhicule NISSAN JUKE en décembre 2021, pour le compte d’A.B, qu’elle identifiait formellement sur planche photographique, et elle confirmait la présence à ses côtés de son ancien compagnon BAAIJ Saki au moment de la prise en charge du véhicule.
Elle ajoutait avoir effectué une première location d’un véhicule Fiat Tipo pour le compte d’A.B du 9 novembre au 9 décembre 2021. Elle avait accepté d’effectuer ces locations pour rendre service à un ami, et avait été remboursée en espèces par A.B des frais de location et de franchise. Elle ignorait quelle serait l’utilisation du véhicule Nissan Juke et n’était pas présente à bord du véhicule lors de l’accident.
Le véhicule Peugeot 207 immatriculé BV-550-QP appartenait à F.A mais avait également été verbalisé et immobilisé le 18 octobre 2021 pour maintien en circulation d’un véhicule sans certificat d’immatriculation au nom du nouveau propriétaire, le nouveau propriétaire tel qu’il apparaissait sur le certificat d’immatriculation étant Megueni BOUKACEM depuis le 1er juin 2021. L’aile avant gauche de ce véhicule était de couleur noire.
Le véhicule Peugeot 207 immatriculé ..-…-.. était assuré par S.G qui avait souscrit et réglé l’assurance à la demande de Megueni BOUKACEM en novembre/décembre 2021 pour leur rendre service parce qu’elle les appréciait. Elle n’avait utilisé ce véhicule qu’à une reprise, le reste du temps Megueni et Abdallah BOUKACEM l’utilisaient. Elle leur avait également prêté son véhicule Renault Clio immatriculé ..-…-..
Les effectifs de sécurité publique de terrain indiquaient que BOUKACEM Abdallah avait été aperçu régulièrement, ainsi que son frère aîné BOUKACEM Megueni au volant du véhicule de marque PEUGEOT immatriculé ..-…-… Les enquêteurs relevaient en outre que BOUKACEM Abdallah et BOUKACEM Megueni présentaient tous les deux un visage compatible avec la description faire par Mr L. Des clichés de ces derniers étaient annexes au procès-verbal.
Abdallah BOUKACEM avait été interpellé le 6 juin 2021 à Dijon au volant du Véhicule Peugeot 207 immatriculé ..-…-..
Le conducteur véhicule Peugeot 207 immatriculé ..-…-.. était l’auteur de deux refus d’obtempérer le 28 février 2022 à 10h dans le quartier de la Fontaine d’Ouche puis à 10h10 au centre-ville de Dijon.
La forme du véhicule Peugeot visible sur les différentes vidéos révélait que le capot du véhicule avait deux arêtes dans le sens de la longueur ce qui pouvait correspondre à deux modèles, soit un véhicule Peugeot 207 phase 11.41 HDI produit entre juin 2006 et juin 2013, soit un véhicule Peugeot 208 phase 1 produit entre mars 2012 et mai 2015.
Le véhicule Peugeot 207 immatriculé ..-…-.. était localisé le 2 mars 2022 sur un parking du lac Kir à Dijon. La perquisition au sein du véhicule amenait à la découverte d’un contrôle technique en date du 26 octobre 2021 au nom de Megueni BOUKACEM, dont la facture avait été réglée en espèces sans que l’identité n’ait été vérifiée, d’un ticket de stationnement du 29 janvier 2022 réglé par Abdallah BOUKACEM, d’un avis d’amende forfaitaire délictuelle au nom de BEGOUG Siham pour défaut d’assurance en date du 07 octobre 2021, d’une fiche d’immobilisation pour défaut de contrôle technique et non transfert de carte grise en date du 18 octobre 2021. Les traces papillaires relevées sur le véhicule n’étaient pas exploitables ou ne permettaient pas d’identifier quiconque.
Les numéros IMEI …………………. et IMSI …………………….. du véhicule Volkswagen Golf immatriculé ..-…-.. loué par BAAIJ Saki Pour le compte du commerce O’Market activaient des cellules implantées à Dijon, principalement dans le quartier de la Fontaine d’Ouche, et Marsannay-la-Côte entre le 26 octobre 2021 et le 27 février 2022, sauf les 3 et 27 février 2022 où les relais activés étaient situés à Pontarlier. Aucune communication n’était constatée le jour des faits, seule une communication data apparaissait le 23 décembre 2021 à 07h59 activant une cellule située à Marsannay-la-Côte. Enfin, le 26 octobre 2021, à 19h06 un appel d’urgence était constaté pendant une durée d’une heure vers l’assistance Volkswagen.
Investigations téléphoniques
L’exploitation des donnés de trafic et de localisation des lignes téléphoniques utilisées par V.L et A.P permettait de confirmer leur emploi du temps et leurs déplacements durant la soirée du 22 décembre 2021.
Dans une enquête préliminaire distincte du chef de vol avec arme en bande organisée, la ligne téléphonique XX.XX.XX.XX.XX utilisée par H.A faisait l’objet d’une interception autorisée par le juge des libertés et de la détention le 17 novembre 2021, autorisation renouvelée le 14 décembre 2021. Deux communications interceptées dans ce cadre étaient intéressantes :
- Le 23 décembre 2021 à 00h48, soit un peu plus d’une heure après les faits, A.H contactait Y.B (XX.XX.XX.XX.XX), lui demandait où il se trouvait, et Y.B lui répondait « on a fait des baises nous », «des gars en voiture» et riait en disant « comment il/es a lavés, ce fils de pute de ma mère [rires] des coups d’extinct »
- Le 28 décembre 2021 à 16h26, A.B évoquait « les gars de TALANT )> avec son interlocuteur T.I, ce dernier souhaitant savoir qui avait tiré. A.B lui répondait « yra qui qui a deux armes au quartier ? » puis lui confirmait que c’était des grands du quartier. Il lui indiquait qu’une voiture était passée à plusieurs reprises et qu’ils avaient filmé en direction de la «cage ». Le prénommé Fathy s’était étonné qu’ils passent pour la 4e fois et filment la cage d’escalier donc « S» lui avait dit » on va on va faire chaal ». Ils étaient ensuite tous montés dans les voitures pour les chasser puis «il s’est passé ce qui s’est passé, ils en ont choppé un, l’autre il a couru », son interlocuteur répondant alors «il s’est mangé une balle dans le genou ». H.B concluait en indiquant « ils vont péter tout le monde pour cette histoire » parce qu’ils étaient tous montés dans les voitures. A.B évoquait ensuite des voitures de location et indiquait même que « Chipper » était parti avec sa propre voiture et que l’un des grands avait un 6,35 dans ses poches.
L’exploitation des données de trafic et de localisation de la ligne XX.XX.XX.XX.XX utilisée par A.B permettait de le localiser dans le quartier de la Fontaine d’Ouche le 22 décembre 2021 de 2h14 à 22h32 puis aucun trafic n’était détecté sur sa ligne entre le 22 décembre 2021 à 22h32 et le 23 décembre 2021 à 00h34 où il se déplaçait au centre-ville avant de revenir dans le quartier de la Fontaine d’Ouche vers 5h30. En outre, il contactait la ligne XX.XX.XX.XX.XX utilisée par F.A le 23 décembre 2021 à 02h01.
L’exploitation des données de trafic et de localisation de la ligne XX.XX.XX.XX.XX utilisée par Abdallah BOUKACEM activait le 22 décembre 2021 des cellules couvrant le quartier de la Fontaine d’Ouche de 14h09 à 19h12, de 21h48 à 22h38, il activait d’autres cellules à Dijon, puis de 22h46 à 23h07 revenait avenue du Lac, avant de se déplacer sur la commune de TALANT où la ligne activait une cellule à 23h11, puis de revenir à 23h17 avenue du Lac dans le quartier de la Fontaine d’Ouche. La ligne activait enfin une cellule couvrant le domicile d’Abdallah BOUKACEM à 23h55 et le lendemain à 5h59.
M.B identifiait Abdallah BOUKACEM sur planche photographique comme accompagnant l’acheteur du téléphone APPLE iphone X n°35……………….
L’exploitation des données de trafic et de localisation de la ligne XX.XX.XX.XX.XX, associée à l’appareil !phone X IMEI n°35………………., activait des cellules situées avenue du Lac dans le quartier de la Fontaine d’Ouche durant la journée du 22 décembre 2021. La ligne se déplaçait du centre-ville vers le quartier de la Fontaine d’Ouche entre 23h10 et 23h19, avant de cesser toute communication jusqu’au 28 décembre 2021 à 14h12. Parmi ses correspondants privilégiés figuraient Abdallah BOUKACEM, F.B, mère de Megueni et Abdallah BOUKACEM, et L.F.
L’exploitation des données de trafic et de localisation de la ligne XX.XX.XX.XX.XX, associée à l’appareil lphone X IMEI n°35………………… en octobre et novembre 2021, révélait huit numéros communs avec la ligne XX.XX.XX.XX.XX notamment les lignes de BOUKACEM Abdallah (XX.XX.XX.XX.XX), B.S (XX.XX.XX.XX.XX), mère d’A.B, O.S, petite amie d’A.B, et l’activation des mêmes relais principaux avenue Albert et dans le quartier de la Fontaine d’Ouche à Dijon.
La ligne XX.XX.XX.XX.XX contactait l’assistance Volkswagen le 26 octobre 2021, l’interlocuteur se présentait comme étant Saki BAAIJ et évoquait un incident technique sur un véhicule Volkswagen Golf immatriculé ..-…-.. loué par le magasin O’MARKET dont il était le gérant. Cette ligne contactait également la société EUROPCAR le 8 novembre 2021, soit la veille de la location du véhicule Fiat Tipo, et F.L à deux reprises le 30 novembre 2021.
Compte tenu de l’ensemble de ces éléments, l’utilisateur des lignes XX.XX.XX.XX.XX et XX.XX.XX.XX.XX, et du boîtier de téléphone APPLE iphone X n°35…………… était selon toute vraisemblance Y.B.
L’exploitation des données de trafic et de localisation de la ligne XX.XX.XX.XX.XX utilisée par Y.B permettait de localiser sa ligne le 22 décembre 2021 dans le quartier de la Fontaine d’Ouche (allée de Ribeauville et avenue du Lac) entre 19h50 et 21h45, puis aucun trafic n’était constaté jusqu’à 23h20. De 23h20 à 23h23 sa ligne activait un relais situé dans le quartier de la Fontaine d’Ouche, puis des relais à Talant à 23h34 et 23h49. Les trois relais activés le 09 février 2022 se trouvaient à 900 mètres, 480 mètres et 700 mètres de la rue Clément Janin puis la ligne cessait toute activité à partir de 08h18 le 09 février 2022, soit quelques minutes après que sa mère l’ait appelé à la demande des enquêteurs. La carte SIM de Y.B n’était pas insérée dans un boîtier téléphonique, donc le répondeur systématique à partir du 9 février 2022 à 08h18 pouvait s’expliquer par le retrait de la carte SIM de son emplacement ou par l’arrêt de l’appareil.
L’expert en matière de télécommunication, sollicité par le conseil de Mr B, expliquait que plus la fréquence des communications était élevée moins la portée était longue. Dans le cas des relais de la Rue Picasso et de l’allée Ribeauvillé, les fréquences utilisées étaient basses donc la portée était longue car nécessitant peu de puissance. Il définissait le transfert ou handover, comme le processus de transfert d’un appel ou d’une session de données en cours d’une cellule (station de base) à une autre pour maintenir la continuité de la connexion, sans interruption de la session. Le transfert s’effectuait entre des antennes -« proches de quelques kilomètres de l’émetteur, c’est-à-dire du téléphone portable. Un transfert pouvait se produire sans déplacement physique d’un téléphone mobile, pour plusieurs raisons, comme la nécessité de changer de canal en raison d’interférences ou d’atténuation du signal, ou pour des raisons de gestion de la charge réseau par l’opérateur ou les opérateurs (délestage). L’expert n’était pas en mesure de certifier s’il y avait eu ou non des transferts s’agissant des déplacements de la ligne XX.XX.XX.XX.XX utilisée par Y.B, mais il remarquait néanmoins que le téléphone bornait, ou était connecté la plupart du temps sur l’antenne relais de l’Allée de Ribeauvillé (3019 connexions) contre 58 pour le nombre de connexions sur le Relais de la Rue Picasso sur un total de 5387 enregistrements de connexions, ce qui permettait de déduire que l’utilisateur vivait à proximité du relais de l’Allée de Ribeauvillé et qu’un déplacement en direction du relais de la rue Picasso favoriserait la connexion du téléphone mobile sur ce relais.
Y.B contactait sa mère le 9 février 2022 à 12h22 avec la ligne téléphonique XX.XX.XX.XX.XX dont le titulaire et l’adresse étaient fictifs. Cette ligne avait été en contact avec la ligne XX.XX.XX.XX.XX, dont la titulaire était B.F, mère de Megueni et Abdallah BOUKACEM, le 9 février 2022 à 11h23 pendant
3 minutes et 11 secondes puis à 14h01 pendant 47 secondes. En outre, cette ligne activait le même relais que la ligne XX.XX.XX.XX.XX le 9 février 2022.
L’exploitation des données de trafic et de localisation de la ligne XX.XX.XX.XX.XX utilisée par M.R.F révélait qu’il se trouvait dans le quartier de la Fontaine d’Ouche jusqu’à 22h36 le 22 décembre 2021 puis n’émettait plus jusqu’au 23 décembre 2021 à 00h21 où il se trouvait à Talant, cellule rarement activée par l’intéressé. En outre, il n’avait aucun correspondant commun avec les autres protagonistes.
L’exploitation des données de trafic et de localisation de la ligne XX.XX.XX.XX.XX utilisée par Megueni BOUKACEM révélait qu’il se trouvait à Dijon à 21h32 le 22 décembre 2021 puis n’émettait plus jusqu’au 23 décembre 2021 à 09h18 où il se trouvait également à Dijon.
Par réquisitoire introductif en date du février 2022, le juge d’instruction était saisi contre B.Y, BOUKACEM Megeni et X ou toute personne non dénommée des chefs de tentative d’homicide volontaire au préjudice de V.L et violence en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à 8 jours au préjudice d’A.P.
Demain dès 7h00, un nouvel article (acte 2) dévoilera les déclarations des protagonistes lors de leur garde à vue. Vous constaterez que les tensions ont explosé entre eux. Accusations et révélations inattendues ont mis à nu les relations entre les différents acteurs de cette affaire.
Extrait de ce qui vous attend demain : » Le 4 août 2023, L.M épouse B. déposait plainte pour le compte de son fils Y.B, lequel utilisait le compte Instagram @m………….. et était victime d’injures publiques émanant du compte Instagram @st………. Elle transmettait ultérieurement au juge d’instruction deux publications émanant de ce compte, la première du 4 août 2023 mentionnait « tout ce paye enfant de salopes @m………. » et la seconde du 7 août 2023 comprenait une photographie de Y.B sur laquelle était indiqué « grosse balance qui se réfugie au petit citeaux a dijon les dépositions seront afficher publiquement)> « Y.B la salope et son oncle kamel monaco sa va baiser vos meres » «faites tourner la venter doit ecla ter des amis proches de lui m’ont avouer qu’il a baiser sa propre soeur ce cave» et « @m………… allez lui insulter sa mere la pute a cet balance ».