Dans le cadre de la semaine de contrôle du gouvernement, la députée Océane Godard a interpellé le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, sur un sujet crucial pour l’avenir du secteur pharmaceutique français : la préservation des compétences stratégiques et le soutien aux biotechs innovantes.
Inventiva, un fleuron en péril
La France est actuellement le cinquième producteur pharmaceutique mondial, mais elle fait face à des défis majeurs en matière de souveraineté industrielle et d’innovation en santé. Parmi les entreprises emblématiques du secteur, Inventiva, société biopharmaceutique basée à Daix, près de Dijon, illustre le potentiel national en matière de recherche médicale. Récemment, l’entreprise a levé 348 millions d’euros pour le développement du lanifibranor, un médicament prometteur contre la NASH (stéatohépatite non alcoolique, communément appelée « maladie du foie gras »).
Cependant, alors que ce traitement entre dans sa phase finale avant commercialisation, un paradoxe inquiétant se dessine : la suppression du collectif de chercheurs ayant contribué à cette avancée scientifique. Ce sont 58 emplois hautement qualifiés qui sont menacés, une situation qui inquiète profondément Océane Godard :
« Je refuse de me résigner à voir nos compétences stratégiques, essentielles pour Dijon, sa métropole, la région, la France et l’Europe, s’échapper à l’étranger. »
Face à cette situation, la députée a multiplié les actions, rencontrant la direction d’Inventiva avec la maire de Daix, ainsi que les salariés concernés. Une réunion a également été organisée entre l’entreprise et le cabinet du ministre de l’Industrie.
Un enjeu de financement pour la souveraineté industrielle
Au cœur du débat se trouve la capacité de financement des entreprises biopharmaceutiques françaises. Marc Ferracci, en réponse à l’interpellation de la députée, a rappelé que les conditions économiques ont contraint Inventiva à se financer aux États-Unis, faute d’un soutien suffisant en Europe et en France :
« Ce qui m’avait frappé, c’était que les conditions de financement de l’entreprise lui avaient imposé d’aller se financer aux États-Unis, tout simplement parce qu’elle n’avait pas trouvé, en France et en Europe, la profondeur suffisante en termes de marché de capitaux. »
Le ministre a reconnu la nécessité d’un débat approfondi sur le renforcement des capacités de financement des biotechs françaises, afin d’éviter que ces entreprises ne soient contraintes de chercher des fonds à l’étranger.
Des mesures pour soutenir l’innovation en santé
Dans le cadre du plan France 2030, le gouvernement a déjà investi 7,5 milliards d’euros pour soutenir l’innovation en santé et les biotechnologies. Marc Ferracci a également mis en avant des mesures comme le Crédit d’Impôt Recherche (CIR), qui constitue un levier clé pour le développement de ces entreprises. Malgré les débats budgétaires, il a assuré que ce dispositif serait maintenu et renforcé :
« Nous allons faire en sorte que la visibilité donnée à ceux qui investissent reste forte sur le cadre fiscal, et en particulier sur le Crédit d’impôt-recherche. »
Le ministre a également souligné les avancées concrètes réalisées depuis deux ans, avec 20 projets de bioproduction déjà lancés, notamment LFB bio-manufacturing à Alès, qui développe des anticorps monoclonaux.
Un combat à poursuivre
Si le gouvernement affirme son engagement en faveur des biotechnologies et de l’innovation en santé, les obstacles structurels restent nombreux, notamment en ce qui concerne les conditions de financement et la préservation des talents français. La mobilisation d’élus comme Océane Godard reflète une prise de conscience grandissante sur l’urgence de protéger les entreprises stratégiques nationales face à une concurrence mondiale accrue.
Le dossier Inventiva s’inscrit dans un débat plus large sur l’avenir de la souveraineté industrielle française en matière de santé. La question reste ouverte : quelles actions concrètes seront mises en œuvre pour garantir que la France ne perde pas ses entreprises innovantes au profit d’autres puissances économiques ?