Dans une tribune signée par plusieurs figures des syndicats et associations de lutte contre les discriminations, un appel est lancé à la population pour qu’elle refuse de répondre à une nouvelle question introduite dans le questionnaire du recensement 2025. Cette question, relative au pays de naissance des parents, suscite de vives inquiétudes et un rejet unanime parmi les signataires.
Le recensement : un outil essentiel mais sous conditions
Les signataires, parmi lesquels Nathalie Tehio (Ligue des droits de l’Homme), Sophie Binet (CGT) et François Sauterey (MRAP), réaffirment l’importance du recensement en tant qu’outil civique et statistique. Ce dernier permet d’établir une image fidèle de la population, indispensable à l’aménagement du territoire et à la gestion des services publics. Cependant, ils dénoncent une dérive potentielle avec l’introduction de la question sur le pays de naissance des parents.
Une collecte jugée inutile et dangereuse
Les organisations signataires soulignent que cette nouvelle question n’a pas sa place dans le cadre du recensement. Selon elles, aucune politique publique ne justifie l’enregistrement de l’origine immigrée des parents dans le bulletin individuel. Cette donnée, bien que facultative, présente selon eux un risque sérieux de dérive discriminatoire.
Les déclarations de certains responsables politiques, en particulier du Rassemblement National, nourrissent ces craintes. Ces propos suggèrent que l’origine pourrait devenir un critère dans des politiques discriminatoires. « L’enregistrement de cette information est un pas vers une possible inégalité de traitement par l’État sur cette base », avertissent les signataires.
Un appel au refus collectif
Dans leur tribune, les associations et syndicats appellent les citoyens à refuser massivement de répondre à cette question facultative. Ils espèrent ainsi envoyer un signal fort contre la catégorisation des individus selon leur origine. « Le recensement de la population n’est pas l’instrument adapté pour mesurer les inégalités liées à des discriminations. Il existe déjà des enquêtes approfondies menées par la statistique publique pour cela », affirment-ils.
Les signataires craignent également que la conservation de ces données n’ouvre la voie à un suivi générationnel des origines immigrées, une perspective qu’ils jugent contraire aux principes d’égalité et de non-discrimination.
Une mobilisation pour une statistique éthique
Tout en encourageant le refus de répondre à cette question, les organisations insistent sur l’importance des statistiques pour documenter les inégalités et les discriminations. Cependant, elles appellent à privilégier des enquêtes spécifiques, réalisées auprès d’échantillons représentatifs, et respectant les standards éthiques de la statistique publique.
Les signataires incitent chacun et chacune à se mobiliser en refusant cette catégorisation des individus par leur origine. Cette initiative se veut une démonstration collective de résistance face à ce qu’ils perçoivent comme une atteinte aux principes fondamentaux de la République.
Signataires : Nathalie Tehio (LDH), Sophie Binet (CGT), Benoît Teste (FSU), François Sauterey (MRAP), Julie Ferrua et Murielle Guilbert (Union Syndicale Solidaires).