La décision marque un tournant. Après cinq années à 2 euros le repas, la cantine des collèges publics de la Côte-d’Or reviendra à son tarif de 2019 : 3,70 euros. Une hausse justifiée par la majorité départementale comme une « évolution » nécessaire dans un contexte de stabilisation de l’inflation.
Un retour au tarif d’avant crise
« Je prends mes responsabilités en matière de restauration scolaire », a déclaré François Sauvadet (UDI), président du Département. Il rappelle que le tarif à 2 euros avait été adopté « ensemble » avec l’opposition à la sortie de la crise sanitaire, pour faire face à une inflation exceptionnelle.
« L’inflation est stabilisée », affirme-t-il, insistant sur le fait que le nouveau tarif reste « très inférieur » à ceux pratiqués dans d’autres territoires, citant un repas à 5 euros pour les lycéens de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Et d’assurer qu’« aucun enfant ne se retrouvera à la porte du restaurant scolaire pour des raisons financières ».
Une opposition vent debout
Mais pour l’opposition, le compte n’y est pas. Christophe Avena (PS), président du groupe Côte-d’Or Terres d’avenir, dénonce une décision brutale : « Pour 20 % des ménages les plus modestes, cette hausse représente une difficulté supplémentaire. » Il défend une tarification progressive basée sur les revenus et pointe un choix politique : « Vous investissez 2,5 millions d’euros pour l’abbaye de Cîteaux mais vous coupez dans la restauration scolaire. »
Deux amendements ont été déposés : l’un pour une tarification sociale, l’autre pour un renforcement des aides. Tous deux ont été rejetés.
Des économies à la clé pour le Département
Selon les chiffres avancés, le passage à 3,70 euros par repas permettrait une économie nette de 3 millions d’euros pour l’année scolaire 2025-2026. L’ensemble du dispositif de restauration scolaire (aides, compensations, repas « 100 % Côte-d’Or ») coûtera 2,52 millions d’euros, contre plus de 6 millions en 2024-2025.
Catherine Louis (LCOP), rapporteure du dossier, met en avant les efforts de qualité dans les assiettes : 50,5 % de produits labellisés, du bio en hausse, et un gaspillage alimentaire réduit de 51 % depuis 2014. « Ce n’est pas une petite hausse, c’est une évolution justifiée », déclare-t-elle face aux critiques.
La tarification progressive au cœur des débats
La question de la justice sociale a animé les échanges. À Dijon, rappelle Hamid El Hassouni (PS), une famille monoparentale peut ne payer que 54 centimes par repas. En collège, cette même famille paierait désormais 3,70 euros, soit 500 euros de plus par an. « Cette hausse est un coup très dur pour certaines familles. »
François Sauvadet balaie la proposition de tarification progressive : « Ce système fait que certains paient pour les autres. » Il affirme que peu de départements l’ont mis en place.
Un débat politique dans un climat pré-électoral
François-Xavier Dugourd (LR), président du groupe majoritaire, fustige des « attaques personnelles » et des « arrière-pensées électoralistes », visant directement Christophe Avena. Ce dernier réplique : « Je ne suis le porte-flingue de personne. »
Marie-Claire Bonnet-Vallet (LCOP) souligne que les collectivités appliquant des tarifs progressifs reçoivent des subventions de la CAF. « Brandir la bannière de la justice sociale, c’est facile quand on est aidé pour le faire », tacle-t-elle.
Malgré les critiques, le rapport a été adopté par la majorité départementale, qui a salué un débat « serein », avec des « positions claires » de chaque camp. Le tarif de 3,70 € sera donc appliqué uniformément dès la rentrée 2025 pour une durée de trois ans.
L’intégralité des échanges en séance est à retrouver en vidéo