Alors que le gouvernement s’était engagé à harmoniser les frais de scolarité des Instituts de Formation en Masso-Kinésithérapie (IFMK) d’ici le 1er janvier 2025, de nombreux étudiants, notamment à Dijon, dénoncent un manque criant d’équité. L’Association dijonnaise des étudiants en kiné tire la sonnette d’alarme : les écarts de prix entre les différents établissements de la région sont tels qu’ils mettent en péril l’avenir de la profession et l’accès aux soins pour tous.
Le coût de la formation, un obstacle majeur
Les chiffres sont éloquents : 47% des étudiants dijonnais ont contracté un prêt pour financer leurs études, et 42% sont obligés de travailler en parallèle pour subvenir à leurs besoins. « Devenir professionnel de santé ne devrait pas être un luxe », clament-ils en chœur. Cette situation précaire pousse de nombreux jeunes à renoncer à leur projet professionnel ou à partir étudier à l’étranger, au détriment du système de santé français.
Des conséquences néfastes pour les étudiants et pour la société
Les conséquences de cette situation sont multiples :
- Renoncement à la filière : De plus en plus d’étudiants envisagent d’abandonner leurs études, découragés par les coûts exorbitants.
- Exode des étudiants : Pour échapper à cette précarité, certains partent étudier à l’étranger, notamment en Espagne et en Belgique.
- Inégalités sociales : Les frais élevés pénalisent particulièrement les étudiants issus de milieux modestes, accentuant les inégalités.
- Menace pour l’accès aux soins : La pénurie de kinésithérapeutes qui pourrait en résulter compromettrait l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales.
Un appel à l’action
Face à cette situation critique, les étudiants en kinésithérapie de Dijon appellent le gouvernement à honorer ses engagements et à mettre en place une harmonisation rapide des frais de scolarité. Ils souhaitent également être intégrés dans un pôle de santé universitaire, bénéficiant ainsi de conditions d’études plus favorables.
Le combat des étudiants dijonnais pour un accès équitable à la formation en kinésithérapie est loin d’être isolé. Il reflète une réalité plus globale : celle d’un système de santé sous pression, où les inégalités sociales se font de plus en plus ressentir. Il est urgent que les pouvoirs publics prennent conscience de l’enjeu et agissent en conséquence.
Communiqué du 12 décembre 2024 :
Depuis maintenant plus d’un an, l’avenant 7 a été signé incluant la clause de l’engagement du gouvernement et de l’Assurance Maladie à harmoniser les frais de scolarité des Instituts de Formation en Masso-Kinésithérapie (IFMK) avant le 1er Janvier 2025.
Cependant, cette harmonisation n’a toujours pas été mise en œuvre, et ce, alors que la date du 1er janvier 2025 approche. Il y a encore de grands écarts de frais de scolarité au sein même de la Bourgogne Franche-Comté : entre deux instituts à quelques dizaines de kilomètres, le prix d’une année varie de 200 € jusqu’à 7 000 € en fonction des écoles.
L’absence de financement, contraire aux engagements pris par le gouvernement, ainsi que l’augmentation du coût de la vie, plonge de nombreuses familles dans de grandes difficultés financières.
L’accès à cette formation, nécessaire pour l’accès aux soins dans la région, est ainsi mis en danger !
47% des étudiants de l’institut de Dijon ont contracté un prêt pour financer leurs études, contre 40% en 2022
42% des étudiants de l’IFMK de Dijon sont dans l’obligation de travailler durant l’année universitaire pour subvenir à leurs besoins financiers et de première nécessitée, contre 29% en 2022.
« Les frais de scolarité sont un frein énorme pour ma part. Ayant 2 grands frères, mes parents ne peuvent pas tout gérer financièrement. Je suis actuellement encore à habiter chez eux à 30-40 min de l’école car ils ne peuvent pas payer un deuxième appartement. » Ce manque d’harmonisation est d’autant plus injuste que à la sortie du concours de première année, les étudiants n’ont pas le choix de leur IFMK.
Cela génère des conséquences dangereuses :
– Renoncement à la filière : 28% des étudiants de l’IFMK de Dijon ont déjà envisagé d’arrêter leurs études pour des raisons financières, par rapport aux 2% en 2022 : découragement de futurs professionnels de santé lié au frais de scolarité indépendamment de leur motivation. “J’ai clairement cru ne pas pouvoir entrer dans l’école car nous avons appris que l’école était payante l’été après la PASS, 15 jours avant de devoir payer… J’ai dû me battre avec les banques pour réussir à avoir un prêt qui me colle à la peau aujourd’hui.”
Exode d’étudiants : de nombreux jeunes partent étudier à l’étranger (principalement l’Espagne et la Belgique) : refuge précarisant pour les étudiants et réelle fuite pour le système de santé de demain.
Inégalités socio-professionnelles : les frais élevés pénalisent particulièrement les étudiants issus de familles appartenant aux classes les plus modestes. Cela renforce les inégalités socio-professionnelles dans les profession de santé.
Ce silence survient alors que les besoins en kinésithérapeutes augmentent avec le vieillissement de la population, notamment dans les fragiles et rurales. L’attractivité de la filière est ainsi mise en danger et avec, tout l’équilibre de l’accès aux soins de kiné sur le territoire.
Cette dernière est aussi une menace pour les étudiants eux-mêmes, aussi bien sur le plan financier comme déjà évoqué mais aussi sur le plan médical. En effet 21% des étudiants de l’institut de Dijon ont déjà renoncé à des soins médicaux pour des raisons financières contre 12% en 2022. De même, 24% des étudiants loupent des repas tous les mois pour des raisons financières contre 10 % en 2022.
Toutes ces statistiques nous alarment sur la précarité des étudiants qui augmente d’années en années qui aurait dû être en partie palliée par l’arrêt de des frais exorbitants.
Face à cette crise, les étudiants appellent le gouvernement à honorer leurs engagements relatifs à l’harmonisation des frais de scolarité.
Nous espérons également, en tant qu’étudiants, que notre voix sera écoutée afin qu’à terme, nous puissions être intégrés dans un pôle de santé universitaire, bénéficiant de frais de scolarité harmonisés et abordables.
Les étudiants en kinésithérapie de la Région ne revendiquent pas un privilège, mais aspirent à une équité : l’accès à une formation financièrement abordable, conformément aux promesses formulées.
Devenir professionnel de santé ne devrait pas être un luxe.