Il fallait oser, il l’a fait. Mais était-ce bien réfléchi ? Axel Sibert sème le trouble au sein du mouvement Printemps Dijonnais avec une annonce qui interroge sur son sérieux et sa capacité à travailler en équipe. Le jeudi 13 mars 2025, il a organisé une conférence de presse pour dévoiler un projet de troisième ligne de tramway dans la métropole dijonnaise, estimé à 400 millions d’euros.
Une annonce prématurée et contradictoire ?
Ce qui surprend, c’est le calendrier de cette déclaration. Trois jours auparavant, le 10 mars, Axel Sibert écrivait sur Facebook : « Notre première priorité : consulter les Dijonnais pour bâtir un projet qui répondra au plus juste à leurs attentes. Des centaines de contributions plus tard, recueillies en ligne ou au cours d’ateliers participatifs menés dans chaque quartier de Dijon, nous vous donnons rendez-vous le jeudi 20 mars à 19h à l’espace Salt and Pepper pour dévoiler les résultats de cette grande consultation et ouvrir un nouveau chapitre de notre engagement. »

Or, la consultation citoyenne n’a pas encore livré ses résultats. On se demande alors pourquoi Axel Sibert a pris l’initiative de dévoiler un tel projet ! A-t-il pris le soin de consulter les habitants de Longvic et de Chevigny-Saint-Sauveur, ainsi que leurs maires, Guillaume Ruet et Céline Tonot ? Cette précipitation laisse-t-elle entendre que l’avis des Dijonnais ne compte finalement pas ?
Allons plus loin encore. Le projet qu’il a présenté lors de cette conférence de presse est un projet métropolitain. Est-ce bien raisonnable, alors que la métropole, avec l’aval des maires, a lancé des études poussées pour envisager l’extension du tramway ?
Un manque de concertation au sein du mouvement
L’annonce ne semble pas avoir été discutée avec les autres membres du Printemps Dijonnais. Laurent Bourguignat le confirme : « Non, je n’ai pas été informé de l’organisation d’un point-presse. Je ne me sens pas solidaire de cette proposition. L’extension du réseau Tram+Bus Divia est un sujet passionnant et important pour le développement futur de notre agglomération. Il nécessite des études techniques très poussées, actuellement en cours à la Métropole, ainsi que des arbitrages financiers, car nous parlons de sommes colossales. »
Henri-Bénigne de Vregille commente aussi la situation : « Je n’ai pas découvert la proposition sur le tramway d’Axel Sibert dans la presse. Cette proposition ouvre le débat sur la desserte des zones d’activité et sur le partage des infrastructures et, en ce sens, elle est digne d’intérêt. Après, elle n’est pas portée par le Printemps Dijonnais. Chaque chose en son temps. Un travail de priorisation des projets est nécessaire et, pour la question des transports, une réflexion sur les quartiers desservis et sur l’opportunité d’un investissement aussi important s’impose. Le temps d’un projet alternatif structuré proposé aux Dijonnais viendra et je constate d’ailleurs une certaine impatience chez nos concitoyens. »
Enfin, Bruno David rappelle que la Métropole travaille déjà sur cette question depuis 2023 et qu’une étude de faisabilité est en cours : « Cette proposition de créer une 3ème ligne de tramway n’est pas nouvelle. Dijon Métropole a initié en septembre 2023 une réflexion à ce sujet en lançant une étude de faisabilité pour l’extension du réseau de Transport en Commun en Site Propre (TCSP), notamment en direction de l’Est (Chevigny-Saint-Sauveur) et du Sud (Marsannay). Cette autorisation de lancer la consultation pour sélectionner un bureau d’études, que j’ai votée, a été approuvée à l’unanimité des élus métropolitains. Le cabinet Egis doit proposer prochainement plusieurs solutions chiffrées et planifiées avant que le conseil de Métropole ne se prononce.
Indépendamment de cette démarche métropolitaine, les membres du Printemps Dijonnais ont des idées pour le développement des transports en commun. Celle-ci en est une qui contribue au débat. Est-elle pertinente techniquement, économiquement ? Quels seraient ses impacts ? Constitue-t-elle une priorité ? Cette proposition peut mériter d’être discutée et, à ce stade, elle n’engage pas le Printemps Dijonnais. »
Une crédibilité en jeu
Cette séquence interroge sur la rigueur et la méthode d’Axel Sibert. Souhaite-t-il réellement construire un projet collectif ou cherche-t-il simplement à marquer des points en jouant une carte personnelle ?
Le Laboratoire d’idées, qu’il dirige, voulait marquer les esprits avec cette proposition. Cependant, cette initiative a surtout révélé un manque de coordination et de concertation internes au sein du mouvement Printemps Dijonnais.
Les Républicains, ainsi que l’ensemble des acteurs du Printemps Dijonnais, doivent maintenant trouver leur tête de liste idéale et parler d’une seule voix. En attendant, le 20 mars 2025, le Printemps Dijonnais dévoilera les résultats de sa grande consultation !