L’affaire avait fait énormément de bruit en décembre 2021. Ce mercredi 11 décembre, le tribunal correctionnel de Dijon a reconnu Saïd Baaij, 26 ans, coupable d’avoir tiré sur un jeune homme de 18 ans à Talant, le 22 décembre 2021. Dijon Actualités vous propose un retour en arrière pour comprendre les faits de cette affaire qui avait, à l’époque, suscité une vive émotion. Des auditions aux investigations téléphoniques, en passant par les gardes à vue, revivez le déroulement de cette affaire qui a abouti à un jugement.
Aujourd’hui, nous allons approfondir notre analyse en nous penchant sur les gardes à vue et les déclarations des personnes entendues.
Le 9 février 2022, Megueni BOUKACEM, Fathy M’RAD, Ayoub HRAIBA et A.B étaient interpellés dans le cadre de cette enquête préliminaire et placés en garde à vue, tandis que BOUKABOUS Ayemn et BOUKACEM Abdallah, en fuite, ne parvenaient pas à être interpellés.
Les perquisitions réalisées amenaient notamment à la découverte de (D168) :
- Chez Ayoub HRAIBA : un téléphone de marque APPLE, modèle lphone A1778, ayant pour IM El 35……………….
- Chez Fathy M’RAD : un téléphone de marque Apple modèle !phone, trois téléphones de marque Altice, modèle F2, ayant chacun deux numéros IMEI
- Chez Megueni BOUKACEM : un téléphone de marque APPLE ayant pour numéro IMEI 35……………. associé à la ligne XX.XX.XX.XX.XX, une boîte vide d’IPHONE associé à deux numéros IMEI, un téléphone Logicom et les clefs du véhicule Renault Mégane immatriculé ..-…-…
- Chez Abdallah BOUKACEM : une munition supportant les inscriptions PPU 7,92 x 33 sur son culot, une boîte vide d’Iphone SE sur laquelle étaient mentionnés les numéros IMEI 35………….. et 35………………, un support de carte SIM de l’opérateur SFR portant le numéro 893……………………….458, le contrôle technique, et l’attestation d’assurance valable du 31 août 2021 au 1er octobre 2021 du véhicule Renault Mégane immatriculé ..-…-.. au nom de BOUKABOUS Boualem
- Chez Y.B : un téléphone LOGICOM contenant deux numéros IMEI et deux cartes SIM
BOUKACEM Megueni travaillait dans la restauration rapide au Corner, sis 19 avenue du Lac à Dijon, pour le compte de Sed BAAIJ, mais il n’avait touché aucun revenu puisque le restaurant venait d’ouvrir. Il ignorait où se trouvait son frère Abdallah et confirmait que ce dernier était surnommé « Chipper ».
Le 22 décembre 2021, il avait travaillé pour le compte d’ID 21 jusqu’à 16h puis s’était rendu avenue du Lac pendant une à deux heures avant de regagner le domicile parental où il s’était couché vers 23h puisqu’il se levait tôt. Il niait donc toute participation aux faits et était persuadé que son visage avait été confondu avec celui de son frère Abdallah. Il était propriétaire de deux véhicules Renault Mégane et d’un véhicule Peugeot 207 qui avait en réalité été acheté par son frère Abdallah lequel n’était pas titulaire du permis de conduire au moment de l’acquisition. Ce dernier véhicule était en fourrière suite à un refus d’obtempérer, il ne l’avait donc quasiment jamais conduit. Ce véhicule présentait la particularité d’avoir l’aile avant gauche endommagée. Enfin, il niait connaître BEGOUG Siham malgré les déclarations précises de celle-ci et la présence de ses coordonnées dans le répertoire téléphonique de la jeune femme.
B.Y, absent de son domicile lors de la perquisition, était contacté par sa mère à 7h30 et s’engageait à se présenter une heure après aux enquêteurs. Il rappelait ensuite sa mère à 12h22 pour lui demander ce que les services de police lui reprochaient. Il se présentait finalement à 15h35 au commissariat de police. Il refusait d’indiquer chez qui il se trouvait durant l’intervalle. Déscolarisé et sans emploi, il espérait travailler comme livreur au Corner sis 19 avenue du Lac à Dijon.
Il expliquait qu’il se trouvait avec une vingtaine de personnes dans un hall d’immeuble avenue du Lac, à côté de l’épicerie O’Market. Deux hommes étaient passés en voiture au ralenti, ils portaient des capuches et des masques et filmaient la cage d’escalier où il se trouvait ce qui avait fait stresser l’un d’entre eux. Il avait alors pris un pistolet caché dans un buisson à proximité puis ils étaient cinq ou six à être montés à bord d’un véhicule blanc de type SUV et d’un petit véhicule gris. Il précisait que cette arme était à la disposition de tout le monde dans le buisson depuis les agressions survenues durant l’année 2021. Ils avaient poursuivi la voiture de ceux qui les avaient filmés et la rattrapaient sur un parking de Talant. Sur place, il descendait et tirait une fois en direction des jambes d’une des deux personnes, rangeait l’arme dans la boîte à gants du véhicule puis rejoignait le groupe qui violentait un jeune au sol. A l’issue ils remontaient dans les véhicules, le conducteur du véhicule blanc le déposait au lac Kir, tandis que le passager avant lui enjoignait de jeter l’arme. Il confirmait la teneur des propos tenus dans la conversation téléphonique interceptée avec H RAIBA Ayoub, qui n’était pas présent.
Lors de sa troisième audition, B.Y revenait sur une partie de ses déclarations, indiquant avoir été présent dans le hall d’immeuble et avoir uniquement assisté au départ du véhicule Peugeot 207, dont le conducteur était le meneur, puis du véhicule Nissan Juke à bord duquel se trouvaient cinq personnes, à la poursuite de la voiture dont les occupants les avaient filmés. U était resté sur place jusqu’au retour des intéressés après la commission des faits. L’auteur du tir avait regretté d’avoir tiré sur des personnes qui n’avaient rien à voir et ne filmaient pas. Les deux véhicule Peugeot 207 et Nissan Juke étaient ensuite repartis et il avait alors appelé son ami Ayoub HRAIBA puis l’avait rejoint au centre-ville. Il reconnaissait sur photographie l’arme de poing utilisée comme étant un Walther P38, elle était détenue par un membre du groupe qui la pointait sur les autres pour rigoler et qui était monté à bord du véhicule blanc. Il expliquait qu’un « grand du quartier » lui avait mis la pression pour qu’il reconnaisse avoir tiré en lui expliquant qu’il ne risquait rien parce qu’il était mineur et qu’un des auteurs lui avait raconté le déroulement des faits. Il niait avoir été présent à Talant sans être en mesure d’expliquer pourquoi son téléphone activait une cellule là-bas. Enfin, il réfutait avoir émis un appel téléphonique vers une ligne de la famille BOUKACEM le 9 février 2022 mais confirmait avoir utilisé la ligne téléphonique d’un ami pour contacter sa mère puisque les auteurs lui avaient pris son propre téléphone.
RAIBA Ayoub niait avoir été présent le 22 décembre 2021 que ce soit dans le hall avenue du Lac ou ensuite à Talant, précisant que son poignet droit était cassé et plâtré au moment des faits, qu’il se trouvait chez lui et qu’il avait rejoint, par la suite, plusieurs personnes dans un bar à chicha dont B.Y. Il avait appris, par des connaissances dont il préférait taire le nom pour préserver sa sécurité, que des gens bizarres étaient passés et filmaient, et ceux qui se trouvaient dans la cage à ce moment-là avaient pris peur et les avaient suivis, puis ils s’étaient battus et des coups de feu avaient été tirés des deux côtés. Il confirmait avoir déjà vu les deux véhicules Peugeot 207 et Nissan Juke circuler dans le quartier de la Fontaine d’Ouche et être monté à leur bord à diverses occasions en qualité de passager, mais il refusait de livrer des renseignements sur leurs conducteurs habituels. Concernant sa conversation téléphonique avec TILIOUANT Islem le 28 décembre 2021, il expliquait avoir rapporté des propos qu’il avait entendus mais que des rectifications lui avaient été rapportées notamment que Fathy M’RAD n’était pas présent et qu’il ignorait qui était surnommé « chipper ». Il était laissé libre à l’issue de sa garde à vue.
M’RAD Fathy, surnommé « Doc », prétendait avoir eu connaissance des faits par des tierces personnes ayant elles-mêmes eu connaissance de l’agression dans le journal ou par la rumeur. Il contestait avoir été présent sur les lieux des faits. S’il n’était pas en mesure de communiquer son emploi du temps du 22 décembre 2021, il affirmait passer beaucoup de temps avec sa copine et avoir les cheveux longs à cette époque. Il confirmait être un ami d’enfance de Megueni BOUKACEM mais ignorait tout des véhicules NISSAN JUKE et PEUGEOT 207 impliqués. Il contestait connaitre B.Y et Ayoub HRAIBA, et ignorait qui portait le surnom « chipper », puis sur présentation d’une planche photographique il reconnaissait finalement Ayoub HRAIBA surnommé « Fraisier» avec qui il n’entretenait aucune relation. Il était laissé libre à l’issue de sa garde à vue.
Myriem EL MEKNASSI expliquait avoir entretenu une relation amoureuse avec Fathy M’RAD de 2017 à 2021, avoir rompu pendant plusieurs mois puis avoir repris contact avec lui en août 2021 via Snapchat. Depuis le mois d’octobre 2021 et notamment en décembre 2021, ils se voyaient tous les soirs, entre 19h et minuit, mais elle n’était pas en mesure d’affirmer avec certitude qu’elle avait passé la soirée du 22 décembre 2021 avec lui.
Par réquisitoire introductif en date dull février 2022, le juge d’instruction était saisi contre B.Y, BOUKACEM Megeni et X ou toute personne non dénommée des chefs de tentative d’homicide volontaire au préjudice de V.L et violence en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à 8 jours au préjudice d’A.P.
Megueni BOUKACEM
Lors de son interrogatoire de première comparution, Megueni BOUKACEM maintenait les déclarations qu’il avait faites en garde à vue, indiquant qu’au moment des faits, il travaillait et qu’il était rentré chez lui à 16 heures sans ressortir après. Il reconnaissait que la Peugeot 207 immatriculée ..-…-.. était à son nom mais que c’était son petit frère Abdallah qui l’utilisait. Il savait que ce véhicule était reconnaissable en raison de la une pièce de carrosserie noire ou gris foncé au niveau du bouclier avant gauche. Il n’avait pas utilisé le véhicule en décembre. Confronté aux images de vidéo-surveillance, il maintenait qu’il ne conduisait pas le véhicule et qu’il avait été confondu avec son frère. Il ne savait pas si Y.B était impliqué dans les faits. Il indiquait vouloir que son frère Abdallah BOUKACEM se rende. Il concluait en disant : « Tous les problèmes que j’ai, c’est à cause de mes fréquentations. Je ne peux pas vous dire de qui il s’agit ». A l’issue, il était mis en examen des chefs de tentative d’homicide volontaire et violences en réunion avec ITT inférieure à huit jours.
Interrogé le juillet 2022, Megueni BOUKACEM contestait toujours son implication dans les faits du 22 décembre 2021. Il expliquait que le véhicule Peugeot 207 appartenait à son frère, et qui il avait rempli l’acte de vente à sa place comme ce dernier n’était pas titulaire du permis de conduire, même s’il reconnaissait l’avoir conduite une ou deux fois. Il niait avoir demandé à Siham BEGOUG de mettre le Peugeot 207 à son nom ou de l’assurer, il supposait que cette femme avait fréquenté son frère et les avait confondus. Il ignorait qui avait ramené le véhicule Peugeot 207 à leur domicile le soir des faits puisqu’il dormait. Il confirmait enfin que Chipper était le surnom de son frère Abdallah. Il ne connaissait personne portant le surnom « Bilou » et connaissait vaguement des jeunes de Fontaine d’Ouche sans les fréquenter. Selon lui, son frère ne les fréquentait pas non plus. Il ne savait pas si son frère avait pu prêter le véhicule Peugeot 207 à des jeunes du quartier. Il avait déjà lui-même prêté sa Mégane à des gens du quartier, expliquant que tout le monde faisait ça à Fontaine d’Ouche. Il indiquait que Sed BAAIJ était son employeur. Confronté aux témoignages indiquant l’avoir reconnu sur le lieu de faits, il niait avoir été présent et demandait des confrontations. Il confirmait qu’il n’était au courant de rien.
Interrogé le 20 janvier 2023, Megueni BOUKACEM maintenait qu’il conduisait habituellement le véhicule Renault Mégane 3 et qu’il dormait chez ses parents au moment des faits. Il avait fait immatriculer le véhicule Peugeot 207 à son nom, à la demande de son frère, puis lui avait interdit de conduire le véhicule à partir de son immobilisation. Il avait caché les clefs mais ce dernier les avait trouvées. Il expliquait que n’importe qui avait pu emprunter ce véhicule ou le sien et il n’était pas été étonné que son frère ait pu laisser son téléphone dans la 207. Il n’avait jamais fait réaliser le contrôle technique du véhicule ni fait changer les pneus. Il n’était jamais monté à bord du véhicule Nissan Juke.
Y.B
Lors de son interrogatoire de première comparution, Y.B maintenait les dernières déclarations qu’il avait faites en garde à Vue, indiquant : «je n’étais pas là-bas à ce moment-là, c’est un jeune grand qui est venu vers moi et qui m’a demandé de me dénoncer à sa place Sinon il allait me niquer. Il m’a dit que j’allais risquer moins gros en tant que mineur que lui en tant que majeur. Il m’a expliqué en détail les faits qui s’étaient passé là-bas Il m’a dit cela après les faits, un jour après. Il m’a dit que s’il devait être arrêté je devrai me rendre au commissariat à sa place» et refusait de dénoncer les auteurs des faits par crainte de représailles. Il ne savait pas pourquoi son téléphone avait borné à Talant le jour des faits.
Il indiquait avoir vu l’arme qui avait servi à commettre les faits, précisant qu’elle était sortie de « la sacoche du grand en question. C’était une banane, elle était bleue et que c’était celui qui avait la sacoche qui avait tiré et lui avait mis la pression. Il confirmait la présence d’une Nissan Juke et d’une Peugeot 207 sur les lieux des faits mais ne voulait pas dire qui se trouvait dedans, expliquant qu’ils devaient être 5 dans la Nissan, dont celui qui avait la sacoche, mais qu’il n’avait vu personne dans la Peugeot parce qu’elle avait déjà pris en chasse la voiture bleue, avant d’ajouter : «j’ai bien vu celui qui est monté dans la 207 qui nous a même dit « regardez les deux personnes qui sont passées sont en train de nous filmer» ». il indiquait qu’il n’était présent dans aucun des véhicules. A l’issue, il était mis en examen des chefs de tentative d’homicide volontaire et violences en réunion avec ITT inférieure à huit jours.
Interrogé le 14 juin 2022, Y.B déclarait, de nouveau, ne pas avoir été présent sur le lieu de commission des faits et s’être dénoncé à la place d’un « grand » chez qui il résidait depuis trois à quatre mois, ayant quitté le domicile parental suite à une dispute avec son père. Il pensait purger une peine d’un à deux ans d’emprisonnement et devait percevoir en échange la somme de 20 000 euros. Il refusait de dévoiler l’identité de cette personne par crainte de représailles, affirmant qu’il ne s’agissait pas de Sed BAAIJ.
Cet individu l’avait contacté une semaine après les faits pour lui demander d’avouer à sa place. Il précisait : «juste avant que j’aille me rendre il m’avait pris mon téléphone en me disant qu’il ne me servirait à rien et qu’en plus les policiers allaient voir que je n’étais pas là-bas le soir des faits ». Ainsi, concernant l’appel passé le matin du 09 février à 11h23 à un membre de la famille BOUKACEM, il expliquait que cette personne lui avait réexpliqué les faits une dernière fois, sans toutefois lui préciser le nombre de tirs, puis lui avait pris son téléphone tout en lui prêtant un autre téléphone pour appeler sa famille. Abdallah BOUKACEM, était également présent puisqu’il résidait chez cette même personne, et il avait également passé un appel avec ledit téléphone. Il savait que le surnom d’Abdallah BOUKACEM était Chipper. Il reconnaissait être monté à bord du véhicule Nissan Juke avec des amis, mais pas le jour des faits. Il refusait de donner l’identité du conducteur du véhicule Peugeot 207, qui était parti le premier de la cage d’escalier, mais affirmait qu’il n’était pas porteur de l’arme et qu’il ne s’agissait pas de Megueni BOUKACEM. Il n’était pas en mesure d’expliquer pour quelle raison son téléphone bornait à Talant dans le créneau horaire de commission des faits puisqu’il affirmait se trouver dans le quartier de la Fontaine d’Ouche à ce moment-là. Il maintenait enfin avoir passé la soirée avec ses amis Fares et Ayoub HRAIBA lequel portait un plâtre. Il indiquait avoir inventé le fait que l’arme aurait été jetée dans le lac Kir.
Le 24 octobre 2022, Y.B déclarait à son éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse qu’il était innocent et souhaitait communiquer le nom du principal instigateur des faits, à savoir Saki BAAIJ.
Interrogé le 26 janvier 2023, Y.B répétait ne pas avoir été présent dans les véhicules ayant pourchassé les victimes mais qu’il était présent dans la cage d’escaliers. Il dénonçait Saki BAAIJ comme étant le tireur et indiquait le savoir car Said BAAIJ le lui avait confié lorsqu’il lui avait demandé 2 ou 3 jours après les faits de se dénoncer à sa place.
Y.B expliquait que le jour des faits il se trouvait dans la cage d’escalier avec une dizaine de personnes dont Ayemn BOUKABOUS, Abdallah BOUKACEM, Ayoub HRAIBA, Fathy M’RAD et Said BAAIJ. Ce dernier avait un P38 sur lui, arme qu’il avait montrée à ses amis en faisant semblant de les braquer. Le véhicule Peugeot 207 avait démarré en premier, suivi du véhicule Nissan Juke, dont la rumeur indiquait qu’il était conduit par Ayemn BOUKABOUS, dans lequel il avait vu Said BAAIJ monter surie siège passager avant. Il désignait Said BAAIJ comme étant le meneur et celui qui portait la sacoche qu’il avait décrite comme étant celle contenant l’arme. Y.B indiquait être resté devant la cage après le départ des deux véhicules. Quelques instants plus tard, la 207 était revenue et Said BAIIJ en était descendu du côté passager avant et la 207 est reparti directement. Y.B précisait à propos de Said BAAIJ «il est entré dans la cage, il marmonnait, il est passé par les coursives pour rentrer chez lui… il avait encore sa sacoche et l’arme était dans la sacoche avant qu’il parte. C’est une sacoche style banane que l’on porte sur son torse, elle est bleue avec des carreaux, je ne connais pas la marque ».
Y.B relatait qu’après le retour de, il avait téléphoné à Fares SIGNOL, et Yanis HADJOUT, puis être allé en ville avec Farés. HRAIBA Ayoub les avait rejoints. S’agissant de la conversation téléphonique interceptée, il prétendait qu’il n’évoquait pas les faits dans sa conversation téléphonique avec Ayoub HRAIBA.
Y.B précisait que Megueni BOUKACEM n’était pas présent le 22 décembre 2021. Il ne savait pas quels rôles avaient eu Abdallah BOUKACEM et Ayemn BOUKABOUS lors des faits. Il ajoutait que c’était habituellement Ayemn BOUKABOUS qui conduisait la Nissan mais que les clés tournaient dans la bande. Il confirmait que c’était Abdallah BOUKACEM qui utilisait principalement la Peugeot 207. Il précisait avoir vu Said BAAIJ en possession de plusieurs armes à son domicile notamment un P38, deux calibres 6,35 mm et une carabine et que selon lui, il avait des armes parce qu’il avait « beaucoup de problèmes, notamment suite aux tirs sur l’épicerie en septembre ou octobre ». Il possédait des armes suite aux tirs sur son épicerie O’Market en septembre/octobre 2021. A l’époque des faits et jusqu’à son interpellation, Said BAAIJ l’hébergeait gratuitement et en contrepartie Y.B vendait du cannabis pour son compte.
Quelques jours après les faits, Said BAAIJ, qui se trouvait avec Ayemn BOUKABOUS, lui avait proposé 20 000 euros et lui avait promis une voiture, pour qu’il se dénonce à sa place. Il n’avait pas le choix, parce qu’il se montrait agressif à son égard et qu’il l’hébergeait depuis août/septembre 2021. Said BAAIJ lui avait demandé de dire qu’il avait jeté l’arme dans le lac Kir. Il lui avait assuré qu’il ne risquait pas grand-chose car il était mineur. Said BAAIJ ne lui avait pas dit ce qu’il avait fait de l’arme.
Le jour de la perquisition à son domicile, il se trouvait dans un appartement rue Clément Janin, chez Said BAAIJ en compagnie de ce dernier, Abdallah BOUKACEM et Ayemn BOUKABOUS. Seul Said BAAIJ lui avait parlé des faits pour lui demander à nouveau de se dénoncer à sa place. Said BAAIJ avait retiré la carte SIM de son téléphone, après l’appel de la police, et l’avait insérée dans un autre téléphone que lui et Abdallah avaient utilisé. Il ajoutait que Said BAAIJ s’était préparé un alibi et avait demander à l’une de ses femmes de dire qu’elle se trouvait avec lui au moment des faits.
Le 23 mai 2023, le juge d’instruction organisait une confrontation entre Abdallah BOUKACEM, Ayemn BOUKABOUS, Said BAAIJ et Y.B au cours de laquelle ce dernier indiquait que Said BAAIJ n’avait quitté le quartier de la Fontaine d’Ouche que pendant deux semaines après la fusillade sur son commerce. Il confirmait le fait que Said BAAIJ utilisait le véhicule Nissan Juke, précisant qu’ils s’échangeaient les clefs avec Ayemn BOUKABOUS qui conduisait le véhicule après l’opération de sa main.
Il confirmait que Saki BAAIJ, Ayernn BOUKABOUS, et Abdallah BOUKACEM étaient présents avec lui, dans la cage d’escalier, le soir des faits, que Said BAAIJ était porteur d’une arme de poing et qu’il était monté à bord du véhicule Nissan Juke conduit par Ayemn BOUKABOUS puis revenu à bord du véhicule Peugeot 207. Il indiquait que Said BAAIJ n’avait prêté l’arme à personne et qu’elle était rangée dans sa banane.
Y.B confirmait enfin que Saki BAAIJ lui avait demandé, à deux reprises, de se rendre à sa place après lui avoir expliqué qu’il avait tiré à cinq ou six reprises. La première fois, deux ou trois jours après les faits, BAAIJ Said et Ayemn BOUKABOUS étaient présents, la seconde fois, Abdallah BOUKACEM était également là. Il n’avait pas le choix parce que ce dernier lui parlait de manière agressive et l’hébergeait, avec Ayemn BOUKABOUS, rue Clément Janin, étant précisé que le nom indiqué sur l’interphone était « Ramzi » ou « Razi ».
Il confirmait avoir vu Said BAAIJ plusieurs fois à bord du véhicule Nissan en décembre 2021 puis le jour des faits, précisant que si Ayemn BOUKABOUS avait pu dire qu’il était blessé à la main et qu’il ne pouvait pas conduire à ce moment-là, selon lui il était rétabli depuis début décembre et pouvait de nouveau conduire et qu’il utilisait le véhicule Nissan le jour des faits. Il ajoutait que Ayemn BOUKABOUS lui avait prêté une fois les clés du Nissan début décembre pour une soirée.
Le 27 juin 2023, le conseil de Y.B communiquait au juge -d’instruction plusieurs captures d’écrans de l’application Snapchat sur lesquelles un dénommé « STOVA » envoyait des messages menaçants sur le compte de Younes BOURAHLA, téléphone utilisé par sa soeur pendant sa détention provisoire notamment « iv te ken ta mere la pute Jentend tu parle de moi Espece de fils de putin Va te Attend qtu sorte tu va voir c quoi la rue ».
Abdallah BOUKACEM
Le 18 février 2022, le juge d’instruction délivrait un mandat de recherche à l’encontre d’Abdallah BOUKACEM (D343). Le 28 février 2022 à 10h30, Abdallah BOUKACEM se présentait, accompagné de son conseil, au commissariat de police de Dijon où il était placé en garde à vue.
Abdallah BOUKACEM confirmait que son ancien surnom était « Chipper » et qu’il connaissait Y.B , Fathy M’RAD, Ayemn BOUKABOUS et Ayoub HRAIBA. Il déclarait être le propriétaire du véhicule Peugeot 207 immatriculé ..-…-.. qu’il n’utilisait plus depuis novembre 2021, et dont il laissait les clefs dans la boîte à gants pour qu’il soit à la disposition de tout le monde dans le quartier de la Fontaine d’Ouche notamment un surnommé « Bijou» qui était son principal utilisateur. Son frère n’utilisait pas davantage ce véhicule qu’il avait fait assurer par Sihm BEGOUG. Il utilisait le véhicule Renault Mégane 3 de son frère, ainsi que d’autres véhicules de location, bien qu’il ne soit plus titulaire du permis. Il était également monté à bord d’un véhicule de location Nissan Juke dont tout le monde se servait et dont le pneu arrière droit avait crevé le lendemain des faits, alors qu’Ayemn BOUKABOUS conduisait.
Le 22 décembre 2021, il expliquait se trouver avenue du Lac avec des amis, avoir vu un véhicule Peugeot 208 noir dont les deux occupants les filmaient passer à trois reprises et il avait au départ confondu leur téléphone avec une arme. Trouvant le comportement des occupants de ce véhicule suspect, il avait préféré s’écarter puis regagner son domicile en trottinette électrique vers 22h30. Il était ensuite allé travailler pour le compte de l’agence d’intérim Synergie de 23 heures à 6 heures 30. Il refusait de donner l’identité des personnes présentes et contestait toute participation aux faits et tout contact avec Y.B le 9 février 2022.
Il confirmait enfin avoir cassé la puce de sa ligne XX.XX.XX.XX.XX en novembre ou décembre 2021 parce qu’il avait cessé de payer son abonnement mais il continuait d’utiliser ce téléphone en partage de connexion, et contestait être l’utilisateur de la ligne XX.XX.XX.XX.XX.
L’agence Synergie indiquait que le seul contrat de travail d’Abdallah BOUKACEM avait été conclu du 10 au 15 décembre 2021, période durant laquelle il travaillait de 23h à 6h tandis que l’agence Supplay indiquait qu’il avait travaillé du 15 au 29 septembre 2021 uniquement.
Lors de son interrogatoire de première comparution, Abdallah BOUKACEM maintenait les déclarations qu’il avait faites en garde à vue, indiquant que le jour des faits, il était « sur la Fontaine d’Ouche toute la journée» et précisant : «Je n’ai rien à voir dans cette histoire-là, mon frère encore moins Aujourd’hui il est incarcéré à cause de la voiture, car la voiture est à son nom, mais elle est à moi. (…)Je n’étais pas là-bas ce soir-là. Ma voiture je la prête à tout le quartier car elle était immobilisée ».
A l’issue, il était mis en examen des chefs de tentative d’homicide volontaire et violences en réunion avec ITT inférieure à huit jours.
Le 28 mai 2022, un téléphone était trouvé dissimulé dans le lit occupé par Abdallah BOUKACEM.
Interrogé le 4 juillet 2022, Abdallah BOUKACEM niait toujours toute implication dans les faits du 22 décembre 2021, indiquant qu’il n’était pas allé à Talant. Il expliquait qu’il se trouvait bien dans le hall d’immeuble avenue du Lac, vers l’épicerie O’Market, avec une quinzaine d’amis dont Ayoub HRAIBA, Y.B , Fathy M’RAD et Ayemn BOUKABOUS, mais que son frère Megueni n’était pas présent. Fathy M’RAD était présent en début de soirée mais les avait quittés rapidement, sans doute pour rejoindre sa copine. Il avait vu plusieurs fois passer la Peugeot 208 qui était occupée par les victimes, et avait constaté qu’un homme les filmait en passant devant l’immeuble. Lorsqu’il avait vu la voiture repasser devant le hall d’immeuble pour les filmer, il s’était éloigné. Il avait attendu une quarantaine de minutes que ses amis, qui lui avaient emprunté son véhicule Peugeot 207, reviennent, puis il était rentré au domicile de ses parents. Il n’expliquait pas pourquoi il avait évoqué précédemment un retour à leur domicile en trottinette électrique. Il ne savait pas à qui il avait donné les clés de la Peugeot 207 parce qu’il les laissait dans la boîte à gants comme le véhicule était immobilisé. Il expliquait que son téléphone était resté dans sa voiture ce soir-là, raison pour laquelle il avait borné sur le lieu des faits, et qu’il n’avait pas fait état de son existence lors de sa garde à vue car il utilisait peu ce téléphone.
Il reconnaissait que le 10 décembre 2021 il était monté, avec un ami, à bord du véhicule Nissan Juke et avoir utilisé le cric de levage car la voiture « avait glissé sur le trottoir ». Il reconnaissait également avoir utilisé le téléphone de Y.B pour appeler sa mère le 9 février 2022 mais contestait lui avoir proposé une somme d’argent pour qu’il se dénonce. Dans la nuit du 8 au 9 février 2022, ils avaient tous les deux dormi au domicile de Said BAAIJ qui n’était pas là, Ayemn BOUKABOUS était également présent. Said BAAIJ hébergeait Younes BOURAH LA depuis quelques temps parce qu’il avait des problèmes avec sa famille. La munition trouvée lors de la perquisition était un souvenir mais il n’avait jamais détenu d’arme de calibre 6,35 mm ou 9 mm. Enfin, il confirmait que son surnom était « Chipper » quand il était petit, mais soutenait que plus personne ne l’appelait ainsi désormais.
Ferial RIAL, petite amie d’Abdallah BOUKACEM, indiquait que ce dernier n’était pas venu la voir en décembre 2021. Il se -déplaçait soit à bord du véhicule Peugeot 207, soit à bord du véhicule de son frère, soit à bord d’un véhicule de’ location notamment un véhicule Fiat loué par son cousin Ayemn BOUKABOUS, qu’elle identifiait formellement sur planche photographique. Enfin, elle confirmait qu’Abdallah BOUKACEM avait utilisé successivement les lignes téléphoniques XX.XX.XX.XX.XX puis XX.XX.XX.XX.XX et que son surnom était « Chipper ».
Le 26 décembre 2022, un téléphone et son chargeur étaient trouvés dissimulés dans l’oreiller d’Abdallah BOUKACEM.
Interrogé le 17 février 2023, Abdallah BOUKACEM contestait toujours avoir tiré et avoir été présent à Talant sur le lieu des faits. Il expliquait que son téléphone chargeait dans le véhicule Peugeot 207, dont le contact était allumé, et qu’il avait prêté son véhicule à une personne dont il refusait de communiquer l’identité. Il confirmait qu’il entretenait ce véhicule (contrôle technique) et qu’il l’utilisait de temps en temps (ticket de stationnement). Il indiquait avoir pris la fuite dans un premier temps par peur parce que son frère avait été interpellé et mis en prison. Il ignorait pourquoi Alessandro PINTO l’identifiait formellement comme étant le conducteur du véhicule Peugeot 207 puis comme l’ayant menacé en lui disant « dépêche-toi suis-nous ou je te tire dessus ». S’agissant de la présence de son ADN sur le cric du véhicule Nissan Juke, il reconnaissait avoir changé la roue antérieurement aux faits en présence d’Ayemn BOU KABOUS.
Il confirmait la présence de Said BAAIJ, Y.B, Ayemn BOUKABOUS, Ayoub H RAIBA, et Fathy M’RAD dans la cage d’escalier le jour des faits et le fait que Saki BAAIJ était en possession d’une arme de poing qu’il avait exhibée, s’amusant à la pointer en direction de ses amis et qu’il avait également une banane bleue. Il ignorait toutefois qui était monté dans quel véhicule. II ne voulait pas dire auprès de qui il avait récupéré son véhicule le soir des faits par peur des représailles. Il indiquait avoir entendu la rumeur selon laquelle Aymen BOUKABOUS était monté dans le Nissan Juke mais qu’il ne savait pas s’il était en mesure de conduire.
Il confirmait enfin la présence de Saki BAAIJ, Y.B, et Ayemn BOUKABOUS chez Saki BAAIJ le 9 février 2022 et les déclarations de ce dernier qui avait demandé à Younes BOURAHLA de se dénoncer à sa place en déclarant être le tireur en échange de 20 000 euros. Il confirmait également avoir utilisé le même téléphone que Younes BOURAHLA mais contestait avoir exercé une quelconque pression sur ce dernier. Il confirmait que Y.B n’était pas parti avec les autres dans les véhicules, qu’il devait être devant la cage.
Le 16 avril 2023, un téléphone était découvert sur Saki Mimouni, co-détenu d’Abdallah BOUKACEM.
Lors de la confrontation du 23 mai 2023, Abdallah BOUKACEM revenait sur une partie de ses précédentes déclarations. Il relatait donc que les clefs du véhicule Nissan Juke étaient à la disposition de tout le monde, qu’il avait bien eu un accident le 10 décembre 2021 mais ne se trouvait pas avec Ayemn BOUKABOUS ce jour-là, bien qu’il l’ait véhiculé parfois puisqu’il portait un plâtre à la main. Il n’avait pas vu Saki BAAIJ à bord du véhicule Nissan. Il variait dans ses déclarations, indiquant qu’il ne se souvenait plus qui était présent dans la cage d’escalier le 22 décembre 2021 outre Ayemn BOUKABOUS, qui était ensuite parti à l’anniversaire de son petit frère, et Y.B. Il indiquait être rentré chez lui vers 20 heures – 20 heures 30.
Il n’avait pas vu Ayemn BOUKABOUS monter dans un véhicule le soir des faits tout en précisant : «il a peut-être fait 200 mètres pour rentrer chez lui-avec le nissan le soir des faits, Mais vers 23h le soir des faits je ne l’ai pas vu ». Il n’avait pas vu les véhicules revenir dans la soirée.
Il affirmait avoir reçu un appel menaçant en détention d’un interlocuteur dont il ignorait l’identité, via un téléphone saisi par les surveillants en février 2023, lui demandant de déclarer le 17 février 2023 que Saki BAAIJ était présent dans la cage d’escalier et était en possession d’une arme et qu’il avait entendu la conversation`de Saki BAAIJ le 9 février 2022 dans laquelle ce dernier se dénonçait comme étant le tireur. Il expliquait également avoir été victime de violences à plusieurs reprises en détention. Ainsi, il revenait sur ses déclarations indiquant qu’il n’avait pas vu Saki BAAIJ porter une arme, qu’il n’avait dit cela que parce qu’on lui avait demandé et ‘promis la liberté. Il ne savait pas qui l’avait contacté.
Il contestait jusqu’à l’existence d’un appartement rue Clément Janin et expliquait avoir appelé sa mère avec le téléphone de B.Y depuis l’épicerie O’Market où BOUKABOUS Ayemn et B.Y étaient présents avec lui. Il n’avait pas assisté à « un coup de pression » de Saki BAAIJ envers B.Y.
Interrogé le 28 septembre 2023, Abdallah BOUKACEM confirmait finalement avoir été présent sur le lieu des faits et avoir conduit le véhicule Peugeot 207 jusqu’à TALANT le jour des faits. Il se trouvait dans la cage d’escaliers avec des amis dont il ne voulait pas donner le nom. Il expliquait que le véhicule Peugeot 208 des victimes avait circulé à deux reprises devant la cage d’escalier avec deux personnes à bord. Compte tenu des fusillades qui avaient eu lieu à l’encontre du commerce O’Market, il décrivait un effet de groupe, les personnes présentes dans la cage d’escalier craignaient qu’il allait se repasser la même chose parce que le passager tenait quelque chose dans les mains. Il avait pris le volant du véhicule Peugeot 207, avec trois personnes à bord dont il refusait de communiquer l’identité, suivi par le véhicule NISSAN Juke blanc. Ils avaient suivi le véhicule Peugeot 208 jusqu’à un parking à Talant. Une fois stationnés, les deux occupants du véhicule Peugeot 208 avaient pris la fuite en courant, il avait alors entendu quatre ou cinq coups de feu et vu l’une des deux victimes se faire rouer de coups, au sol, par plusieurs personnes. Il avait ensuite déposé trois personnes avenue du Lac, avant de regagner le domicile de ses parents. Il refusait de communiquer l’identité du tireur et contestait avoir vu l’arme, notamment entre les mains de Saki BAAIJ. Il ne savait pas que quelqu’un était parti avec une arme et que des coups allaient être tirés, il pensait simplement qu’ils allaient leur faire peur. Il ne savait pas si Y.B était présent sur le parking. Il confirmait que son frère n’était pas là le soir des faits.
Il confirmait s’être trouvé le 9 février 2022, rue Clément Janin avec Ayemn BOUKABOUS et Y.B, lequel logeait sur place depuis quelque temps. Il contestait avoir entendu une quelconque conversation entre Saki BAAIJ et Y.B ce jour-là. Il confirmait avoir utilisé le téléphone de ce dernier pour appeler sa mère. Enfin, il reconnaissait Saki BAAIJ sur le clip Youtube du rappeur « Stova » et confirmait que ce dernier postait des vidéos de rap sur le compte Snapchat « stova_officiel ». Il confirmait qu’une personne lui avait demandé de mentir en disant que Saki BAAIJ était dans la cage d’escalier, qu’il connaissait cette personne et qu’elle lui avait mis la pression. Il ne voulait plus rien dire que le rôle de Sed BAAIJ.
Ayemn BOUKABOUS
Placé en garde à vue le 26 octobre 2022 suite à son interpellation dans une autre procédure pour conduite sans permis, Ayemn BOUKABOUS gardait le silence. Le téléphone saisi dans sa fouille était de marque Apple lphone modèle 11 lequel contenait une carte SIM SFR n°542……………..
Lors de son interrogatoire de première comparution, Ayemn BOUKABOUS contestait avoir été l’utilisateur des lignes XX.XX.XX.XX.XX et XX.XX.XX.XX.XX, déclarant avoir emprunté ces téléphones de tierces personnes pour contacter sa mère et sa petite amie. Il confirmait avoir accompagné Laura FERREIRA pour la location du véhicule Nissan Juke, location qui avait été effectuée pour son compte et réglée par Said BAAIJ. Il contestait toutefois avoir conduit ce véhicule expliquant qu’il s’était fait opérer de la main droite le 7 décembre 2021 et que les fils lui avaient été retirés le 19 ou le 20 décembre 2021. Il avait néanmoins maintenu la location parce que le véhicule aurait pu servir à de tierces personnes. Il contestait toute participation aux faits, expliquant avoir participé à une fête de famille le 22 décembre 2022 à l’occasion de l’anniversaire de son frère. A l’issue, il était mis en examen des chefs de tentative d’homicide volontaire et violences en réunion avec ITT inférieure à huit jours.
Un certificat médical attestait que Ayemn BOUKABOUS avait eu deux points de suture, sous anesthésie locale, sur la main droite, le 7 décembre 2021, suite à une plaie par tranchant (couteau), et que la cicatrisation complète interviendrait sous 15 jours.
Fatima, Khaed et Soumaya HADDACHE expliquaient avoir fêté l’anniversaire d’Ayoub BOUKABOUS le 22 décembre 2021, à l’occasion d’un repas chez Boualem BOUKABOUS chez qui ils s’étaient rendus pour 19h30-20h. Khaled HADDACHE avait quitté la soirée en premier vers 01h00 ou 01h30 car il travaillait le lendemain. Ils affirmaient tous qu’Ayemn BOUKABOUS était présent avec eux toute la soirée.
Boualem BOUKABOUS, père d’Ayemn BOUKABOUS, expliquait que son fils ne l’avait pas écouté quand elle lui avait demandé de se présenter à la police, sachant qu’il était recherché. Il précisait que son fils ne venait au domicile que pour dormir, manger et changer ses vêtements sinon il était tout le temps dehors. Il changeait tout le temps de numéro de téléphone ce qui ne lui permettait pas de le surveiller. Il fréquentait notamment Abdallah BOUKACEM et Said BAAIJ. Il avait déjà vu son fils conduire un véhicule de location Nissan Juke. Le 22 décembre 2021, son fils Ayemn était présent pour la soirée mais il n’était pas en mesure de dire s’il était sorti, sa chambre se trouvant à côté de la porte d’entrée.
Amira BOUKABOUS, soeur d’Ayemn BOUKABOUS, expliquait qu’elle ne connaissait pas le numéro de téléphone de son frère parce qu’il en changeait souvent et qu’elle l’avait déjà vu au volant d’un véhicule de location Nissan Juke. Le 22 décembre 2021, elle indiquait que son frère avait été présent à la soirée d’anniversaire, elle ne l’avait pas vu s’absenter.
Samira NOUAR épouse BOUKABOUS et Ayoub BOUKABOUS, mère et frère d’Ayemn BOUKABOUS, expliquaient que ce dernier changeait de téléphone tous les quinze jours. Ils affirmaient qu’il était présent durant la soirée du 22 décembre 2021.
Interrogé le 21 février 2023, Ayemn BOUKABOUS expliquait avoir été présent dans le hall d’immeuble en début, de soirée, notamment avec Abdallah BOUKACEM et Y.B, puis avoir regagné son domicile vers 20h/20h30, donc ne plus se trouver dans la cage d’escalier quand le véhicule Peugeot 208 des victimes était passé. Il confirmait avoir récupéré le véhicule Nissan Juke avec Laura FERREIRA et Sakl BAAIJ, et qu’il avait demandé à Laura FERREIRA de le rendre 5 jours avant la date prévue. Il ne se souvenait plus s’il avait ou non conduit ce véhicule ni à qui il avait remis les clefs qu’il avait conservées. Il confirmait qu’il n’avait pas pu conduire le véhicule en décembre, notamment le 10, en raison de sa blessure à la main. Il ajoutait que beaucoup de personnes avaient conduit ce véhicule. Il confirmait qu’il n’utilisait aucune ligne téléphonique en décembre 2021 et qu’il communiquait par Snapchat sur sa tablette. Il ne connaissait pas le rôle des autres mis en cause dans les faits. Il niait également avoir été le « larbin » de Saki BAAIJ même s’il concédait que c’était quelqu’un d’impressionnant et qu’il avait une certaine influence sur les jeunes du quartier. Il ne l’avait jamais vu en possession d’une arme et n’avait pas entendu dire qu’il serait le tireur. Il confirmait enfin avoir été présent chez Sed BAAIJ rue Clément Janin le 9 février 2022 avec Abdallah BOUKACEM, Sakl BAAIJ et Y.B mais il contestait avoir été témoin d’une conversation sur les faits ou de pressions exercées par Saki BAAIJ.
Lors de la confrontation du 23 mai 2023, Ayemn BOUKABOUS se souvenait que le véhicule Golf que lui avait prêté Saki BAAIJ était tombé en panne, qu’il avait contacté le dépanneur mais il contestait avoir alors décliné l’identité de Saki BAAIJ. Confronté aux déclarations de Y.B selon lequel il serait allé chez Saki BAAIJ deux ou trois jours après les faits, il disait ne pas se souvenir de cet épisode. S’agissant du véhicule Nissan Juke, il affirmait qu’il se faisait conduire par Abdallah BOUKACEM puisqu’il avait la main dans le plâtre donc il n’avait pas pu prendre le volant le soir des faits, que Saki BAAIJ n’avait jamais utilisé ce véhicule mais lui avait avancé le prix de la location, somme qu’il lui avait remboursée plus tard. Selon lui, les clés du véhicule se trouvaient à l’intérieur, à la disposition de tout le monde. Il confirmait que Y.B n’avait pas pu le voir dans la cage d’escaliers à 23 heures puisqu’il était déjà rentré chez lui.
A la seule question du magistrat instructeur «Vous concernant qu’avez vous à dire aujourd’hui sur le fait d’avoir été rue Janin le 09/02/22 et d’être resté dans un appartement occupé par BAAIJ Said et ce en la présence de ce dernier, Y.B et BOUKACEM Abdallah ? », il faisait usage de son droit au silence.
Said BAAIJ
Entendu par les enquêteurs en qualité de témoin le 6 janvier 2023, Sed BAAIJ refusait de répondre aux questions qui lui étaient posées sur les faits.
Le 21 février 2023, et suite aux déclarations de Younes BOURAHLA, un mandat de recherche était délivré à l’encontre de Saki BAAIJ.
Le 21 mars 2023, Saki BAAIJ était interpellé et placé en garde à vue pour des infractions au code de la route. A l’issue de cette première garde à vue, il était placé en garde à vue dans le cadre de la présente procédure le 22 mars 2023. Il contestait avoir été présent dans la cage d’escalier le 22 décembre 2021, être détenteur d’armes à feu, en avoir exhibé une ce jour-là. Il niait également avoir tiré comme avoir exercé des pressions sur Y.B pour qu’il se dénonce à sa place en échange de 20 000 euros. Il conservait le silence s’agissant des autres questions qui lui étaient posées.
Lors de son interrogatoire de première comparution, Saki BAAIJ contestait toute participation aux faits. Il déclarait avoir quitté son logement à Dijon situé 33 avenue du Lac, après la fusillade intervenue sur la façade de son commerce O’Market sis 35 avenue du Lac, en septembre 2021 (procédure en cours d’instruction à la JIRS) et résider depuis lors à Pontarlier. Il contestait avoir occupé un logement rue Clément Janin à Dijon et affirmait que cette adresse ne lui évoquait rien. , Il était ami avec Megueni BOUKACEM et Ayemn BOUKABOUS, et connaissait Abdallah BOUKACEM et Y.B. Il ne se souvenait pas de son emploi du temps le soir du 22 décembre 2021 et l’affaire ne lui évoquait rien. Il confirmait avoir été présent avec Ayemn BOUKABOUS et Laura FERREIRA pour la location du véhicule Nissan Juke. Cette location avait été effectuée pour le compte d’Ayemn BOUKABOUS, il avait lui-même procédé au règlement de cette location avec de l’argent qui ne lui appartenait pas, et affirmait que ce véhicule ne lui était pas destiné et qu’il ne l’avait pas conduit, sans être en mesure d’indiquer qui était le conducteur dès lors qu’Ayemn BOUKABOUS s’était fait opérer de la main. Il contestait avoir conduit le véhicule Nissan Juke et même être monté à bord. Il contestait être l’utilisateur de la ligne téléphonique XX.XX.XX.XX.XX, tout en indiquant dans le même temps ne pas se souvenir de ses numéros de téléphone. Il -512 niait avoir contacté l’assistance Volkswagen pour le véhicule Golf immatriculé FY -PD loué par son épicerie O’Market. Il précisait avoir prêté son véhicule Golf à Ayemn BOUKABOUS. Il contestait être détenteur d’armes, avoir été présent le soir des faits comme le 9 février 2022 rue Clément Janin. Il réfutait donc l’intégralité des déclarations de Y.B et d’Abdallah BOUKACEM, y. compris les avoir hébergés, et soutenait que ces derniers avaient communiqué entre eux. A l’issue il était mis en examen des chefs de tentative d’homicide volontaire et violences aggravées.
Lors de la confrontation du 23 mai 2023, Saki BAAIJ maintenait avoir quitté le quartier de la Fontaine d’Ouche en septembre 2021 suite à la fusillade sur son commerce O’Market et il contestait avoir fréquenté Younes BOURAHLA, être monté à bord du véhicule Nissan Juke, être détenteur d’armes, et avoir été présent dans la cage d’escalier le 22 décembre 2021 comme dans un appartement rue Clément Janin. Il soutenait n’avoir jamais hébergé Y.B et menaçait de porter plainte contre lui pour diffamation tout en indiquant que ce dernier souffrait de problèmes psychiatriques. Il ne savait plus pourquoi c’était lui qui avait avancé le prix de la location pour le véhicule Nissan Juke. Enfin, il ignorait tout de l’identifiant « stova » sur Snapchat.
La gestionnaire de l’immeuble situé 29 ter rue Clément Janin à Dijon confirmait que Sofiane BAAIJ, frère de Saki BAAIJ, était locataire d’un logement situé bâtiment B, 1er étage porte 23 du 29 janvier 2016 au 07 avril 2022 mais qu’il existait un contentieux avec lui pour impayés. Le contrat de location désignait RAHZI Naoual comme étant la locataire.
L’enquête de voisinage réalisée 29 ter rue Clément Janin permettait de confirmer que plusieurs occupants de l’immeuble reconnaissaient Sofiane BAAIJ, frère de Said BAAIJ, comme étant un ancien locataire dont la petite amie était prénommée Naoual. En outre, plusieurs d’entre eux confirmaient avoir croisé Abdallah BOUKACEM, Megueni BOUKACEM, et Y.B dans le hall de l’immeuble et un véhicule Peugeot 207 gris garé sur le parking de la résidence.
Le 4 août 2023, Lila MEDRAOU épouse BOURAHLA déposait plainte pour le compte de son fils Younes BOURAHLA, lequel utilisait le compte Instagram @monacsssf et était victime d’injures publiques émanant du compte Instagram @stova_offi. Elle transmettait ultérieurement au juge d’instruction deux publications émanant de ce compte, la première du 4 août 2023 mentionnait « tout ce paye enfant de salopes @monacsssf » et la seconde du 7 août 2023 comprenait une photographie de Y.B sur laquelle était indiqué « grosse balance qui se réfugie au petit citeaux a dijon les dépositions seront afficher publiquement)> «Y.B la salope et son oncle kamel monaco sa va baiser vos meres » «faites tourner la venter doit ecla ter des amis proches de lui m’ont avouer qu’il a baiser sa propre soeur ce cave» et « @monacsssf allez lui insulter sa mere la pute a cet balance ».
Les investigations réalisées sur les réseaux sociaux révélaient que « Stova » était le nom d’artiste utilisé par Said BAAIJ qui diffusait des vidéos de lui, en selfie, à visage découvert sur le compte Snapchat « stova_officiel ». L’exploitation des publications de son compte Snapchat révélait qu’il proférait de nombreuses menaces et insultes et que le 7 août 2023 il avait publié la photographie de Younes BOURAHLA avec les mêmes inscriptions que celle publiée sur le compte Instagram @stova_offi ce jour-là, et transmise par Lila MEDRAOU épouse BOURHALA.
Interrogé le 22 septembre 2023 sur le non-respect de son contrôle judiciaire, Said BAAIJ affirmait que plusieurs personnes, dont lui, utilisaient le compte Snapchat « Stova_officiel » notamment pour faire de la publicité pour sa musique. Il ignorait à quoi correspondait le terme « Stova » et contestait le fait qu’il s’agisse de son nom d’artiste. Il ne reconnaissait pas Y.B sur les photographies qui lui étaient présentées et contestait avoir posté quoi que ce soit le concernant.
Le 9 janvier 2024, le conseil de Said BAAIJ, Me CABANNES, déposait une demande d’acte tendant à ce que des vérifications soient faites relativement au dîner de Said BAAIJ au restaurant VVokasie à FONTAINE LES DIJON, le soir des faits, avec sa soeur Leyla BAAIJ, ses deux neveux et nièces, et son amie Laura FERREIRA, qui avait réglé l’addition d’un montant total de 50 euros.
Interrogé le 15 janvier 2024, Said BAAIJ persistait à contester toute implication dans les faits et expliquait ne jamais s’être senti concerné par ceux-ci, raison pour laquelle il n’avait pas vu l’intérêt d’évoquer la tenue du dîner au restaurant chinois le soir des faits. Il n’était plus en mesure de se souvenir de ses horaires d’arrivée et de départ du restaurant, ni du véhicule dans lequel il s’y était rendu. Ils avaient ensuite regagné le domicile de sa mère à Perrigny les Dijon. Alors qu’il avait évoqué précédemment que l’appartement de la rue Janin ne lui évoquait rien du tout, il confirmait que son frère Sofiane BAAIJ était locataire d’un appartement situé 29 ter rue Clément Janin à Dijon, appartement dans lequel il n’avait jamais dormi ni vécu, se contentant de livrer des courses à son frère. Il niait s’y être trouvé avec Abdellah BOUKACEM, Ayemn BOUKABOUS et Y.B le 9 février 2022, faisant état d’un complot d’Abdellah BOUKACEM et Y.B à son encontre. S’agissant du compte Snapchat « Stova_officiel », il expliquait qu’ils étaient plusieurs rappeurs à se partager l’accès au compte. Il affirmait ne être à l’origine des menaces et des insultes à l’encontre de Y.B.
A l’occasion de la procédure 17…./0…9/2024 diligentée par la COB SOMBERNON à l’encontre de BAAIJ Saki du chef de menaces de mort par conjoint au préjudice de SUAREZ Omaima, cette dernière indiquait que Saki BAAIJ, son ancien compagnon, communiquait avec elle depuis la détention et utilisait notamment le compte Instagram stova_offi pour la menacer de mort notamment « Tu va mourir attend souffre encore un peu » ou « Jv fumer ta mere si tu tsauve ».
Entendue dans le cadre d’une commission rogatoire, Leyla BAAIJ, sœur de Saïd BAAIJ, confirmait avoir passé la soirée du 22 décembre 2022 dans un restaurant situé au sein du centre commercial de Géant Casino à FONTAINE LES DIJON en compagnie de ses deux enfants Mohamed et Nour, de son frère Saki BAAIJ et de Laura FERREIRA, sa compagne de l’époque. Elle indiquait que la soirée avait duré environ deux heures et estimait son heure de retour au domicile à PERRIGNY aux alentours de 23h30. Elle expliquait que la note avait été partagée en Laura FERREIRA qui avait payé 50 euros par carte bancaire et Saki BAAIJ qui avait payé le solde de la note soit 50 euros, en liquide.
Laura FERREIRA confirmait cette version, estimant toutefois leur retour à PERRIGNY aux alentours de 22h30. Elle fournissait un relevé de compte constatant le débit d’une somme de 50 euros le 23/12 au profit de SAS WEILIN FONTAINE LES DIJ 22/12. Les investigations auprès du Crédit Agricole permettaient de confirmer que le paiement par cette dernière de la somme de 50 euros au restaurant VVOKASIE le 22 décembre 2021 à 22h48.
Le conseil de Saki BAAIJ, Me CABANNES, demandait également que des vérifications soient réalisées concernant l’activité du compte snapchat « Stova_officiel ». Il résultait de la consultation du compte SNAPCHAT que ce compte était utilisé à plusieurs reprises entre le 12 juillet 2023 et le 18 août 2023 par Saki BAAIJ, ce dernier postant des vidéos de lui-même. Ce même compte était inactif au 13 février 2024.
La consultation des sources ouvertes permettait enfin de constater qu’une vidéo d’un clip des rappeurs « STOVA » et « Mknsi » dénommée «Coco Chanel » était publiée sur le site Youtube. La promotion du clip sur le site « generations.fr » décrivait en juillet 2022 le rappeur « STOVA » comme «un rappeur de 23 ans qu’il faudra suivre de très près. Actuellement en cavale car il est activement rechercher par la police française, le rappeur est déterminé à marquer le rap game en démontrant l’étendue de son talent ». La consultation de la vidéo permettait l’identification de Saki BAAIJ, à visage découvert.
Lors de l’audience devant le tribunal ce mercredi 11 décembre, Saïd Baaij n’en menait pas large. Le dossier, il faut le dire, tient surtout par les accusations croisées des uns contre les autres, créant un tableau complexe et souvent contradictoire.
Le mineur impliqué dans l’affaire s’était d’abord dénoncé comme étant le tireur avant de se rétracter et d’accuser Saïd de lui avoir proposé de l’argent pour s’incriminer à sa place. Cette déclaration a jeté le trouble sur la véracité des témoignages.
Abdallah Boukacem, 18 ans au moment des faits, a reconnu être le conducteur de la première voiture mais a nié avoir donné des coups à l’un des deux jeunes. Cependant, ses déclarations ont été très variées au cours des interrogatoires. À l’audience, un coup de tonnerre : il accuse à son tour Saïd. « C’est lui qui a tiré », affirme-t-il à la barre. Interrogé par la présidente, il répond : « Je le sais parce que je le sais. Tous les jeunes de Fontaine-d’Ouche le savent et il l’a dit devant moi. »
Dans son box, Saïd Baaij comparait détenu pour avoir mal respecté son contrôle judiciaire. Il proteste avec vigueur. « Je n’ai rien à voir avec cette histoire », vitupère-t-il. « Les deux qui m’accusent mentent depuis le début de l’affaire. » Ce soir-là, explique-t-il, il était au restaurant avec sa sœur, les enfants de celle-ci et sa compagne de l’époque. Un ticket de carte bleue de sa sœur est en effet présent dans le dossier, attestant sa présence. Lui, aurait payé en liquide, mais les deux femmes témoignent qu’il était bien là ce soir-là.
Le troisième prévenu, qui avait loué l’une des voitures, est resté taiseux et a expliqué qu’il ne savait rien. Ce soir-là, il était en famille, où l’on fêtait l’anniversaire de son frère, ce qui est attesté par de nombreux témoins.
Pour le procureur Labonne-Collin, les trois prévenus sont coupables. Il nécessite 30 mois contre Adil, 4 ans contre Abdallah et 5 ans contre Saïd, « le meneur et le tireur » de cette « histoire hallucinante. »
Me Jean-Baptiste Gavignet, a demandé et obtenu la relaxe pour Adil. Me Antony Truchy, émotif, a souligné la jeunesse de son client, Abdallah, qui s’est « laissé entraîner par l’effet de groupe » et est aujourd’hui réinséré. Efficace : le tribunal a condamné Abdallah Boukacem à 18 mois ferme, dont il a déjà purgé en préventive.
Saïd, lui, a deux avocats, le Lyonnais David Metaxas et le Dijonnais David Cabannes. « Vous ne pouvez pas le condamner sur les déclarations de ses co-prévenus, qui ont intérêt à le désigner », proteste le premier. « Il faut faire cesser aujourd’hui ce bal des faux-semblants », renché Me Cabannes qui dénonce un « dossier vide de preuves ». Pas d’ADN, aucune des victimes deux reconnaissant Saïd…
La Décision du Tribunal
Le tribunal a une autre lecture et a condamné Saïd Baaij à 5 ans ferme avec un maintien en détention.
Cette affaire, pleine de revirements et de tensions, souligne une fois de plus la complexité des enquêtes criminelles et la nécessité de preuves solides pour déterminer la vérité des faits.