Dans le monde de la pollution intérieure, le radon est un polluant méconnu mais redoutable. Ce gaz naturel, inodore et incolore, est omniprésent dans les sous-sols de la région Bourgogne-Franche-Comté. Ses effets sur la santé sont souvent sous-estimés, alors qu’ils sont comparables à ceux du tabagisme. À l’occasion de la journée européenne du radon, Atmo Bourgogne-Franche-Comté met en avant les dangers du radon et l’importance d’agir pour protéger la qualité de l’air intérieur de nos espaces de vie.
Un gaz naturel qui s’infiltre partout
Le radon est un gaz radioactif qui provient naturellement de la désintégration de l’uranium présent dans le sol. En particulier, il est plus concentré dans certaines régions à cause de la nature granitique ou volcanique du sous-sol, comme le Massif Central, la Bretagne, la Corse, ou encore la Bourgogne-Franche-Comté. Invisible et inodore, le radon pénètre dans les bâtiments par des fissures dans les fondations, les passages de canalisations, les matériaux poreux, ou encore les joints d’étanchéité.
Une fois dans les bâtiments, le radon peut s’accumuler dans les espaces fermés comme les caves, les sous-sols, ou même les pièces d’habitation. Les concentrations de ce gaz peuvent varier considérablement en fonction de plusieurs facteurs, tels que l’étanchéité du sol, la ventilation du bâtiment, la proximité de la source d’émission, mais aussi les habitudes des occupants concernant le chauffage et l’aération des espaces.
Le potentiel radon de chaque commune peut être consulté via une carte établie par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Cette carte est accessible sur leur site à l’adresse suivante : www.irsn.fr/savoir-comprendre/environnement/connaitre-potentiel-radon-ma-commune.
Radon et santé : un risque sous-estimé
Le radon est présent partout : dans l’air, le sol et l’eau. C’est la principale source d’exposition à la radioactivité naturelle, mais il existe de fortes disparités géographiques en fonction des zones et de la nature du sol. En France, le radon est responsable de la seconde cause de mortalité par cancer du poumon, après le tabac et devant l’amiante. Les chiffres sont alarmants : sur les 30 000 décès par an liés au cancer du poumon, environ 3 000 sont directement attribuables au radon.
Lorsqu’il est inhalé, le radon et ses descendants radioactifs se déposent le long des voies respiratoires. Ces particules radioactives se fixent sur les tissus pulmonaires et provoquent une irradiation constante des cellules. À long terme, cette irradiation peut entraîner des mutations cellulaires et conduire au développement d’un cancer du poumon. Le risque est également amplifié chez les personnes qui fument, car la combinaison du tabac et du radon multiplie les probabilités de développer ce type de cancer.
Les bonnes pratiques pour se protéger
La prévention est la meilleure arme face au radon. Heureusement, il existe plusieurs gestes simples qui peuvent être adoptés au quotidien pour limiter l’exposition et préserver la qualité de l’air intérieur :
- Aérez quotidiennement votre logement : Une aération régulière est essentielle pour évacuer le radon accumulé et renouveler l’air des pièces. Idéalement, il est préconisé d’aérer au moins 10 minutes le matin et le soir.
- Vérifiez le bon fonctionnement du système d’aération : Les systèmes d’aération, qu’ils soient naturels ou mécaniques, doivent être entretenus régulièrement pour garantir une bonne circulation de l’air. Il ne faut jamais obstruer les grilles de ventilation car cela empêche le renouvellement de l’air.
- Connaissez le potentiel radon de votre commune : Utilisez la carte de l’IRSN pour vérifier si vous habitez dans une zone à risque et prenez les mesures nécessaires en conséquence.
Si une mesure de la concentration de radon dans votre logement est élevée, c’est-à-dire supérieure à 300 Bq/m³, il est nécessaire de renforcer les actions pour limiter l’exposition :
- Augmentez le renouvellement de l’air intérieur : En plus de l’aération naturelle, il peut être nécessaire d’installer une ventilation mécanique contrôlée (VMC) ou une ventilation mécanique par insufflation (VMI). Ces systèmes permettent un renouvellement permanent de l’air, ce qui est particulièrement efficace pour réduire les concentrations de radon.
- Colmatez les fissures et passages de canalisations : Le radon pénètre souvent dans les bâtiments par les fissures et les joints mal étanches. Colmater ces ouvertures permet de réduire les infiltrations.
- Ventilez les espaces tels que le vide-sanitaire et le sous-sol : Ces espaces sont souvent des zones de forte accumulation. Installer une ventilation dans ces zones ou améliorer leur circulation d’air peut empêcher le radon de s’introduire dans le reste du bâtiment.
- Effectuez une nouvelle mesure après les travaux : Après avoir mis en place ces mesures correctives, il est essentiel de refaire des mesures pour vérifier que la concentration de radon a bien diminué. Un suivi régulier est préférable, surtout en hiver, car la concentration en radon peut fluctuer en fonction des conditions climatiques et de la fermeture des fenêtres.
Les spécificités régionales et l’implication des autorités
Certaines régions en France, comme la Bourgogne-Franche-Comté, sont particulièrement exposées au risque radon en raison de la nature de leur sous-sol. Dans ces régions, des campagnes de sensibilisation sont menées régulièrement par des organismes tels qu’Atmo Bourgogne-Franche-Comté ou l’IRSN. Les autorités locales encouragent aussi la réalisation de tests radon, notamment pour les habitations situées dans des zones à potentiel élevé.
Des dispositifs d’aides financières peuvent être disponibles pour aider les particuliers à réaliser les travaux de mise en sécurité contre le radon. Ces aides peuvent inclure la réalisation de diagnostics, l’installation de systèmes de ventilation ou encore des travaux d’étanchéité. Il est donc préférable de se renseigner auprès des autorités locales pour connaître les dispositifs existants.
Le radon est un ennemi silencieux, invisible mais présent dans nos intérieurs. Aérer régulièrement son logement, entretenir les systèmes d’aération et connaître le potentiel radon de sa commune sont des gestes de prévention simples mais efficaces pour protéger sa santé. La qualité de l’air intérieur est essentielle pour prévenir les risques de maladies respiratoires et de cancers.
Face à un polluant aussi méconnu que dangereux, l’information et l’action sont nos meilleurs alliés. Pensez à tester la qualité de l’air de votre maison, et en cas de doute, n’hésitez pas à faire appel à des professionnels pour une expertise complète. En travaillant ensemble, nous pouvons réduire l’exposition au radon et préserver la santé de tous.