L’Assemblée des Départements de France (DF) monte au créneau face à la montée en puissance de l’agrivoltaïsme, qu’elle qualifie de menace directe pour le monde agricole et l’acceptabilité de la transition énergétique. Dans un communiqué publié ce jeudi, DF exprime ses vives inquiétudes sur les dérives engendrées par le décret du 8 avril 2024 et la loi dite « APER », censés encadrer le développement des installations agrivoltaïques.
Un encadrement jugé insuffisant
Le décret en question avait pour ambition de concilier production d’électricité et activité agricole, tout en garantissant la priorité à la production alimentaire. Mais pour les Départements, la réalité du terrain est toute autre : démarchages massifs, projets d’envergure démesurée, artificialisation galopante des terres… Les élus locaux se disent dépassés par la multiplication de sollicitations de développeurs privés.
« Chaque jour, les Départements sont sollicités par leurs Maires et Présidents d’EPCI qui se retrouvent démunis face à cette frénésie », alerte DF, pointant du doigt un déploiement précipité qui pourrait compromettre l’adhésion des populations à la transition énergétique. Le spectre d’une prolifération anarchique de panneaux solaires dans les paysages ruraux inquiète.
Un risque pour la souveraineté alimentaire
Le cœur du message est clair : la transition énergétique ne doit pas se faire au détriment de l’agriculture. La priorité, rappelle l’institution, doit rester la vocation nourricière des terres agricoles. À l’heure où la France revendique une production électrique largement décarbonée, les Départements appellent à une approche plus équilibrée et territorialisée.
Alain Leboeuf, président du groupe de travail « Transition énergétique » au sein de DF, insiste : « La transition énergétique est une impérieuse nécessité, mais elle ne peut être menée sans logique globale ni prise en compte des réalités locales. »
Un rôle central pour les Départements
DF réclame que les Départements soient reconnus dans la loi comme des acteurs clés de la transition énergétique. À travers leur connaissance fine du territoire, leur capacité d’animation locale et leur lien avec les élus de terrain, ils se positionnent comme pivots de toute politique énergétique durable.
Cette position s’inscrit dans la continuité des engagements portés par DF dans son Livre vert dès 2023, qui appelait déjà à prioriser l’implantation de centrales photovoltaïques sur des surfaces déjà artificialisées (parkings, toitures, friches industrielles).
Soutien à une régulation parlementaire
Face à la situation, la COMEX de Départements de France, réunie sous la présidence de François Sauvadet, a adopté une résolution pour alerter les pouvoirs publics. Elle soutient également l’initiative parlementaire portée par les députés Pascal Lecamp et Dominique Potier, sous réserve que cette proposition de loi permette une régulation plus fine et donne un véritable rôle de coordination aux Départements.
En conclusion, DF appelle à une transition énergétique à la fois ambitieuse, concertée et respectueuse des spécificités territoriales. Un appel à la raison pour éviter que l’urgence climatique ne se transforme en précipitation destructrice.