Ce vendredi après-midi, la Place de la République accueillera un rassemblement symbolique et déterminé : de 14h à 16h, le Mouvement associatif Bourgogne–Franche-Comté (BFC) invite bénévoles, salariés, citoyens et élus à se mobiliser pour défendre le monde associatif. Ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre de la mobilisation nationale du 11 octobre, orchestrée par Le Mouvement associatif, sous le mot d’ordre devenu viral : “Ça ne tient plus !”
Un secteur essentiel en péril
Derrière cette journée d’action se cache un constat alarmant. Les associations françaises, fortes de 20 millions de bénévoles et 1,8 million de salariés, jouent un rôle vital dans la cohésion sociale du pays. Elles agissent dans les domaines du sport, de la culture, de l’éducation, de la santé, de la solidarité, de l’environnement, et bien d’autres.
Elles représentent 3 % du PIB, emploient 11 % des salariés du privé et constituent souvent le premier lien entre les citoyens et les services publics.
Pourtant, leur modèle économique s’effondre. Depuis vingt ans, la part des subventions publiques a chuté de 41 %, remplacée par une logique de commandes publiques et d’appels à projets qui met les structures en concurrence les unes avec les autres. “On nous demande de faire toujours plus avec toujours moins. Les associations ne peuvent pas survivre sans un soutien fort et stable de l’État et des collectivités”, déplore Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif national.
Une précarité grandissante
Les chiffres tirés de l’enquête nationale menée par Le Mouvement associatif, Hexopée et le RNMA (mars 2025) révèlent une situation critique :
- 31 % des associations employeuses disposent de moins de trois mois de trésorerie ;
- 28 % ont déjà diminué leurs activités ;
- 18 % ne remplacent plus les départs de salariés ;
- 8 % envisagent un plan de sauvegarde.
Selon l’UDES, les coupes budgétaires prévues dans le budget 2025 menacent 186 000 emplois dans l’économie sociale et solidaire. Le BODACC recense déjà 1 052 procédures collectives en 2025, dont 462 liquidations – un chiffre deux fois supérieur à celui de 2022.
“Nous assistons à une véritable hémorragie”, alerte Fula Mesika, chargée de communication du Mouvement associatif. “Ce sont des associations de proximité, des clubs, des centres culturels, des structures d’accueil qui disparaissent. Et avec elles, des services essentiels à la population.”
À Dijon, un appel à la mobilisation citoyenne
Le Mouvement associatif Bourgogne–Franche-Comté a choisi d’anticiper la journée nationale de grève avec un rassemblement ce vendredi 10 octobre, de 14h à 16h, Place de la République à Dijon.
Titre de la fiche : Rassemblement Place de la République
Date : Vendredi 10 octobre 2025
Horaires : 14h–16h
Organisé par : Le Mouvement associatif BFC
Sur place, sont attendus :
- des représentants de nombreuses associations régionales (culture, jeunesse, social, sport, écologie) ;
- des salariés et bénévoles venus témoigner des difficultés rencontrées ;
- et des élus locaux venus apporter leur soutien.
Des prises de parole, des lectures et des performances artistiques ponctueront la mobilisation. L’événement se veut citoyen, festif mais résolument engagé, pour rappeler l’urgence de la situation.
Des revendications claires et urgentes
Le Mouvement associatif formule plusieurs revendications nationales :
- Pas un euro de moins pour les associations.
- Un plan d’urgence pour stabiliser le financement public et sécuriser la trésorerie des structures.
- Une simplification des procédures administratives et des appels à projets.
- Une reconnaissance politique de la vie associative comme pilier de la République.
Ces demandes font suite à des années d’alertes restées sans réponse. Depuis le cri du cœur des Restos du Cœur en 2023 jusqu’à la tribune signée par plus de 1 000 associations, les signaux d’alarme se multiplient. Mais les réponses gouvernementales se font attendre.
Une mobilisation nationale d’ampleur
La journée du 11 octobre 2025 marquera un tournant historique : des rassemblements auront lieu dans toutes les régions de France, de Lille à Bordeaux, de Morlaix à Pau, sans oublier Paris, où un grand événement est prévu Place Stalingrad de 14h à 17h. Concerts, brunchs associatifs, happenings et marches citoyennes rythmeront cette journée d’unité. Le site officiel canetientplus.org recense l’ensemble des actions et permet de suivre la mobilisation en temps réel.
Une question de société : peut-on affaiblir les associations sans briser le lien social ?
Les organisateurs posent une question essentielle : “À l’heure où la pauvreté progresse, où les inégalités s’aggravent, où le dérèglement climatique s’accélère et où les tensions sociales s’exacerbent, peut-on se permettre d’affaiblir les structures qui tissent le lien social et agissent pour la solidarité ?”
Les associations rappellent qu’elles ne sont pas de simples prestataires, mais des acteurs du bien commun, porteurs d’une vision citoyenne et humaniste.
Dijon, un symbole parmi d’autres
En organisant son rassemblement le 10 octobre, Dijon ouvre la marche d’une mobilisation nationale qui s’annonce massive. Les participants y défendront la solidarité, l’engagement bénévole et la démocratie locale, autant de valeurs que le secteur associatif fait vivre chaque jour sur le terrain. “Les associations ne réclament pas des privilèges, mais les moyens de continuer à agir pour les autres”, conclut Claire Thoury. “Sans elles, ce sont nos territoires, notre cohésion sociale et notre humanité qui vacillent.”
