Le mardi 3 juin 2025, en début de soirée, un cortège d’environ 80 cyclistes s’est élancé de la place Darcy, à Dijon, à pied et vélo en main, en direction de la place de la Libération. À l’origine de cette mobilisation : l’association dijonnaise EVAD (Ensemble à Vélo À Dijon), en réaction à l’arrêté municipal interdisant depuis la veille la circulation à vélo rue de la Liberté entre 11 h et 20 h.
Dans une ambiance calme mais résolue, les manifestants ont souhaité dénoncer une mesure jugée discriminante et contre-productive en matière de mobilité urbaine. Respectueux de l’arrêté en vigueur, les participants ont volontairement traversé la rue à pied, tenant leur vélo à la main, pour illustrer l’absurdité de la réglementation.
« Le vélo est encore vu comme l’emmerdeur »
Au point de départ de la manifestation, Sylvain Nocquard, président de l’association EVAD, a pris la parole devant les participants. Son discours, à la fois fraternel et politique, a posé les fondements de la mobilisation.
« Vous me donnez l’impression que nous sommes une grande famille. Alors je ne dis pas ça pour paraître cucul la praline hein. Mais je pense à ces gens qui ont un lien entre eux mais qui se croisent surtout quand il y a des événements dramatiques. Entendons-nous bien : nous sommes très heureux de vous voir ici ce soir hein. Et il est hors de question d’afficher, pardonnez-moi l’expression, des gueules d’enterrement ! »
Sylvain Nocquard a rappelé l’enjeu fondamental de cette manifestation, bien au-delà d’un simple désaccord ponctuel avec la mairie : « Nous sommes réunis ici, en cette entrée de centre-ville de Dijon, pour dire et rappeler que la Ville, que l’espace public, ne peuvent pas se construire en opposant les personnes qui l’habitent les unes aux autres. L’exact inverse de cette mesure d’interdiction de la circulation à deux (ou trois) roues en journée dans la rue de la Liberté. »
Selon lui, cette décision municipale reflète un problème culturel profond dans la façon dont la ville pense la mobilité : « Cette décision, ce n’est pas une histoire de personnes, de quelques élues. C’est selon nous avant tout une histoire de culture. En 2025, à Dijon, le vélo est encore considéré comme l’activité de loisir, l’activité secondaire, l’emmerdeur plutôt que l’opportunité. Quand la voiture bénéficie toujours d’une présomption de légitimité dans ses choix, alors que le vélo doit encore justifier sa présence dans l’espace public. »

Une manifestation tournée vers les municipales
Le président d’EVAD a également situé cette mobilisation dans un contexte politique clair : la pré-campagne des élections municipales de 2026.
« Notre combat, il se joue aussi là. Dans les esprits, à tous les niveaux de la société. Ne soyons pas naïves ou naïfs. Le contexte, ce qui se joue en ce moment, c’est la pré-campagne des municipales. Et c’est dans cette perspective, avec votre soutien si vous l’acceptez, et en collaboration avec tous les partenaires qui le souhaiteront (je pense bien évidemment en priorité aux associations membres du collectif piéton avec lesquelles je discutais encore ce matin), que nous allons nous mobiliser pour que cette question des mobilités et des méthodes de délibération soit au cœur des projets des candidates et candidats aux municipales. Parce que cela ne doit pas continuer. »
Appel à l’action citoyenne et à l’adhésion
Avant le départ du cortège, Sylvain Nocquard a proposé deux actions concrètes à celles et ceux présents : « La première, et parce que la mesure nous a été présentée comme justifiée par les courriers reçus en mairie, nous vous invitons à écrire à votre tour à la Ville (contact@ville-dijon.fr), avec évidement courtoisie, pour expliquer pourquoi, selon vous, le vélo a toute sa place à Dijon. Et pourquoi cet arrêté va à l’encontre de tout ce qu’il convient de faire. »
« La seconde, et c’est l’instant placement de produit, c’est une invitation à adhérer à EVAD – Ensemble à vélo. Aujourd’hui, nous sommes une centaine d’adhérentes et d’adhérents mobilisés pour faire exister la cause du vélo toute l’année dans la métropole. Demain, si toutes les personnes ici présentes nous rejoignent, il ne sera plus possible de nous ignorer. »
Il en a également profité pour saluer la présence d’autres associations locales engagées pour des mobilités plus douces, rappelant l’importance de l’unité.
« Ne tombons pas dans le piège de l’opposition »
Dans une volonté d’apaisement, le président de l’association a tenu à rappeler les règles de conduite de la manifestation : « Cela va de soi, mais je le rappelle avec force : nous appelons au plus grand respect des personnes piétonnes, y compris celles qui se livrent à de petites provocations stériles. Ne tombons pas dans le piège de nous opposer les uns aux autres. »
« On va occuper l’espace, vélo en main, en laissant circuler les autres usagères/usagers de la rue, pour illustrer l’encombrement supplémentaire que peut représenter cette mesure. »
« J’insiste sur une chose encore : nous ne sommes pas là pour attaquer ou critiquer des individus. Si bien entendu, chacun-e est libre de ses opinions, notre manifestation s’oppose aux décisions et aux pratiques politiques. »
Et de conclure, sur une note résolument optimiste : « Mais au fait, aujourd’hui, c’est la journée mondiale de la bicyclette ! Alors hauts les cœurs, le vélo est l’avenir de Dijon ! »











