À l’aube du débat parlementaire sur la proposition de loi 1100 relative à la fin de vie, Jean-François Dodet, maire de Saint-Apollinaire et vice-président de Dijon Métropole, prend fermement position. Médecin de santé publique et membre du Collectif Démocratie, Éthique et Solidarités, il alerte sur les risques d’un bouleversement éthique majeur au sein du système de santé français.
Une rupture avec l’existant législatif
Depuis 1999, plusieurs textes de loi ont progressivement renforcé les droits des malades et des personnes en fin de vie, dans une démarche fondée sur l’accompagnement et la dignité. Selon Jean-François Dodet, la proposition de loi actuellement à l’étude marque une rupture radicale avec cette philosophie. « Elle remet en cause les principes philosophiques, éthiques et médicaux qui fondent notre pacte social », déclare-t-il.
Des dérives déjà observées à l’étranger
S’appuyant sur des exemples étrangers, Jean-François Dodet met en garde contre une pente glissante. Il cite :
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Le Canada, où l’aide à mourir s’élargit désormais aux personnes atteintes de troubles mentaux, et où une part croissante de la population envisagerait son extension aux personnes sans domicile fixe.
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La Belgique, où l’euthanasie est accessible à des personnes souffrant de dépression.
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La Suisse, qui étudie la possibilité de l’élargir aux détenus et aux souffrances existentielles.
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Les Pays-Bas, où l’euthanasie est autorisée pour les mineurs jugés capables de discernement.
Ces évolutions, initialement limitées à des cas très spécifiques, auraient progressivement débordé leur cadre, selon lui.
Un risque d’emballement éthique et financier
Jean-François Dodet s’inquiète également des potentielles dérives économiques : « FONDAPOL estime à 1,4 milliard d’euros par an les économies que pourrait générer la légalisation de l’euthanasie. Mais à quel prix éthique ? » interroge-t-il. Il redoute un glissement dangereux, où les logiques budgétaires viendraient primer sur la dignité humaine.
Un plaidoyer pour les soins palliatifs
Plutôt que de légaliser une mort programmée, l’élu plaide pour un renforcement des soins palliatifs, encore trop inégalement accessibles sur le territoire. « Le développement de ces soins doit être la première préoccupation du législateur. C’est un devoir de solidarité envers les plus vulnérables », insiste-t-il.
En soutien à l’avis du Collectif Démocratie, Éthique et Solidarités, Jean-François Dodet appelle à une réflexion sereine, dépassionnée, et fidèle aux valeurs fondamentales de la République.