Ce lundi 27 janvier, le conseil municipal de Dijon a validé la création d’une unité cynophile au sein de la police municipale. Composée d’un maître-chien et d’un malinois de 20 mois, cette nouvelle équipe sera rattachée à l’équipe de nuit pour contribuer à la régulation de la vie nocturne et à la préservation de la tranquillité publique. Une initiative saluée, mais aussi vivement débattue.
Une première pour la police municipale dijonnaise
Avec cette décision, la police municipale de Dijon se dote pour la première fois d’une unité cynophile. Le malinois, nommé Ulan, a été spécialement dressé pour accomplir des missions précises, comme la dissuasion dans les lieux publics, l’accompagnement des policiers lors d’interventions nocturnes, ou encore la sécurisation d’événements rassemblant un grand nombre de personnes. Ses prérogatives restent cependant limitées aux compétences classiques de la police municipale : maintien de la tranquillité publique et lutte contre la petite délinquance.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche expérimentale, comme l’a précisé la maire de Dijon, Nathalie Koenders. Elle a souligné que cette unité, bien qu’encore modeste, pourrait être élargie si les résultats s’avèrent concluants.
Les critiques et réserves de l’opposition
Laurent Bourguignat, élu d’opposition, a reconnu l’intérêt de cette initiative tout en émettant des critiques constructives sur ses limites et son contexte. Selon lui, cette mesure arrive de manière isolée, sans s’inscrire dans une vision globale de la sécurité à Dijon : « Cette unité cynophile n’était pas prévue dans le programme ‘Dijon, c’est Capitale’, que la majorité présente comme sa feuille de route. Je n’ai pas trouvé cette mesure parmi les engagements annoncés, mais j’y ai vu d’autres promesses qui n’ont toujours pas été tenues. »
Il a particulièrement insisté sur le projet de création d’une police métropolitaine des transports, un engagement de début de mandature : « Sécuriser le réseau Divia est une priorité. Trop d’usagers et d’agents sont confrontés à des agressions et des incivilités. Une police métropolitaine aurait permis d’agir efficacement sur ce point. Or, cette promesse n’a pas été concrétisée. La convention signée avec Divia est un bon début, mais elle reste insuffisante. »
Bourguignat a également soulevé des interrogations sur les moyens alloués à cette unité cynophile, comparant Dijon à d’autres villes où ces unités sont bien plus développées : « Avec un seul chien, Ulan, et une seule maître-chien, comment assurer une continuité de service ? Que se passera-t-il lorsque la maître-chien sera en congé ou indisponible ? À Nantes, il y a 4 chiens, à Cannes 12, et à Orléans 16. Dijon semble bien en deçà de ce qui se fait ailleurs. Nous avons besoin de savoir si cette initiative est un simple coup d’essai ou une véritable stratégie à long terme. »
Enfin, il a insisté sur la nécessité de clarifier les missions du chien et de ne pas susciter de fausses attentes parmi les habitants : « Contrairement aux chiens de la Police Nationale, le malinois de la police municipale n’interviendra pas dans des traques, des interpellations ou la lutte contre le narcotrafic. Son rôle sera avant tout dissuasif. Soyons clairs pour éviter des déceptions. »
La réponse de Nathalie Koenders : expérimenter avant de développer
Face aux critiques de l’opposition, Nathalie Koenders a défendu le caractère pragmatique et expérimental de cette initiative. Elle a tout d’abord répondu sur la question de la police métropolitaine des transports : « Pour ce qui concerne la police métropolitaine des transports, comme son nom l’indique, c’est une compétence de la métropole. En tout cas, la ville de Dijon n’a pas attendu que cette police soit mise en place. Une convention de coordination a été signée entre la police municipale, Divia et la préfecture, et cela remonte au temps du préfet Sudry. Je m’en souviens bien, car j’avais moi-même représenté le maire à cette époque. Cette convention permet aujourd’hui aux policiers municipaux, sur le territoire de la ville de Dijon, de travailler en coordination avec les contrôleurs Divia, notamment dans le cadre de ce que l’on appelle du cabotage. Les policiers nationaux ont également signé cette convention, et je crois qu’elle a été élargie à d’autres villes de la métropole ».
Elle a également rappelé que l’État avait annoncé, sous l’impulsion de Gérald Darmanin, une expérimentation pour une police intercommunale des transports : « Moi, j’ai demandé au ministre de l’Intérieur, Monsieur Retailleau, où en était ce projet lorsque je l’ai rencontré, mais je n’ai pas obtenu de réponse. Donc, je suis d’accord avec vous : cette police intercommunale, qui avait été annoncée par l’État, doit effectivement être mise en place ».
En ce qui concerne l’unité cynophile, Nathalie Koenders a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un projet mesuré, conçu pour évaluer son impact avant d’envisager un éventuel développement : « concernant le sujet de la création d’une unité cynophile, c’est à titre expérimental, comme cela a été dit ! Maintenant, si c’est concluant, eh bien, pourquoi ne pas le faire de façon plus importante ? Mais on le fait de façon expérimentale, car, comme cela a été expliqué, nous avons aussi une agente volontaire, ce qui permet de ramener le chien chez elle. Nous avons demandé aux autres villes qui l’ont mis en place : les difficultés, après, concernent notamment la création d’un chenil. Il faut donc travailler pour le bien-être des animaux, et cela nécessite une structure un peu plus importante à mettre en place. Donc, on le fait à titre expérimental, et si c’est concluant, nous essaierons d’augmenter cette unité, bien sûr ».
Une initiative prometteuse, mais perfectible
La création de l’unité cynophile marque une avancée pour la sécurité à Dijon, mais elle reste modeste en comparaison des dispositifs existants dans d’autres villes. Si l’initiative est saluée pour son pragmatisme et son potentiel dissuasif, elle soulève aussi des interrogations sur sa portée réelle et ses limites logistiques. Entre attentes citoyennes, contraintes budgétaires et ambitions politiques, ce projet reflète à la fois les avancées et les défis d’une politique de sécurité locale.
Le prochain bilan de cette expérimentation sera déterminant pour savoir si Ulan, le premier malinois de la police municipale de Dijon, ouvrira la voie à une unité cynophile plus développée.