La récente déclaration de François-Xavier Dugourd, président des Républicains de Côte-d’Or, en faveur d’une alliance avec Renaissance pour les élections municipales de mars 2026, continue de susciter de vives réactions au sein de la droite. À Chalon-sur-Saône, le maire LR Gilles Platret n’a pas mâché ses mots, fustigeant une initiative qu’il juge « scandaleuse » et « indigne« .
« On est stupéfait d’apprendre qu’à Dijon, une partie de la droite républicaine serait prête à servir de marchepied à l’accession de Fadila Khattabi aux fonctions de maire ! », s’est insurgé le maire chalonnais. Pour lui, une telle alliance est en contradiction flagrante avec les principes affichés par les Républicains : « Que LR fasse alliance avec des macroniens pure souche, alors qu’on nous serine toute la journée que la droite républicaine n’est pas soluble dans le macronisme, c’est une chose qui d’emblée fait grandement sursauter. »
Mais selon lui, la ligne rouge serait franchie si cette union électorale devait inclure l’ancienne ministre Fadila Khattabi, désormais figure locale de Renaissance : « Dans une liste municipale avec Madame Khattabi, toutes les bornes seraient dépassées. »
Gilles Platret s’appuie sur des faits qu’il juge particulièrement préoccupants pour étayer sa position. Il rappelle notamment la participation de Mme Khattabi, alors ministre en mai 2024, aux « Journées du Savoir » organisées à Dijon par l’imam Mohamed Ateb, dont les liens présumés avec la confrérie des Frères musulmans ont été l’objet d’enquêtes journalistiques approfondies, menées dès 2021 par Maxence Champenier, Francis Mateo et Emmanuel Razavi.
Selon ces journalistes, Mohamed Ateb aurait accueilli lors de ses événements « des personnalités des plus troublantes », comme Abdallah Bin Mansour, dirigeant de la Federation of Islamic Organisations in Europe, mais aussi Karim Menhoudj de l’UOIF, organisation également liée aux Frères musulmans. Gilles Platret va plus loin : « En 2016, [Ateb] modérait même une table ronde pendant le colloque annuel de l’UOIF en compagnie de Larbi El Bichri et Ahmed Jaballah, tous deux conférenciers à l’Institut européen des Sciences humaines, dont l’État est en train de dissoudre l’antenne de Château-Chinon précisément en raison de ses accointances avec cette mouvance. »
Pour lui, la présence de Mme Khattabi à ces journées, en tant que ministre, ne relève pas de l’ignorance : « En fait de journées du savoir, elle ne pouvait donc pas ne pas savoir qui était Monsieur Ateb à cette date. Par sa présence en tant que ministre à ses côtés, elle lui a sciemment servi sur un plateau une véritable légitimation. »
Le maire de Chalon-Sur-Saône met également en cause les positions de Mme Khattabi vis-à-vis du régime algérien. Il cite notamment une tribune co-signée par celle-ci dans Le Monde, aux côtés de Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, dans laquelle les deux auteurs affirment refuser de se prononcer dans les tensions diplomatiques entre Paris et Alger. « Tribune dans laquelle ces binationaux franco-algériens refusent absolument de prendre partie […] alléguant lâchement qu’ils ne seront jamais les « pièces détachables de nations concurrentes » », dénonce Gilles Platret.
Enfin, il critique son silence autour de la détention de l’écrivain Boualem Sansal : « Alors que notre compatriote est détenu arbitrairement dans les geôles d’Alger depuis 233 jours, Madame Khattabi n’a toujours pas trouvé le temps de condamner cette injure faite à la Littérature, à la Liberté et à la France. »
Pour Gilles Platret, l’heure est grave : « Et voici que certains LR de Côte-d’Or voudraient à présent se ranger sous cette bannière indigne ? Espérons que cette idée scandaleuse va s’évanouir bien vite. »
Emmanuel Bichot, président du mouvement Agir pour Dijon et déjà candidat à Dijon, n’a pas manqué de réagir à la déclaration de Gilles Platret via sa page Facebook : « Je partage le même étonnement et la même indignation que Gilles Platret devant ce projet dangereux. Agir pour Dijon, avec Emmanuel Bichot invite les Républicains à l’écarter très vite. Le seul projet alternatif est une alliance au sein de la liste de droite que je conduirai pour remettre de l’ordre à Dijon, dans de nombreux domaines. ».