La Ville de Dijon a franchi un nouveau cap dans la gestion de sa vie nocturne avec la signature officielle de la charte HARMOnuits, un texte d’engagement collectif entre institutions, professionnels, associations étudiantes et opérateurs de transport. Objectif : concilier attractivité festive et respect de la tranquillité publique.
Dans une allocution forte et engagée, la maire de Dijon, Nathalie Koenders, a rappelé les enjeux de ce pacte urbain : « À quelques jours de l’été, nous voyons combien nos rues et nos terrasses sont animées. Dijon est une ville qui attire, rassemble, et où un quart de la population est étudiante. Mais cette attractivité nous impose une responsabilité : celle de préserver, aussi la nuit, notre qualité de vie. »
Une ville qui refuse les excès et prône le respect
La charte HARMOnuits vise à construire une vie nocturne « empreinte de respect et de bienveillance », sans pour autant étouffer la dynamique culturelle et sociale de Dijon. « Si la nuit est un espace de convivialité, de liberté et de légèreté, nous ne pouvons accepter qu’elle mène à l’inconscience. Les excès qu’elle engendre parfois deviennent des atteintes à l’intégrité des personnes, des riverains, du personnel des établissements, ou des agents publics. »
Revendiquant une ligne de conduite fondée sur le contrat social, la maire a invoqué Jean-Jacques Rousseau pour rappeler que la liberté de chacun s’arrête là où commence la sécurité de tous. « Le civisme n’a pas d’horaire. Il ne saurait s’endormir avec le coucher du soleil. »
Un dispositif structuré autour de responsabilités partagées
La charte définit des engagements clairs pour les établissements nocturnes :
- respect des horaires d’ouverture et de fermeture,
- réduction des nuisances sonores,
- lutte contre les discriminations, le harcèlement sexiste et les comportements violents,
- prévention contre la consommation excessive d’alcool et de stupéfiants,
- protection des mineurs et accompagnement des victimes.
Les établissements signataires pourront obtenir un label “HARMOnuits”, identifiable par un pictogramme officiel. Ce label pourra être suspendu ou retiré en cas de manquement.
« Respecter, c’est tout simplement prendre l’autre en considération. C’est, dans son étymologie, le regarder. Non comme un autre, mais comme un semblable dont je partage les valeurs et l’humanité », a insisté Nathalie Koenders.

Les professionnels de la nuit pleinement associés
Christophe Le Mesnil, co-président de l’UMIH Côte-d’Or, s’est félicité de la portée collective de la démarche : « C’est une histoire commune que nous portons. Cette charte est là pour renforcer le rôle préventif et éducatif des établissements, notamment auprès d’une clientèle jeune. Nous avons tenu à y intégrer davantage les associations étudiantes, pour qu’elles diffusent aussi des messages de prévention lorsqu’elles organisent leurs soirées. »
Il a également mis en garde contre les effets de concurrence déloyale : « Il est essentiel que nos adhérents, qui respectent ces règles, ne soient pas pénalisés par d’autres établissements moins scrupuleux. Cette charte crée un cadre équitable, et nous y adhérons pleinement. »
Une continuité avec l’histoire locale
Pour Pascal Gautheron, président de la CCI Métropole de Bourgogne, cette signature prolonge un engagement de longue date : « Le programme Harmonie avait vu le jour dès 2007 avec la Ville et la Chambre de commerce. Aujourd’hui, nous poursuivons cette dynamique. La CCI, ce n’est pas seulement l’accompagnement des entreprises : nous avons aussi une responsabilité vis-à-vis de la jeunesse, notamment à travers l’ISBI qui accueille 3 500 étudiants. Et, je vous le dis franchement, leurs nuits ne sont pas toujours calmes. »
La CCI s’est également engagée à maintenir une veille régulière : « Nous avons une réunion mensuelle sur la tranquillité publique avec la Ville, les forces de l’ordre et les acteurs économiques. C’est dans cet esprit d’équilibre entre affaires et sérénité que nous agissons. »
L’État et les forces de l’ordre mobilisés
Représentant le préfet, Aurélie Contrecivile, sous-préfète et directrice de cabinet, a salué un projet collectif aligné sur les priorités nationales en matière de sécurité et de prévention : « Cette charte illustre notre volonté commune de concilier vie nocturne dynamique et tranquillité publique. Deux piliers nous guideront : le dialogue — via le comité de la nuit auquel la Préfecture participe activement — et l’action, avec les contrôles sur le terrain et la prévention ciblée. »
Elle a également insisté sur les enjeux de santé publique : « La lutte contre les violences sexistes, la consommation excessive d’alcool, les stupéfiants ou encore les incivilités relève aussi de notre responsabilité. L’État est prêt à mettre à disposition ses moyens et son expertise pour faire vivre ces engagements. »
Une mobilité nocturne mieux pensée
Divia Mobilités accompagne la démarche avec la ligne Pleine Lune, circulant de 1h à 5h les nuits du jeudi au samedi, reliant les grands lieux festifs. Un agent de sécurité est présent à bord, afin de garantir la sécurité des usagers.
Cette offre de transport réduit les risques liés à la conduite sous l’emprise de l’alcool et répond à un sentiment d’insécurité ressenti par certains noctambules lors du retour à domicile.
Une gouvernance durable pour la nuit
Un comité de la nuit, composé de la Ville, de la Préfecture, de l’UMIH, des étudiants et des opérateurs concernés, assurera le suivi, l’évaluation et l’adaptation de la charte. La Ville se réserve le droit de retirer le label HARMOnuits en cas de manquements répétés : « Dans un monde traversé par les fractures, les incivilités croissantes sont avant tout le symptôme d’un lien social qui se délite, a conclu la maire. Et les atteintes à la tranquillité, au grand jour comme au cœur de la nuit, ne sont pas acceptables. Le civisme est notre boussole commune. »
Dijon, ville festive et responsable
Avec HARMOnuits, Dijon affirme qu’il est possible de concilier fête et respect, animation et tranquillité, vie nocturne et citoyenneté. Ce n’est pas une interdiction de la fête, mais un pacte pour la rendre plus inclusive, plus sûre et plus harmonieuse. « Les réjouissances des uns ne doivent jamais compromettre la sérénité des autres », a rappelé Nathalie Koenders. Un principe simple, mais fondamental, pour une ville qui assume pleinement sa double identité : dynamique et apaisée.
À l’occasion de la signature de la charte HARMOnuits ce mardi 17 juin 2025, les partenaires se sont accordés sur les dispositions suivantes :
LES ENGAGEMENTS DES EXPLOITANTS
RESPECT DES HORAIRES
Les exploitants s’engagent à respecter les horaires d’ouverture et de fermeture : → De 5h à 2h, chaque jour de la semaine, pour les débits de boissons. → De 5h à 7h pour les établissements exploitant une piste de danse (discothèques, dancing). Les terrasses autorisées doivent être remisées et ne plus être exploitées aux heures définies par la règlementation en vigueur. La vente de boissons alcoolisées à emporter est interdite aux jours et horaires définis par la règlementation en vigueur.
LUTTE CONTRE LES NUISANCES SONORES ET TAPAGES NOCTURNES
→ Respecter les dispositions légales et règlementaires en vigueur relatives à la lutte contre les nuisances sonores.
→ Faire respecter la tranquillité publique en limitant les nuisances sonores liées à l’exploitation de la terrasse, ainsi qu’aux horaires de fermeture.
→ N’utiliser aucun moyen de sonorisation extérieure en journée comme en soirée sauf dérogation exceptionnelle prise par autorisation municipale (exemple : fête de la musique).
→ Limiter les risques de bruits à l’intérieur du commerce qui peuvent filtrer vers l’extérieur.
→ Sensibiliser les clients à la question des nuisances sonores générées lors des entrées et des sorties de l’établissement (exemple : par la mise en place de panneaux de courtoisie).
→ Prendre toutes les dispositions afin de ne pas provoquer de nuisances de voisinage liées aux installations permettant la diffusion de musique amplifiée, aux musiciens et orchestres.
→ Mettre en place des mesures pour faciliter la fluidification des sorties des clients.
LUTTE CONTRE LA SURCONSOMMATION D’ALCOOL ET LA CONSOMMATION DE STUPÉFIANTS
→ Se conformer à l’ensemble des dispositions réglementaires et légales en vigueur relatives à la protection des mineurs vis-à-vis de l’alcool.
→ Refuser l’entrée aux personnes manifestement déjà alcoolisées et/ou ayant un comportement inadapté.
→ Apprécier toute situation à risques liée à la consommation d’alcool et/ou de stupéfiant, en référer notamment aux services de police, et prendre toutes les mesures adaptées.
→ Prendre part aux campagnes de sensibilisation (affichage, messages audio ou vidéos…) sur les dangers liés à la consommation d’alcool. ©Margot Dupuis / ville de Dijon
→ Promouvoir les actions de sensibilisation sur les risques liés à la consommation de produits stupéfiants. → Prendre les dispositions nécessaires pour lutter contre toute consommation de stupéfiants au sein de leur établissement.
→ Mettre en place des actions de prévention conduites par des opérateurs validés par les autorités de la santé publique (ARS, Ville…). L
LUTTE CONTRE LE HARCÈLEMENT ET LES COMPORTEMENTS SEXISTES
→ Contribuer aux actions de sensibilisation à l’égalité femmes / hommes.
→ Prendre en charge et accompagner les victimes de comportement ou d’acte d’harcèlement sexuel et/ou sexiste, à travers notamment l’adoption par les établissements du dispositif « ANGELA1 ».
SÉCURITÉ
→ Prendre toutes les dispositions nécessaires afin de préserver le bon ordre dans leur établissement et prévenir d’éventuelles infractions (une vérification de l’âge des clients, la mise en place de systèmes de surveillance, la présence d’équipes de sécurité…).
→ Assurer la présence d’un personnel formé pour refuser l’entrée à toute personne dont l’attitude laisse raisonnablement prévoir un risque de troubles dans l’établissement.
→ Aménager les sorties pour permettre l’évacuation rapide des occupants : issues de secours.
→ Disposer des équipements contre les risques d’incendie et former régulièrement tout le personnel à l’utilisation des moyens de secours.
LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS
→ Lutter contre toutes les formes de discrimination en veillant notamment au respect de ces dispositions par leur personnel.
→ Participer à des actions de sensibilisation en matière de lutte contre les discriminations.
PRÉVENTION ET SANTÉ
→ Mettre à disposition des distributeurs de préservatifs et d’éthylotests, ou indiquer les lieux les plus proches où ces distributeurs sont accessibles.
SÉCURITÉ ROUTIÈRE
→ Inciter la clientèle à stationner les véhicules de manière réglementaire.
→ Sensibiliser la clientèle aux risques liés à la conduite sous l’emprise de l’alcool (apposer des affiches sur le thème de la sécurité, …)
→ Encourager l’utilisation de modes de transports en commun et /ou la commande de taxis, VTC.
→ Mettre à disposition des clients des dispositifs certifiés de dépistage de l’état alcoolique.
LES ENGAGEMENTS DES PARTENAIRES
LA PRÉFECTURE DE LA CÔTE-D’OR S’ENGAGE À :
→ Participer aux actions de sensibilisation à la sécurité routière, de lutte contre les addictions et les discriminations, et de prévention de la délinquance.
→ Mobiliser la Police Nationale sur les objectifs d’« HARMOnuits ».
→ Entretenir des liens réguliers avec les gérants d’établissements, ou leurs représentants, de façon à échanger sur les problématiques de tranquillité publique, et de sécurité.
LA VILLE DE DIJON S’ENGAGE À :
→ Désigner un référent spécifique sur la prévention et la santé.
→ Accompagner les établissements dans l’organisation d’actions de prévention (dans le cadre du contrat local de santé). → Veiller au respect de l’ensemble des règlements, relevant de ses pouvoirs de police (nuisances sonores, atteintes à l’environnement et à l’hygiène, occupation du domaine public, stationnement) et effectuer les contrôles nécessaires (exemple : mesures acoustiques).
→ Communiquer auprès des usagers sur l’existence du label « HARMOnuits ».
→ Valoriser les établissements labellisés et les pratiques.
→ Renforcer la démarche de médiation à destination des établissements pour dynamiser la vie nocturne dans le respect de la charte « HARMOnuits ». → Suivre et évaluer la mise en œuvre et le respect de la Charte « HARMOnuits » par les exploitants signataires à travers le comité de la nuit, composé des services de la Ville de Dijon (directions Tranquilité publique, Santé et Hygiène et Commerce), la Préfecture Côte-d’Or et l’UMIH Côte-d’Or.
→ Faire évoluer la Charte « HARMOnuits » en fonction des nouvelles dispositions réglementées et problématiques rencontrées.
→ Prononcer, en cas de non-respect des dispositions, après médiation et une mise en demeure adressée à l’établissement concerné et restée sans effet, la résiliation du label.
LA CCI CÔTE-D’OR. SAÔNE-ET-LOIRE S’ENGAGE À :
→ Relayer les campagnes d’informations sur « HARMOnuits » à ses adhérents.
→ Valoriser les établissements labellisés.
L’UMIH CÔTE-D’OR S’ENGAGE À :
→ Être un relais d’informations sur la charte à ses adhérents.
→ Soutenir les actions mises en place par les établissements.
→ Promouvoir la charte « HARMOnuits » et participer à la mise en œuvre de la charte par leurs adhérents.
DIVIA MOBILITÉS S’ENGAGE À :
→ Accompagner les noctambules à bord de la ligne Pleine Lune en reliant des pôles principaux de la vie nocturne dijonnais à Mazen-Sully, à des horaires qui ne sont habituellement pas desservis par les transports en commun :
- Un agent de sécurité se trouve à bord afin d’éviter tout débordement et assurer la sécurité des passagers.
- La ligne Pleine Lune évite à certains une sensation de vulnérabilité potentiellement ressentie en rentrant chez soi à pied. Elle dessert un grand nombre d’arrêts et incite également les personnes ne se sentant pas en capacité de prendre le volant d’utiliser ce transport. •
La Pleine Lune relie les arrêts République – Mazen-Sully, en double sens, les nuits du jeudi, vendredi et samedi avec une fréquence de 60 minutes et une amplitude de 1h00 à 5h00 du matin, en période cassis (période scolaire uniquement).
→ Mettre à disposition les flux d’information sur les prochains horaires de départ des bus et tramways, pour être diffusés sur les écrans présents dans certains établissements de nuit, dans un objectif incitatif.
