Le grand reporter Emmanuel Razavi a été auditionné, ce mardi 28 octobre, par la commission d’enquête parlementaire sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations ou réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste. Devant les députés, le journaliste d’origine iranienne a livré un témoignage dense et précis, évoquant notamment la présence d’agents étrangers et de réseaux fréristes en Bourgogne, ainsi que des proximités politiques locales jugées inquiétantes.
Une audition sous haute attention
Ces auditions parlementaires, destinées à informer et à contrôler l’action publique, permettent aux députés d’entendre des spécialistes afin de mieux cerner les risques idéologiques et sécuritaires. Invité pour ses travaux sur les réseaux fréristes et l’ingérence iranienne, Emmanuel Razavi a présenté le fruit de plus de vingt-cinq années d’enquêtes.
Au cours de son intervention, le journaliste a évoqué des connexions entre certains responsables politiques locaux et des acteurs religieux issus de la mouvance des Frères musulmans. S’il n’a pas cité de noms, ses propos ont été largement compris comme faisant référence à François Rebsamen, ancien maire socialiste de Dijon, à Fadila Khattabi, députée et ancienne ministre, et à Mohamed Ateb, président de la JMFB (Jeunes Musulmans de France – Bourgogne), figures régulièrement mentionnées dans la presse régionale pour leurs relations avec le tissu associatif musulman local. Son audition fut reprise par plusieurs médias nationaux, comme BFMTV ou encore CNews.
Un agent des services iraniens arrêté à Dijon
Le journaliste a ensuite révélé un épisode marquant survenu à Dijon : « Récemment, il y a un an et demi, installé à Dijon devant, je crois durant deux ans, deux ans et demi, un agent en fait de haut niveau de la force Al-Quds, Bashir Bihazar, a été arrêté. Il était installé dans la capitale bourguignonne et il avait pour mission en fait d’y surveiller les opposants iraniens qui y sont installés. Il y a une très forte diaspora iranienne à Dijon, j’en parle en connaissance de cause, étant d’origine iranienne, j’ai grandi à Dijon. Il avait aussi la mission de faire la promotion des proxys palestiniens de terrain dans les milieux universitaires. »
Selon Razavi, cet agent des services iraniens évoluait dans un “écosystème particulier”, mêlant activistes islamistes et personnalités locales. « Tout ça, je l’ai raconté en spécifiant que ce monsieur avait évolué à Dijon dans un écosystème qui était très particulier parce que Dijon, évidemment c’est la Bourgogne et la Bourgogne vous savez qu’il y a l’IESH. »
L’IESH, une institution sous surveillance depuis des années
L’Institut européen des sciences humaines (IESH), situé près de Château-Chinon, est depuis longtemps surveillé par les services de renseignement. Emmanuel Razavi rappelle son rôle central dans la formation d’imams proches des Frères musulmans : « L’IESH, c’est cet institut frériste qui a été fermé sur lequel moi j’avais enquêté pas mal depuis 25 ans et qui était un institut des frères musulmans dont on sait, puisque des policiers du renseignement moins me l’ont dit il y a des années, que plusieurs personnes qui ont été formées là sont parties rejoindre les rangs du djihad international. » D’après notre confrère, la capitale bourguignonne serait restée un foyer d’influence islamiste.
Un imam influent et des relations politiques assumées
Toujours selon le grand reporter, un imam local, qu’il décrit comme “en apparence modéré”, aurait su gagner la confiance du milieu politique et institutionnel : « Dijon, je vous l’ai dit, forte présence frériste avec les réseaux de l’IESH mais aussi en raison de la présence d’un imam qui depuis des années jouit de ses bonnes relations avec l’ancien maire de la ville, l’ancien maire socialiste, je sais qu’il faut pas dire de nom mais chacun aura reconnu, l’islamiste en apparence soft parce que très élégant, tous les islamistes ne portent pas des kalachnikov et cet imam donc a permis à ses idées de prospérer en se faisant accepter du tissu politique et institutionnel et surtout en usurpant parfois des fonctions, notamment celles de représentants du culte musulman pour la région Bourgogne parce que vérification en fait il y a quelques années il n’était pas alors qu’il se présentait comme tel à la préfecture et les autorités publiques n’ont rien trouvé à y redire visiblement, en tout cas jusqu’à présent. »
Le journaliste évoque également des connexions politiques nationales : « À Dijon, récemment, on voyait cet imam frériste posé en photo sur Twitter aux côtés d’une ancienne ministre macroniste, membre du parti Renaissance, ex-député qui assumait publiquement sa présence à l’un de ses événements. Ce n’était pas la première fois qu’elle y allait, elle y avait déjà été précédemment en présence d’ailleurs d’une des grandes figures européennes des frères musulmans, ça avait été raconté dans la presse, ça ne l’a pas gêné à y retourner et en plus elle assume. »
Une menace pour la sécurité nationale
Dans la dernière partie de son intervention, Emmanuel Razavi a mis en garde contre la coopération croissante entre services de renseignement étrangers et réseaux islamistes en France : « Pour les services secrets iraniens, et peut-être en parlerons-nous, et leurs alliés algériens parce qu’aujourd’hui les services secrets algériens coopèrent de plus en plus sur le territoire français avec les services secrets iraniens, je le dis, ce genre de compromissions avec les frères musulmans, c’est évidemment une aubaine pour eux, mais c’est aussi un véritable danger pour la sécurité de notre République. »
Un témoignage à fort retentissement
Cette audition parlementaire, marquée par la gravité des propos d’Emmanuel Razavi, intervient dans un climat politique tendu autour de la question des influences étrangères et de l’islamisme politique. Les députés de la commission d’enquête poursuivront leurs travaux dans les semaines à venir, avant de présenter un rapport final attendu d’ici la fin de l’année.
