« La balle est maintenant dans le camp du Premier ministre. » Vendredi 19 septembre, l’intersyndicale a lancé un ultimatum à Sébastien Lecornu, au lendemain d’une mobilisation qui a rassemblé entre 500 000 et un million de personnes. Les huit organisations signataires (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) préviennent : sans réponse d’ici au mercredi 24 septembre, elles se réuniront pour décider d’une nouvelle journée de grève et de manifestations.
Une intersyndicale satisfaite… mais contestée
Les responsables syndicaux saluent le « succès » de la mobilisation, qu’ils estiment révélatrice de « la colère et de la détermination des salariés ». Mais cette lecture triomphante ne convainc pas partout. Sur le terrain, une partie des militants reproche à leurs dirigeants de freiner le mouvement.
Pour beaucoup, les annonces de l’intersyndicale ressemblent à une stratégie d’attente. « Après les succès des mobilisations des 10 et 18 septembre, elle parle d’une nouvelle journée peut-être en octobre, comme si le gouvernement allait céder à des journées saute-mouton tous les 15 jours », dénonce un militant sur les réseaux sociaux.
La base pousse vers la radicalisation
Cette critique traduit une fracture croissante entre les états-majors syndicaux, partisans du dialogue social, et une base qui réclame un rapport de force plus direct. « L’intersyndicale protège le gouvernement et le grand patronat », accusent certains messages. D’autres appellent ouvertement à « rompre avec cette intersyndicale de trahison » et à rejoindre la mobilisation prévue le 21 septembre.
L’idée d’une grève générale fait son chemin dans les discussions militantes, en opposition à la stratégie graduelle des directions. Le risque pour les organisations syndicales est donc double : voir s’éroder la confiance de leur base, et se retrouver dépassées par un mouvement social qu’elles ne maîtriseraient plus.
Le gouvernement temporise
De son côté, le Premier ministre tente d’apaiser le climat. Sébastien Lecornu a annoncé vouloir « poursuivre le dialogue » et s’est engagé à recevoir à nouveau les syndicats. Il assure que les revendications pour plus de justice sociale et fiscale sont « au cœur » des consultations en cours.
Mais l’ultimatum du 24 septembre laisse planer une incertitude : le mouvement social suivra-t-il le tempo fixé par l’intersyndicale, ou la base parviendra-t-elle à imposer sa propre dynamique ? Soyons clairs : la réponse est non. La base n’a pas aujourd’hui la force suffisante pour renverser la vapeur, et le mouvement s’enlise, c’est indéniable. Les révolutionnaires voient rouge — et à juste titre.