Ils étaient une cinquantaine, rassemblés devant l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté, située Place des Savoirs, dans le quartier des Grésilles à Dijon, déterminés à faire entendre leur voix. Leur cible : la proposition de loi portée par le sénateur Les Républicains Laurent Duplomb, qui menace de réintroduire les néonicotinoïdes dans l’agriculture française. Une loi jugée rétrograde, dangereuse et anti-démocratique par les manifestants venus en soutien à la délégation emmenée par la LPO Bourgogne-Franche-Comté.
Autour de la délégation reçue par le directeur de l’ARS figuraient plusieurs figures engagées dans la défense de la santé publique et de l’environnement : Catherine Hervieu, députée écologiste de la Côte-d’Or, David Camus, son suppléant, Stéphanie Modde, vice-présidente à la transition écologique de Dijon Métropole, et des représentants d’UFC-Que Choisir. Ensemble, ils ont relayé l’indignation d’un large pan de la société civile face à ce qu’ils qualifient de « coup de force contre notre santé et la démocratie ».
Un retour en arrière inacceptable
« Tout me fait bondir dans ce texte », s’insurge Catherine Hervieu. Pour la députée, cette proposition de loi va à l’encontre de tous les efforts entrepris pour une agriculture plus durable et une meilleure protection de la santé publique. « Nous devons arrêter de cloisonner les politiques publiques. Santé, environnement, agriculture : tout est lié. Et revenir sur l’interdiction des pesticides comme les néonicotinoïdes, c’est nier cette réalité », insiste-t-elle.
Interdits depuis 2018 pour leur toxicité avérée sur les abeilles, les oiseaux, les écosystèmes… et les humains, ces pesticides font l’objet d’un rejet massif dans l’opinion publique : 83 % des Français s’y opposent selon les sondages. Pourtant, la #LoiDuplomb ambitionne de les réintroduire au nom de la compétitivité agricole, au mépris des alertes scientifiques.

Un simulacre de débat démocratique
Au-delà du fond, c’est aussi la forme qui suscite l’indignation. Le 27 mai dernier, un événement sans précédent s’est produit à l’Assemblée nationale : soutenue par l’extrême droite, la majorité a voté une motion de rejet préalable contre son propre texte. Résultat : aucune discussion possible, aucun amendement, aucun débat parlementaire sur un enjeu aussi fondamental que la santé publique. « Un 49.3 déguisé », dénoncent les manifestants.
Pour la LPO, UFC-Que Choisir et les élus présents, cette manœuvre est symptomatique d’un glissement politique inquiétant. « C’est un trumpisme à la française », alerte un militant, « une stratégie qui vise à saper la vérité scientifique, à bâillonner la démocratie, à saboter la transition écologique. »
Une mobilisation à amplifier
La mobilisation de ce 6 juin n’est qu’une étape. Les collectifs appellent désormais à élargir le mouvement, à sensibiliser les citoyens, à interpeller les élus, à faire barrage à un texte qui mettrait gravement en péril la santé de tous. « Il est encore temps d’agir », conclut Catherine Hervieu. « Nous sommes des millions à vouloir une autre agriculture, un autre avenir. Ils ne sont qu’une poignée à vouloir nous enchaîner au passé. »