Lors du conseil métropolitain du jeudi 30 janvier 2025, l’ancien siège de la CARSAT Bourgogne Franche-Comté, situé en zone d’activité Cap Nord, a été au cœur d’un vif échange entre Emmanuel Bichot, président du groupe Agir pour Dijon et candidat aux élections municipales de 2026, et le président de la Métropole, François Rebsamen.
Une question orale percutante
Emmanuel Bichot a interpellé la Métropole sur la situation de ce site de 3,3 hectares, comprenant un bâtiment de 18 000 m² sur six étages, fortement contaminé par l’amiante, et deux bâtiments annexes. Racheté en 2020 par la société LCDP, dirigée par Thierry Coursin, le site a ensuite été partiellement acquis par la SARCAT, une société liée à Edifipierre, au printemps 2024. Toutefois, l’acquisition du bâtiment principal reste en suspens.
La présence de gens du voyage sur le site, dès le 9 septembre 2024, a conduit à une vaste opération de démantèlement illégal des structures, avec le pillage de matériaux métalliques tels que huisseries en aluminium et câbles en cuivre. L’élu d’opposition a rappelé que ces occupants avaient affirmé avoir obtenu l’autorisation du propriétaire. Ils ont quitté les lieux 88 jours plus tard, laissant derrière eux un site dévasté, jonché de débris, exposant ainsi le public à des risques sanitaires et de sécurité.
Un site dangereux et un incendie alarmant
Emmanuel Bichot a souligné la dangerosité du site, qui demeure accessible au public, notamment aux adeptes de l’urbex. Il a évoqué un dramatique accident survenu à Nevers, où une jeune femme de 21 ans a trouvé la mort après une chute dans un immeuble similaire. Il a mis en garde contre un potentiel drame similaire à Dijon, avant d’être interrompu par François Rebsamen, qui a répliqué : « J’espère qu’il n’y en aura pas d’autre hein ! ». Bichot a alors répliqué : « J’espère qu’il n’y aura pas la même chose à Dijon, monsieur le président. » Ce à quoi Rebsamen a rétorqué : « Vous êtes vraiment… pas loin d’être un croque-mort. »
L’élu d’opposition a ensuite pointé du doigt l’incendie inexpliqué qui s’est déclaré dans l’un des bâtiments annexes le 11 janvier 2025. Selon lui, un incendie dans le bâtiment principal, contaminé à l’amiante, pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la santé publique. Il a demandé quelles mesures seraient prises à l’encontre du propriétaire.
Une réaction détaillée du maire de Saint-Apollinaire
Jean-François Dodet, maire de Saint-Apollinaire, a pris la parole pour défendre la gestion du dossier par les autorités locales. Il a d’abord reproché à Emmanuel Bichot d’instrumentaliser un fait divers dramatique pour appuyer ses propos : « Là, je viens d’entendre quelque chose qui m’a profondément choqué, le fait d’utiliser un événement dramatique entraînant le décès d’une personne pour étayer votre dossier me choque profondément, je vous le dis ! »
Il a ensuite expliqué que le dossier devait être abordé avec sérieux et clarté, sans chercher à alarmer la population inutilement. Selon lui, ce dossier comporte « deux tiroirs ». Le premier concerne l’aspect économique, avec le projet « Tellus » qui, bien que modifié par rapport à sa version initiale, continue de suivre son cours malgré la conjoncture économique complexe. Il a insisté sur l’évolution naturelle du projet et la nécessité d’accompagner ces changements plutôt que de crier au scandale.
Le maire a réagi vivement aux accusations d’inaction des autorités locales : « Lorsque vous dites que rien n’a changé dans le silence des autorités, vous auriez presque pu ajouter ‘‘étourdissant’’ des autorités locales ! Mais je vous rassure, le silence n’empêche pas l’action, et parfois, il vaut mieux avancer discrètement que de manière tapageuse en disant n’importe quoi. »
Concernant les risques liés à l’amiante, Jean-François Dodet a contesté l’affirmation d’Emmanuel Bichot selon laquelle le site contiendrait une « forte quantité » d’amiante : « J’aimerais, puisque nous devons nous baser sur du concret, que vous m’apportiez les éléments permettant d’affirmer qu’il y a une ‘‘forte quantité’’ d’amiante. En tant que maire, je suis incapable de vous le dire, car nous ne disposons pas de ces données ! » Il a ajouté que l’alarmisme autour de l’amiante nuisait à la perception du projet et suscitait des craintes injustifiées parmi les entreprises locales.
Des doutes sur la réponse apportée
La réponse apportée par Jean-François Dodet, maire de Saint-Apollinaire, laisse plus d’une personne dubitative, et ce, pour plusieurs raisons. En effet, le maire a déclaré à Emmanuel Bichot : « J’aimerais, puisque nous devons nous baser sur du concret, que vous m’apportiez les éléments permettant d’affirmer qu’il y a une ‘‘forte quantité’’ d’amiante. En tant que maire, je suis incapable de vous le dire, car nous ne disposons pas de ces données ! » Ne disposant pas de ces informations, n’aurait-il pas fallu sécuriser le site au maximum, par précaution ? Sur ce sujet, le maire de Saint-Apollinaire restera muet comme une carpe ! C’est d’ailleurs ce que beaucoup lui reprochent, ainsi qu’aux autorités, notamment à la préfecture de Côte-d’Or.
L’élu d’opposition mettra en avant un incident survenu à Nevers, où une jeune femme de 21 ans a trouvé la mort lors d’une expédition urbex dans un bâtiment désaffecté, afin de rappeler qu’un accident dramatique peut survenir à tout moment sur ce site, celui-ci n’étant pas sécurisé !
Jean-François Dodet se dit choqué par les propos d’Emmanuel Bichot : « Là, je viens d’entendre quelque chose qui m’a profondément choqué : le fait d’utiliser un fait divers dramatique ayant entraîné le décès d’une personne pour étayer votre dossier me choque profondément, je vous le dis ! » Peut-on vraiment reprocher à un élu de rappeler ce fait divers dramatique ? D’autant plus qu’il est avéré que des jeunes pratiquent régulièrement l’urbex sur l’ancien site de la CARSAT, un site contenant de l’amiante, comme le démontrent plusieurs vidéos en ligne !
Un dossier qui divise et des réponses jugées insuffisantes
Pour certains, la réponse du maire de Saint-Apollinaire reste insuffisante. On lui reproche d’accuser l’opposition d’en faire trop sur ce dossier, tout en minimisant la question cruciale de la sécurisation du site. Pourquoi un silence total sur la sécurisation du site ? La question reste posée. Ce dossier dérange, et pour certains, il semble que les autorités préfèrent ne pas en parler afin de ne pas affoler la population. Mais n’est-il pas du droit des citoyens et de l’opposition d’exiger des comptes et de dénoncer des faits graves ?
« C’est plus facile de s’attaquer à un élu (Emmanuel Bichot), qui pose les bonnes questions, qu’au propriétaire du site ! Pourquoi n’oblige-t-il pas le propriétaire du site, Thierry Coursin, à sécuriser les lieux ? Pourquoi ont-ils laissé les gens du voyage démanteler le site sans réagir ? » nous confiera un chef d’entreprise, installé en zone Cap Nord à Saint-Apollinaire depuis plusieurs années maintenant.
L’avenir du site de l’ancienne CARSAT Bourgogne-Franche-Comté continue de faire débat, et les réponses apportées par le maire de Saint-Apollinaire peinent à convaincre pleinement l’opinion publique. Ce que souhaitent les riverains, les chefs d’entreprise et bien d’autres personnes, c’est que des mesures soient prises en urgence afin que le site soit enfin sécurisé. Affaire à suivre…