À l’occasion de la publication d’une nouvelle étude nationale et de la mise à jour de sa carte interactive sur la qualité de l’eau potable, l’UFC-Que Choisir de Côte-d’Or tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. L’association de consommateurs dénonce la persistance de polluants chimiques dans l’eau du robinet du département, l’insuffisance de la protection des ressources locales et l’explosion à venir du prix de l’eau, qui repose presque exclusivement sur les usagers. Elle lance aujourd’hui une nouvelle campagne baptisée « #LaGoutteDeTrop », pour réclamer des mesures fortes et structurelles.
Des pollutions anciennes… mais toujours présentes
L’analyse menée par l’association sur une période de 30 mois met en évidence plusieurs situations de non-conformité dans les réseaux d’eau potable du département. Une pollution principalement liée aux pesticides agricoles utilisés par le passé, aujourd’hui interdits mais dont les métabolites persistent durablement dans les nappes.
« Il ne s’agit pas d’un constat de dégradation des pratiques actuelles, mais de la longue traîne de décennies d’usage massif de pesticides chimiques », précise l’association.
À cela s’ajoute une inquiétude grandissante autour des PFAS, les « polluants éternels », encore très peu recherchés en Côte-d’Or. Malgré ce faible nombre d’analyses, leur présence est déjà attestée dans plusieurs zones du département. L’UFC souligne également que l’eau en bouteille n’offre pas non plus de solution miracle : les récents scandales touchant Nestlé Waters et Sources Alma, ainsi que la présence de microplastiques, en ont montré les limites — pour un prix jusqu’à 300 fois supérieur à celui du robinet.
Des captages mal protégés et des plans d’action insuffisants
Au-delà du constat, l’association critique une réglementation « clairement insuffisante » en matière de protection de la ressource. Parmi les 375 captages du département, seuls 85 % bénéficient de périmètres de protection, un chiffre jugé trop faible par les membres du CoDERST et des commissions locales de l’eau.
Quant aux zones où des plans d’action existent, ceux-ci sont jugés peu ambitieux. Les agriculteurs volontaires doivent y réduire l’usage d’engrais et de pesticides, mais selon l’UFC-Que Choisir, ces engagements ne permettent pas une réelle transition agro-écologique.
L’association rappelle qu’ailleurs, des démarches plus exigeantes existent déjà : à Lons-le-Saunier, seule l’agriculture biologique est autorisée dans les zones les plus sensibles, pour un coût limité à 3 centimes par m³ d’eau distribuée.
Vers une envolée du prix de l’eau : les consommateurs en première ligne
Si l’eau du robinet demeure potable grâce aux traitements, c’est « parce que les consommateurs paient la note », déplore l’UFC-Que Choisir. Le rapport du CESE de 2023 évoque une hausse « inéluctable » du prix de l’eau, et la FNCCR estime même que les tarifs pourraient doubler d’ici 2035.
Les coûts déjà colossaux liés à la dépollution des pesticides et nitrates – plus d’un milliard d’euros par an en France – pourraient exploser avec l’arrivée de nouveaux contaminants comme les PFAS, difficiles et coûteux à filtrer. Les petites collectivités seraient particulièrement fragilisées.
« La Goutte de Trop » : l’UFC demande une application réelle du principe pollueur-payeur
Pour que les habitants ne soient plus les seuls à financer la dépollution, l’association réclame une réforme profonde du financement de la gestion de l’eau, fondée sur le principe pollueur-payeur. L’UFC demande notamment :
1. Un renforcement des procédures d’autorisation des pesticides
- Création d’un budget dédié permettant à l’Anses de conduire des études toxicologiques indépendantes.
- Identification et publication par les fabricants de l’ensemble des métabolites issus des substances actives.
- Restrictions d’usage spécifiques sur les aires d’alimentation des captages en fonction de leur dangerosité.
2. Une véritable protection préventive des captages
- Délimitation systématique des aires de protection.
- Mise en œuvre de mesures de protection obligatoires dans les zones les plus sensibles.
- Contrôles réguliers pour vérifier le respect des engagements.
Pour l’UFC-Que Choisir de Côte-d’Or, l’enjeu est urgent : prévenir plutôt que traiter, protéger plutôt que dépolluer. « Les consommateurs refusent de payer seuls les conséquences des pollutions qu’ils subissent », conclut l’association, déterminée à faire bouger les lignes avec cette nouvelle campagne.
