Hier soir, lors du conseil métropolitain, la proposition d’augmentation de l’indemnité de fonction du président François Rebsamen a provoqué une vive réaction parmi les élus. Le point numéro 3 de l’ordre du jour, intitulé « Élus métropolitains – Indemnités de fonction », prévoyait une augmentation de 52 % de l’indemnité du président, portant celle-ci à 5 960 euros bruts par mois. Une mesure qui représente un coût supplémentaire de 25 000 euros par an pour les contribuables, comme l’a souligné Laurence Gerbet.
Des oppositions multiples et déterminées
Le premier à réagir fut Bruno David, conseiller municipal de Dijon, conseiller Dijon Métropole, Les Républicains, Nouvelle énergie : « Vous nous demandez de voter pour les montants des différentes indemnités de fonction qui nous sont allouées. Basé sur l’indice brut terminal de la fonction publique, il a été rappelé que la loi fixe le montant de l’indemnité d’un président de collectivité de la strate de Dijon Métropole, donc le montant de votre indemnité, à 145 % maximum de cette base de référence. Lors de l’installation du conseil métropolitain le 16 juillet 2020, le conseil avait fixé l’indemnité du Président à 95 % de la base de référence. Aujourd’hui, vous nous demandez de voter au taux maximum de 145 %, c’est-à-dire 5 960 € brut par mois. Cela traduit une augmentation de 52 % de votre indemnité actuelle. On notera au passage que dans le même temps, l’indemnité des conseillers communautaires délégués passerait de 33,50 % de la base de référence à 32,50 %, soit une baisse de 3 % », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Vous étiez Président de la Métropole hier, vous l’êtes aujourd’hui. Rien n’a changé. Alors que des efforts sont régulièrement demandés à nos concitoyens, je vous propose de maintenir l’indemnité du Président de notre Métropole à 95 % de la base de référence.»
Également opposée à cette hausse, Céline Renaud, conseillère métropolitaine de Dijon, a déclaré : « En voyant que l’ordre du jour comporterait un vote sur les indemnités de fonction, j’ai naïvement pensé que c’était pour revoir à la baisse, notamment pour les élus qui cumulent des indemnités d’adjoint, de VP ou conseiller délégué, de conseiller départemental ou régional, sans oublier des retraites, des traitements de la fonction publique, des salaires ou des honoraires. Une telle démarche permettrait de montrer une solidarité envers la population à qui on demande de faire des efforts en cette période économique difficile et notamment pour les classes moyennes qui travaillent et sont sacrifiées par la politique de gauche de la ville, de la métropole et de la région.» Puis elle a ajouté : « Au-delà du taux qui passe de 95 % à 145 % pour le président, il faut en toute transparence communiquer les montants aux contribuables », avant de donner les chiffres suivants : « le président : 5 960 €, vice-président : 2 980 €, conseiller délégué : 1 582 €, conseiller : 246 € ». Enfin, elle a posé plusieurs questions au président de Dijon Métropole : « On nous parle souvent de mutualisation, alors pourquoi pas également au niveau des élus ? Est-il bien nécessaire qu’un adjoint à la ville de Dijon soit également vice-président à Dijon Métropole ? Où est la valeur ajoutée ? Où est l’économie de l’argent public ? Combien de fonctions cumulées peut-on assumer ? Les journées de certains élus comportent-elles plus de 24 heures ? Il me semble important qu’en toute transparence, la population soit informée, et puisse comprendre à quoi sont dépensés ses deniers.»
Laurence Gerbet, après la remarque de François Rebsamen qui a ironisé sur le « beau trio » formé par les élus de l’opposition, a réagi également à cette augmentation d’indemnités : « Nous sommes surpris d’augmenter de plus de 50 % l’indemnité du président de la métropole, soit un écart de près de 25 000 € annuel. Cette décision ne nous paraît pas opportune dans le contexte actuel, et elle est difficilement acceptable pour les habitants.»
François Rebsamen sur la défensive
Face à ces critiques, François Rebsamen a dénoncé ce qu’il considère comme de la « démagogie », et a tenté de défendre la légitimité de l’augmentation. « La démagogie n’a pas de limite, mais je vous écoute, voilà », a-t-il répondu, avant de rappeler qu’il ne percevait plus d’indemnités de la Ville de Dijon et que le taux proposé était conforme au maximum prévu par la loi. Visiblement agacé, il a ironisé sur les interventions successives de ses opposants : « Madame Gerbet, là on a un beau trio : David, Renaud, Gerbet, ça fait un beau trio.»
Malgré les oppositions fermes, la majorité a voté en faveur de l’augmentation. François Rebsamen verra ainsi son indemnité croître de plus de 50 %. Un choix qui ne manquera pas de susciter des interrogations chez les contribuables, alors que les efforts demandés à la population sont de plus en plus importants.