La venue de Shein à Dijon n’est pas passée inaperçue. L’ouverture d’une boutique éphémère de l’enseigne de fast-fashion rue Piron, le jeudi 26 juin, a provoqué une vive réaction. La vitrine a même été vandalisée dans la nuit, recouverte de tags dénonçant l’implantation temporaire du géant chinois dans le centre-ville. Pour certains Dijonnais, ce pop-up store représente une provocation, à l’heure où la marque est accusée de pratiques commerciales douteuses et de lourdes atteintes environnementales.
Cette controverse locale s’inscrit dans un contexte national tendu pour la marque. Ce jeudi 3 juillet, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a infligé à Shein une amende historique de 40 millions d’euros. Le motif : des pratiques commerciales trompeuses, notamment autour de ses politiques de réduction de prix.
Selon les conclusions de l’enquête, la société Infinite Style Ecommerce LTD (ISEL), qui gère les ventes de Shein, aurait gonflé artificiellement certains prix avant d’y appliquer des réductions soi-disant alléchantes. Dans 11 % des cas étudiés, les « promotions » étaient en réalité des hausses de prix déguisées. Pire encore, 57 % des annonces vérifiées n’affichaient aucune réelle baisse, et 19 % offraient une réduction inférieure à celle annoncée.
L’amende, acceptée par Shein à l’issue d’une procédure de transaction avec l’accord de la procureure de la République de Paris, établit un record en France pour ce type d’infraction. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a salué cette décision sur le réseau X, exprimant son soutien total à la sanction.
Présente en France depuis 2015, Shein connaît une croissance fulgurante, notamment auprès des jeunes. Mais la marque est également critiquée pour son impact environnemental, ses conditions de travail dénoncées comme indignes, et une concurrence jugée déloyale envers le commerce local.
À Dijon, cette présence éphémère a ravivé le débat sur la place que de telles enseignes doivent – ou non – occuper dans nos centres-villes. Pour les opposants, Shein symbolise une économie mondialisée qui tourne le dos à la transition écologique et aux droits fondamentaux des travailleurs.
La réaction de SHEIN à la suite de l’annonce de l’amende de la DGCCRF :
« À la suite d’une enquête menée en 2023 par la DGCCRF, la société INFINITE STYLE ECOMMERCE Co Ltd, qui commercialise les articles de la marque SHEIN, a été informée de plusieurs manquements relatifs aux prix de référence et aux réductions de prix, ainsi qu’aux exigences en matière de réglementation environnementale (notamment l’obligation d’indiquer la présence de microfibres plastiques dans les produits et/ou l’interdiction d’allégations vagues ou partielles sur leur impact environnemental). Dès la notification de ces éléments par la DGCCRF en mars 2024, ISEL a mis en œuvre sans délai les actions correctives nécessaires, achevées dans un délai de deux mois, conformément aux nouvelles réglementations entrées en vigueur en 2022 et 2023. L’ensemble des points soulevés a donc été traités depuis plus d’un an. Ces ajustements n’ont eu aucun impact sur les prix finaux proposés aux consommateurs, l’accessibilité de la mode pour toutes et tous restant notre priorité. ISEL prend très au sérieux ses obligations légales et réglementaires en France, et reste pleinement engagé en faveur de la transparence et du respect de la réglementation française. »