Eric Abihssira, vice-président confédéral de l’UMIH et hôtelier-restaurateur à Nice, et Véronique Siegel, présidente UMIH hôtellerie et hôtelière à Kaysersberg et Strasbourg, ont conjointement présenté une action juridique d’envergure contre Airbnb, la plateforme leader de location meublée touristique en France. Cette initiative regroupe 26 hôteliers déterminés à faire valoir leurs droits face à ce qu’ils considèrent être une concurrence déloyale grandissante.
L’assignation formelle a été notifiée à Airbnb Ireland le 20 juin 2024 par Maître Jonathan Bellaïche du cabinet d’avocats Goldwin. Cette action en justice est motivée par plusieurs griefs majeurs portés par les hôteliers contre Airbnb. Ils reprochent à la plateforme de ne pas respecter les obligations légales essentielles, notamment l’absence de numéro d’enregistrement dans les communes concernées, la non-suppression des annonces excédant 120 jours pour les résidences principales, ainsi que le non-paiement de la taxe de séjour. De plus, Airbnb est accusée de ne pas assurer une surveillance adéquate des contenus publiés sur sa plateforme, ce qui permet la prolifération d’annonces illicites en violation des réglementations du tourisme, de la construction, de l’habitation et de l’urbanisme en vigueur.
Ces pratiques, dénoncent les hôteliers, génèrent un préjudice substantiel en créant une concurrence faussée qui affecte gravement leur activité économique. Eric Abihssira souligne que cette action vise à rétablir une équité perdue et à obtenir des compensations financières pour les dommages subis par chaque hôtelier participant.
Le calendrier judiciaire prévoit une audience publique devant le Tribunal de Commerce de Lisieux le 6 septembre 2024, marquant une étape cruciale dans cette lutte juridique. « Nous sommes satisfaits de voir les hôteliers se mobiliser contre Airbnb après notre première action en 2018 », déclare Eric Abihssira, mettant en avant l’importance du respect des normes de sécurité et des règlements fiscaux que l’hôtellerie traditionnelle respecte scrupuleusement.
De son côté, Véronique Siegel insiste sur les implications plus larges de cette affaire : « Nous ne nous opposons pas aux plateformes en tant que telles, mais à l’impact délétère de leur non-conformité à la loi française, exacerbant la crise du logement et privant nos salariés de solutions de logement dignes. » Elle souligne ainsi l’urgence de réguler un marché locatif en pleine dérégulation, amplifiant les tensions déjà existantes.
Jonathan Bellaïche, avocat de renom spécialisé dans la défense contre les pratiques illicites d’Airbnb, affirme que cette action s’inscrit dans une série de batailles juridiques victorieuses contre la plateforme et ses utilisateurs violant la loi. « De nombreuses décisions judiciaires récentes ont démontré la volonté délibérée d’Airbnb de maintenir des annonces illégales, faussant ainsi la concurrence et nuisant aux professionnels respectueux des règles », précise-t-il.
Cette action judiciaire collective représente une étape majeure dans le combat des hôteliers français pour restaurer des conditions équitables dans le secteur de l’hébergement touristique, tout en mettant en lumière les enjeux sociaux et économiques sous-jacents à cette lutte contre la concurrence déloyale.