La mort de Jean-Marie Le Pen, figure emblématique de l’extrême droite française et fondateur du Front national, survenue ce mardi à l’âge de 96 ans, a suscité des réactions divergentes et passionnées à travers le pays. Entre hommages élogieux et célébrations controversées, les avis sont tranchés sur l’héritage laissé par cet homme au cœur de nombreuses polémiques.
Une disparition qui divise
Dès l’annonce de son décès, des rassemblements ont été organisés dans plusieurs villes françaises pour des motifs diamétralement opposés. À Paris, sur la place de la République, un « apéro géant » a réuni des centaines de personnes mardi soir, répondant à l’appel de collectifs d’extrême gauche comme le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). À Lyon et Marseille, des manifestations similaires ont été signalées. Les images montrent des participants dansant et trinquant au champagne pour célébrer la mort de l’ex-leader d’extrême droite.
Ces scènes ont suscité l’indignation de plusieurs personnalités politiques. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a condamné ces démonstrations, déclarant sur le réseau social X : « Rien, absolument rien ne justifie qu’on danse sur un cadavre. La mort d’un homme, fût-il un adversaire politique, ne devrait inspirer que de la retenue et de la dignité. Ces scènes de liesse sont tout simplement honteuses. »
Des hommages du côté du Rassemblement National
Dans le camp de l’extrême droite, la tristesse domine. Marion Maréchal, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, a publié un message poignant sur X, rendant hommage à celui qu’elle décrit comme « un homme hors du commun ». Son message se conclut par une promesse : « Pars tranquille, je n’abandonnerai pas la mission. ». Jany Le Pen, sa seconde épouse, a également partagé son émotion, confiant à BFM TV : « C’est très dur. Je vais réessayer d’apprendre à vivre sans lui. » Elle a aussi exprimé son soutien à Marine Le Pen, qui aurait appris la nouvelle dans un avion.
Une figure politique controversée
Au-delà des hommages, certaines personnalités publiques ont rappelé le caractère clivant de Jean-Marie Le Pen. Robert Ménard, maire de Béziers, a salué un homme qui a su capter les peurs d’une France périphérique, tout en déplorant son antisémitisme : « Jean-Marie Le Pen, c’était quelqu’un qui s’est fait l’écho des peurs, des craintes, du vécu de toute une partie de cette France périphérique, de province, quand il a été le premier à dénoncer les risques d’une immigration sans contrôle. Et en même temps, il a eu un certain nombre de mots qui nous donnent, qui me donnent la nausée, d’un antisémitisme insupportable. »
De son côté, Yannick Jadot, sénateur écologiste, a choisi de rappeler les nombreuses condamnations judiciaires de Jean-Marie Le Pen à travers une vidéo publiée sur X, insistant sur l’impact négatif de ses idées dans la société française.
Des victimes du racisme mises en avant
Certains ont profité de cette occasion pour rendre hommage aux victimes du racisme, un sujet intrinsèquement lié à l’héritage politique de Jean-Marie Le Pen. Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a tweeté une photo d’Ibrahim Ali, tué en 1995 par des colleurs d’affiches du Front national, en affirmant : « Jean-Marie Le Pen est mort à l’âge de 96 ans. Sa photo s’affiche ad nauseam. Je préfère afficher celle d’Ibrahim Ali qui, à 17 ans, fut tué par des colleurs d’affiches du FN. Hommage à toutes les victimes du racisme que Jean-Marie Le Pen s’ingénia à diffuser dans notre société. »
Une France partagée entre mémoire et rejet
La mort de Jean-Marie Le Pen illustre à nouveau les fractures qui traversent la société française. Si certains saluent un homme ayant marqué la vie politique, d’autres célèbrent sa disparition, en rejetant avec force les idées qu’il portait. Ce contraste met en lumière l’empreinte profonde, mais controversée, qu’il laisse sur l’histoire politique et sociale de la France.
En fin de compte, les réactions à cette disparition reflètent la complexité d’un homme qui, jusqu’à son dernier souffle, a divisé les Français.