Dans les salons feutrés d’un hôtel du centre-ville de Dijon, le parti Horizons, fondé par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, a organisé ce samedi 29 juin 2025 sa première convention régionale en Bourgogne-Franche-Comté. L’événement, à la fois stratégique et symbolique, marque une nouvelle étape dans l’installation territoriale du mouvement de centre-droit, à neuf mois des élections municipales de 2026.
En présence d’une cinquantaine de délégués venus des quatre coins de la région – les cadres régionaux du parti ont présenté les grandes lignes de la feuille de route municipale, confirmant que Dijon et Besançon seront deux des grandes batailles à livrer pour Horizons dans les mois à venir.
Dijon, un lieu hautement stratégique
Ce n’est pas un hasard si la cité des ducs de Bourgogne a été choisie pour accueillir cette première convention régionale. Comme l’a rappelé Alain Chrétien, référent régional et maire de Vesoul, Dijon fut déjà le théâtre, en 2022, de la première réunion interne régionale du parti. Trois ans plus tard, l’étape dijonnaise acte le passage de la structuration à l’action.
« Le parti devait s’ancrer dans les territoires, c’est désormais chose faite », a déclaré Chrétien en ouverture de la journée. Aujourd’hui, Horizons revendique entre 500 et 600 adhérents en Bourgogne-Franche-Comté, répartis en 250 comités communaux, signe d’un maillage territorial désormais consolidé.
Autour de lui, plusieurs figures locales du mouvement : Ludovic Rochette, maire de Brognon, conseiller régional et délégué départemental de Côte-d’Or, ainsi que Henri-Bénigne de Vregille, délégué communal à Dijon et conseiller municipal d’opposition.
Édouard Philippe : une montée en puissance méthodique
Si Édouard Philippe n’était pas physiquement présent à Dijon, son influence a plané sur la convention. Le 17 mai dernier à Marseille, le président d’Horizons réunissait 1 500 militants et sympathisants des régions Sud, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Corse et Bourgogne-Franche-Comté pour exposer sa vision de la justice et ses ambitions pour 2027.
« Édouard Philippe est quelqu’un qui prend son temps, qui prépare les choses, et qui monte crescendo en puissance », a souligné Alain Chrétien. « Son livre Le prix de nos mensonges est un acte de lucidité politique. Il ose dire ce que beaucoup taisent, sur les failles du système, les compromissions collectives. »
Pour l’élu vésulien, plus personne ne peut désormais ignorer le rôle d’Horizons dans le paysage politique : « Tout le monde se positionne par rapport à Édouard Philippe, à gauche ou à droite. Horizons est désormais une force avec laquelle il faut compter. »
Besançon : l’union au centre pour déloger la gauche
Parmi les cibles prioritaires du parti figure Besançon, dirigée depuis 2020 par la maire écologiste Anne Vignot (EELV). Horizons y a désigné un chef de file : Éric Delabrousse, médecin au CHRU et personnalité en plein essor localement.
« Il est d’une énergie impressionnante, très structurant, il tient des réunions chaque mois avec plus de 70 personnes pour bâtir un projet municipal solide », s’est enthousiasmé Alain Chrétien. L’objectif ? Construire une coalition large, allant de Renaissance au MoDem, jusqu’aux Républicains, en passant par Horizons.
Chrétien souhaite éviter à tout prix un nouveau mandat de la gauche bisontine : « Si nous sommes unis, nous pouvons faire basculer Besançon. En 2020, la maire sortante n’avait que 600 voix d’avance, dans un contexte de forte abstention. Aujourd’hui, la gauche est divisée, avec des tensions entre PS et LFI. C’est le moment ou jamais. »
Dijon : vigilance face à LFI, appel à la responsabilité du bloc central
À Dijon, où la majorité municipale de gauche semble consolidée autour de François Rebsamen, c’est l’influence croissante de La France insoumise qui inquiète les responsables d’Horizons.
« LFI est une menace pour la République et la cohésion nationale », dénonce Alain Chrétien. « Je ne dis pas que le RN n’est pas une menace, mais dans notre région, les équilibres montrent que la poussée insoumise est plus forte et plus déstabilisante. »

Ludovic Rochette complète : « À Dijon, il faudra absolument dialoguer avec nos partenaires naturels du bloc central. Si chacun reste dans son couloir, on offrira la ville à une gauche fracturée mais opportuniste. Il faudra des compromis. »
Une carte électorale bien remplie
Horizons peut déjà s’appuyer sur plusieurs maires sortants pour les échéances de 2026, parmi lesquels :
- Laurence Porte (Montbard, ex-UDI)
- Catherine Sadon (Semur-en-Auxois, HOR)
- Crescent Marault (Auxerre, ex-LR)
- Sylvie Le Hir (Valdahon, ex-LREM)
D’autres villes sont également ciblées comme Mâcon, Sens ou Saint-Apollinaire, où Horizons bénéficie d’alliés chez les LR. À l’inverse, Beaune inquiète : « C’est un vrai sujet, admet Ludovic Rochette. Les Républicains se divisent, et le RN lorgne clairement la ville. »
Vers une recomposition régionale post-Dufay ?
La démission récente de Marie-Guite Dufay (PS) de la présidence de la région Bourgogne-Franche-Comté pourrait accélérer une recomposition des oppositions.
Ludovic Rochette évoque une reconfiguration possible des groupes régionaux : dissensions chez LR, non-inscrits en recherche de repères, élus progressistes en mouvement. Des figures comme Gérald Gordat (HOR) ou Catherine Sadon (HOR) pourraient jouer un rôle charnière.
« Ce que nous faisons au niveau national, ce que nous commençons à faire dans les villes, nous devons aussi le faire au niveau régional », plaide Rochette. Alain Chrétien conclut dans le même esprit : « Travaillons sur ce qui nous rassemble plutôt que sur ce qui nous divise. À condition, bien sûr, que ce soit réciproque. »
Avec cette convention régionale, Horizons confirme son ambition : devenir un acteur incontournable du bloc central, ancrer ses réseaux dans les territoires et préparer sérieusement l’après 2026. En ligne de mire, les grandes villes bourguignonnes, mais aussi l’échéance présidentielle de 2027. Le parti d’Édouard Philippe, prudent mais organisé, avance ses pions. Et entend bien peser.
Édouard Philippe publie Le prix de nos mensonges : un électrochoc politique
Ancien Premier ministre et figure montante du centre-droit, Édouard Philippe frappe fort avec son dernier essai politique, Le prix de nos mensonges, un court texte aussi lucide que percutant. Dans ce livre publié à un moment charnière de sa trajectoire, celui qui est désormais l’un des favoris pour l’échéance présidentielle de 2027 invite les Français à regarder la réalité en face, sans fard ni fictions.
« Nous nous racontons des histoires », écrit-il en ouverture. Des histoires confortables, rassurantes, parfois héroïques, mais souvent éloignées de la vérité du monde. Pour Philippe, ce refus collectif de lucidité empêche la France de se réformer, de s’adapter aux mutations économiques, technologiques et géopolitiques. Pendant que d’autres pays innovent et anticipent, nous débattons dans l’entre-soi, incapables de trancher.
Le prix de nos mensonges est donc un appel à la vérité, même lorsqu’elle dérange. L’auteur y prône une remise en question franche, loin des postures politiques et des consensus tièdes. « Dire ce qui est, pour faire ce qu’il faut » : telle est sa ligne de conduite.
Décrit par Nicolas Demorand comme un « court livre incisif, percutant, nerveux » (France Inter), l’essai fait déjà parler de lui dans les cercles médiatiques et politiques. Le Point n’hésite pas à le qualifier de « livre choc du favori de la présidentielle », confirmant que cet ouvrage est autant un diagnostic qu’un signal de départ.
En somme, Le prix de nos mensonges n’est pas seulement un pamphlet contre les illusions collectives : c’est un manifeste pour une nouvelle méthode de gouvernement, directe, assumée, et résolument tournée vers l’action.
