L’Union Syndicale Solidaires 21 a annoncé ce 12 mars 2025 par voie de communiqué, l’organisation d’une manifestation pour de meilleures conditions de vie, le samedi 5 avril à Dijon. Dans ce cadre, nous avons interviewé Théo Contis, l’un des co-secrétaires de Solidaires 21.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi votre organisation fait le choix d’organiser une manifestation ce samedi 5 avril ?
La raison est assez évidente pour notre organisation à vraie dire. Nous partons du constat que depuis près d’un an, une apathie est en train de se généraliser en France alors que les conditions de vie ne s’améliorent pas pour la population, bien au contraire. En effet, les revenus ne sont aucunement alignés sur l’inflation massive des cinq dernières années, le pouvoir d’achat est donc en forte diminution.
Par ailleurs, la question des retraites n’est toujours pas réglée. Bayrou a embobiné une partie des syndicats et des politiques avec l’organisation de son fumeux conclave mais le résultat apparaît dorénavant au grand jour, à savoir une fumisterie pour garantir la survie de son précaire gouvernement. Même la Cour des comptes a invalidé les estimations alarmistes de Bayrou. Il faut que cela cesse, et vite !
De plus, le gouvernement a d’ores et déjà annoncé un budget 2026 qui sera encore plus douloureux pour les services publics et la population, encore pire que celui de 2025 qui fait pourtant déjà de très importantes coupes budgétaires. La question se pose de qu’est-ce que nous voulons pour notre pays et de combien temps allons-nous encore pouvoir supporter cela.
Enfin, le gouvernement vient d’annoncer la publication prochaine d’un décret établissant une échelle de sanctions allant de la suspension à la radiation définitive des allocataires du RSA qui ne se soumettraient pas à l’obligation de 15h d’activités hebdomadaires. Or avec 635 € par mois pour une personne seule, soit la moitié du seuil de pauvreté, le RSA permet juste de survivre. Le pire est que cette annonce intervient alors que l’UNEDIC vient de rendre un rapport très sévère sur la réforme de l’assurance chômage de 2021 qui conformément à notre analyse n’a en rien résorbé la précarité bien au contraire. Il y a là, une véritable guerre sociale en cours contre les plus précaires.
D’accord, mais pourquoi votre organisation a choisi la date du samedi 5 avril ?
Tout d’abord, le choix de la date est une décision collégiale prise dans nos instances internes, au niveau local. Nous considérons que les problèmes sociaux sont complètement mis de côté au profit des thèses racistes en tout genre (OQTF, port du voile, etc) et que nous devons reprendre l’initiative pour porter sur le devant de la scène les réels problèmes de la population, à savoir vivre dignement, profiter d’une retraite méritée et avoir accès à des services publics de qualité.
La date du 5 avril qui est un samedi est un choix pour mobiliser une première fois, sans faire perdre forcément de l’argent aux salarié.es par le biais d’une grève. Nous voulons, modestement, recréer une dynamique et remettre en avant les questions sociales et les difficultés à vivre.
Nous pensons qu’il est temps, que le mouvement social reprenne son action de mobilisation, d’information et d’organisation. Nous voyons vraiment cette date du 5 avril comme une première étape.
Il semblerait que vous appelez seule à cette mobilisation syndicale, pourquoi ?
Alors non, ce n’est pas le cas. Nous avons lancé cet appel à se mobiliser le 5 avril depuis Solidaires 21 mais nous avons immédiatement ouvert cette manifestation à d’autres syndicats, associations ou collectifs.
Nous espérons que des syndicats comme la CGT, la FSU ou bien encore FO (qui a quitté le conclave des retraites dès le début) prennent part à cette participation. En tout cas, de notre côté, nous souhaitons que cette mobilisation s’élargisse et dépasse clairement le seul périmètre de Solidaires 21. Ce qui nous intéresse c’est de reprendre l’action, de réoccuper l’espace avec des problématiques sociales et sortir des injonctions à l’économie de guerre (et donc de travailler 40h ou jusqu’à 70 ans comme le demandent déjà certains).
Nous devons, collectivement, sortir de cette forme d’apathie. D’ailleurs, des collectifs et associations nous ont fait part de leur volonté de s’engager dans cette mobilisation du 5 avril, ce qui nous réjouit et on espère clairement que d’autres nous rejoindrons rapidement !
Propos recueillis par F. Bauduin