Pour Violette Richard-Andrieu, Co-secrétaire départementale de la CGT Educ’Action 21, il faut agir : « Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’économies, et l’éducation nationale est directement touchée puisqu’on demande à l’éducation nationale de rendre 700 millions d’euros. Ce budget aurait dû servir notamment à la création de postes pour mettre en place le fameux choc des savoirs annoncé par Gabriel Attal. À la CGT éducation, nous sommes contre les groupes de niveau car ils renforcent le tri social et les inégalités sous couvert d’un discours égalitariste de renforcement des savoirs, etc. En plus des suppressions annoncées, il n’y aura aucune création de poste. Néanmoins, cette réforme est maintenue. Hier, il y a eu un webinaire avec Gabriel Attal, Nicole Belloubet et les chefs d’établissement, durant lequel le Premier ministre a réaffirmé que cette réforme serait maintenue et que finalement, le financement se fera au cas par cas, établissement par établissement, laissant de fait une grande marge d’autonomie aux établissements. Nous avons un cadre national très flou et des établissements qui ne fonctionneront pas de la même manière en fonction des dotations, puisqu’il n’y a pas d’égalité sur le sujet. Ce qui est très intéressant dans ce webinaire, c’est que cela a provoqué la colère des chefs d’établissement, qui estiment eux-mêmes que c’est une machine à gaz, impossible à mettre en place sans créer des emplois du temps hyper complexes. De plus, dans les textes, il sera ajouté qu’un élève peut participer à des groupes de niveau, puis retourner en classe entière, selon l’évolution de son niveau, etc. C’est du flou total, c’est juste une façon de dire qu’il faut faire du neuf avec du vieux, en remettant en place les groupes de niveau et en menaçant le collège unique. Et cela n’est qu’un aspect, puisqu’après, on peut parler des conditions de travail, de la multiplication des dépressions et de l’absence d’augmentation des salaires. Il y a aussi la mise au pas de la jeunesse à travers le SN U et les expérimentations de l’uniforme, les injonctions à ne pas faire de vagues. Si on pense à tous les établissements qui sont très bienveillants à l’égard des élèves, il y a très peu de conseils de discipline, même si ce n’est pas une solution en soi. Tout cela pour dire qu’aujourd’hui, les collègues sont atterrés. Ils en ont ras-le-bol, et nous appelons tous les personnels à se mobiliser« .
Pour Christine Pelletier, Secrétaire Générale du syndicat CFDT Santé Sociaux de Côte d’or et Fabienne SENOBLE, secrétaire de la Section CFDT CHU les chose sont clair : « L’hôpital en a assez des réformes et des injonctions, tout comme dans l’éducation nationale. Nous voulons des moyens pour assurer le service public de santé et l’ensemble de ses missions, et surtout fidéliser son personnel. Comme vous le savez, la dégradation des conditions de travail et des salaires peu attractifs sont responsables des défauts de recrutement et des départs massifs de soignants et d’autres personnels. Il manque non seulement des soignants comme les infirmières, les médecins, les sages-femmes et les kinésithérapeutes, mais aussi des administratifs, des techniciens et des directeurs. Cette carence en directeurs est grave car elle entraîne de gros problèmes de gouvernance. Le secteur hospitalier se dégrade à vue d’œil faute d’attractivité et de financement à la hauteur de ses besoins, d’autant plus que ses besoins augmentent avec le vieillissement de la population et la hausse des maladies chroniques. Il faut de la médecine de ville, car pendant des années, nous avons limité le numerus clausus, et nous payons maintenant 30 ans de politique désastreuse. Il faut recruter pour être attractif, augmenter les salaires pour être attractif, et améliorer les conditions de travail pour être attractif. C’est là que réside la spirale de bon fonctionnement, et pour l’instant, nous sommes dans une spirale globale de dégradation ». Christelle Pelletier prend l’exemple de l’hôpital François Mitterrand à Dijon : « Au CHU de Dijon, et dans de nombreux hôpitaux, des interventions sont reportées car les infirmières quittent les services et il n’y a plus personne pour opérer dans les blocs, donc les médecins du CHU vont parfois opérer à Bénin Joly dans le privé. Voilà le service public. Il y a aussi des prises en charge qui sont différées. Tout le monde a eu quelqu’un aux urgences ou une personne âgée dans sa famille qui a attendu 12 heures sur un brancard. Il y a des jeunes aussi qui attendent dernièrement. Il y a eu un événement indésirable le 18 février, et il y en a eu d’autres. Un chirurgien a fait une alerte à la direction. Une intervention a été reportée, une urgence digestive, parce qu’il n’y avait pas d’infirmière de bloc ».
Christophe Benoît, représentant du syndicat UNSA Police en Bourgogne Franche-Comté et secrétaire de l’interprofessionnelle pour la Côte-d’Or, met en lumière les défis auxquels sont confrontés les agents de la fonction publique. Il souligne que la catégorie C, qui constitue la base de la grille salariale, est alignée sur le SMIC. Ainsi, lorsque le SMIC augmente, les salaires des fonctionnaires sont également augmentés, ce qui pourrait donner l’impression que les fonctionnaires bénéficient de privilèges.
Pourtant, dans la réalité, les agents du service public font face à une baisse progressive de leurs rémunérations. Cette situation rend le recrutement de personnel de plus en plus difficile. Christophe Benoît insiste sur l’idée que le public et le privé ne devraient pas être considérés comme des mondes distincts. Le service public est essentiel pour servir l’ensemble de la population, et il est donc crucial de traiter ses agents avec respect et équité.
Il souligne également que si la fonction publique continue de décliner, cela aura des répercussions néfastes sur l’ensemble de la société française. Il est donc impératif que la population prenne conscience de l’importance de soutenir et de valoriser le service public, garant de l’intérêt général et du bien-être de tous.
Karine MILLE, secrétaire générale de l’UNSA du conseil départemental de la Côte-d’Or, offre un éclairage essentiel sur les défis rencontrés par la fonction publique territoriale. En tant qu’adjointe à Christophe Benoît au sein de l’Interpro, elle met en avant les spécificités et les difficultés auxquelles font face les agents territoriaux. Elle souligne tout d’abord une réalité souvent ignorée : contrairement à d’autres branches de la fonction publique, la fonction publique territoriale ne garantit pas les mêmes rémunérations pour des grades et échelons équivalents. Cette disparité se manifeste notamment à travers les primes, définies de manière variable par chaque employeur territorial, entraînant des inégalités de traitement. Karine MILLE insiste sur l’impact destructeur de ces pratiques, créant des tensions internes au sein des équipes. De plus, la focalisation sur la prime de mérite risque d’accroître les disparités et de précariser davantage les retraités, faute d’une cotisation complète sur ces primes pour les pensions.
La dégradation des rémunérations affecte considérablement l’attractivité de la fonction territoriale, rendant le recrutement de personnel de plus en plus ardu. Karine observe avec inquiétude le départ massif d’agents, un phénomène sans précédent dans ses 30 ans d’expérience. Elle dénonce également l’injustice de la couverture santé obligatoire, accordée tardivement aux agents territoriaux par rapport à d’autres branches. En ce qui concerne les évaluations de carrières, Karine MILLE pointe les lacunes récurrentes, où les réévaluations favorisent souvent les catégories les moins rémunérées sans revaloriser les supérieures. Elle appelle à une mobilisation massive le 19 mars, soulignant l’importance d’une union pour défendre les droits des agents territoriaux et garantir le bon fonctionnement des collectivités locales.
Pour Fabian Clément, représentant de la FSU : « La FSU Côte-d’Or félicite les acteurs économiques et financiers qui ont battu le record de points du CAC 40 ! La barre des 8 000 points est dépassée, quelle grande nouvelle. La FSU Côte-d’Or attire l’attention de Bruno Lemaire sur les super-profits d’une économie financiarisée et déconnectée des réalités du pays et de la population : il y a matière à faire entrer des recettes nouvelles pour le budget de l’État. La dégradation des conditions de travail, des rémunérations, le recours à la précarité (personnels contractuels) dans la fonction publique et les établissements publics, cela entraîne une dégradation des services publics, une baisse de la qualité du service rendu aux usagers et usagères ».
La FSU Côte-d’Or dénonce également la dégradation continue des conditions de travail, des rémunérations et le recours croissant à la précarité dans la fonction publique et les établissements publics. Cette situation entraîne une baisse de la qualité des services rendus aux usagers et usagères, mettant en péril le bon fonctionnement des services publics.
Exemples concrets de dysfonctionnements
Marine Bignon, représentante SNES-FSU au lycée Le Castel : « l’augmentation des coûts de l’énergie n’a pas été compensée par une augmentation en même proportion de la dotation de fonctionnement de la région pour l’année 2024. Cela a conduit au choix par l’administration de diminuer de presque 125 000 € le budget d’activité pédagogique (baisse de 30%) : cela nous laisse dans l’incertitude de pouvoir finir l’année pour acheter des fournitures pour les travaux pratiques en hôtellerie, en mode, section de laboratoire. Le transport des élèves pour se rendre a des activités en EPS a tellement diminué que cela réduit les activités que peuvent faire les élèves de seconde et de première. La diminution du budget a donc un impact sur l’éducation et la possibilité de faire les programmes.
Concernant, les postes de personnels, suite au meurtre de notre collègue Dominique Bernard, les AED sont plus souvent au portail et ils font aussi plus de circulation dans le lycée au lieu d’être au suivi des élèves ou des accompagnements de sorties, notamment pour les internes.
Il serait nécessaire d’avoir plus d’AED. Nous avons aussi un déficit en AESH ce qui entraine un accompagnement moins important des élèves en situation de handicap. Enfin, pour les enseignant.es, nous avons des classes qui se chargent de plus en plus pour des élèves, notamment de seconde et de première technologiques, qui ont besoin d’être en plus
faibles effectifs pour être mieux suivis.
2000 élèves et étudiant.es. 12-13 AESH, pour ce qui est des heures non pourvues, ce n’est pas facile à dire et les proviseures ajointes bottent en touche : si un.e élève a une notification de la MDPH disant accompagnement mutualisé, il n’y a plus de nombres d’heures obligatoires d’accompagnement . On a de plus en plus d’élèves qui passent en mutualisé, ce qui masque un déficit d’accompagnement. Du coup, peut être qu’une bonne partie des élèves ayant besoin d’être accompagné.es le sont, mais pas sur le volume horaire qui serait nécessaire
AED / vie scolaire :
4 CPE temps plein, avec la nécessité de couvrir l’amplitude suivante : présence d’au moins une CPE dès 7h30 et jusqu’à 22h, plus une nuit d’astreinte par CPE chaque semaine, et un dimanche sur quatre (service de 19h30 à 22h puis astreinte de nuit)
33 AED avec des quotités variables, qui représentent 23 ETP. Des moyens là en hausse : 19,75 ETP en 2021 pour 23 ETP depuis 2022, soit 3.25 ETP alloués et déployés spécifiquement pour l’internat labellisé internat d’excellence.
Il y a des moyens à la hausse mais uniquement pour l’internat d’excellence. Par ailleurs, on a eu des démissions en début d’année avec un renouvellement mais sur des contrats qui s’arrêtent en juillet (et pas Aout) et des arrêts maladie pas toujours remplacés.
Effectifs trop chargés : on avait obtenu depuis 2016 des moyens pour avoir les classes de seconde à moins de 30, on est plus à 31-32 en ce moment. D’autant qu’on a 27 élèves en UPE2A qui sont intégrés, partiellement en classe ordinaire, souvent en seconde, ce qui augmente encore l’effectif. On avait remarqué un vrai gain en terme de sérénité pour les élèves et les enseignant.es d’avoir ces effectifs à moins de 30 en seconde. Les collègues sentent que ça se dégrade avec la montée des effectifs.
Pour les STMG, normalement, et pour les mêmes raisons, les 4 classes de chaque niveau ne devraient pas dépasser 25, mais cette année en première on a au moins 3 des 4 classes à 26-27. Le climat est difficile dans ces classes. Une conséquence de la baisse de dotation de la région : le lycée ne respectera plus la loi Egalim : 50% de produits locaux et 25% de bio servis à la cantine ».
Pour la FSU, les AESH (Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap) sont en nombre insuffisant, ce qui conduit à des choix non déclarés, favorisant par exemple le français et les mathématiques au détriment des langues vivantes, comme constaté sur une période de quatre ans dans l’Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire (ULIS) du collège Champollion de Dijon.
Selon le syndicat, l’Éducation Nationale se plie aux exigences de certifications de langue vivante, dont certaines sont administrées par des organismes privés financés par des fonds publics. En outre, le SNES-FSU dénonce la convocation de collègues de l’académie de Dijon pour corriger des évaluations de certifications sans aucune rémunération ni remboursement des frais de déplacement.
La FSU critique vivement la mise en place du SNU (Service National Universel), qualifié de « gros gaspillage d’argent » par le syndicat. Selon lui, les coûts estimés entre 2 et 3 milliards d’euros devraient être alloués à la jeunesse dans le cadre du service public de l’Éducation Nationale.
Autre exemple, au sein des Services Pénitentiaires de Probation et d’Insertion (SPIP) de Dijon, une réalité préoccupante émerge : sur 20 agent-es, 3 sont des contractuel-les non formé-es pour leurs missions, selon le syndicat SNEPAP-FSU. Cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontés ces travailleurs, souvent dans l’ombre.
Les agent-es titulaires, qui représentent la majorité du personnel, bénéficient d’une formation poussée allant jusqu’à bac+5 à l’École Nationale de l’Administration Pénitentiaire. En revanche, les contractuel-les, bien qu’accomplissant les mêmes tâches que leurs homologues titulaires, se retrouvent dans une précarité délicate, avec un niveau de formation moindre et des rémunérations inférieures, toujours selon le syndicat.
Face à cette réalité inquiétante, le Syndicat National de l’Encadrement des Personnels de l’Administration Pénitentiaire (SNEPAP-FSU) réclame un plan de titularisation pour ces travailleurs précaires. Malgré les demandes insistantes du syndicat, l’administration demeure réticente à mettre en place de telles mesures.
La situation est d’autant plus alarmante à l’échelle nationale, avec environ 300 contractuel-les dans le pays, pour seulement 4 places ouvertes au concours réservé. Cette pénurie de postes stables contribue à maintenir les travailleurs dans une situation de précarité permanente, compromettant ainsi la qualité du service offert par les SPIP à la population.
Dans ce contexte, il devient impératif pour les autorités compétentes de prendre des mesures concrètes afin de garantir des conditions de travail dignes et une reconnaissance adéquate pour tous les agent-es des SPIP, qu’ils soient titulaires ou contractuel-les.