Depuis plusieurs mois, les Jeunes Agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté alertent sur une situation critique : le blocage des crédits FEADER, essentiels pour moderniser les exploitations et assurer la pérennité de l’agriculture régionale. Malgré l’adoption d’un plan de sortie de crise en décembre 2024, les fonds restent inaccessibles, mettant en péril de nombreuses exploitations.
Un plan ambitieux… mais sans effet concret
Les agriculteurs saluent l’initiative du Conseil Régional qui, en décembre dernier, a voté un plan de sortie de crise. Toutefois, plusieurs mois après, les professionnels du secteur continuent de faire face à des obstacles administratifs majeurs : incompréhension des services, modification des critères d’éligibilité en cours de route, communication défaillante et retards inexpliqués. Cette inertie bureaucratique empêche les exploitants d’accéder aux financements nécessaires pour leurs projets.
L’exemple de Florian, éleveur en Haute-Saône, illustre parfaitement cette situation. Ayant déposé un dossier en juin 2023 pour financer des clôtures et un point de gestion de l’eau, il se heurte à des exigences contradictoires et une absence totale de réponse cohérente. Après avoir été informé qu’un permis de construire n’était pas nécessaire, il reçoit six mois plus tard une notification rejetant son projet pour absence de ce même document. Une absurdité administrative qui le plonge dans l’incertitude et l’angoisse.
Des promesses non tenues, des exploitations en danger
Les dossiers déposés depuis juin 2023 restent toujours en attente de validation. Malgré les engagements pris, aucune avancée concrète n’est constatée. Pendant ce temps, les exploitants agricoles subissent les conséquences : impossibilité d’investir, d’entretenir leurs équipements ou de moderniser leurs infrastructures. Derrière chaque dossier non traité, ce sont des familles qui craignent pour leur avenir et des exploitations menacées de disparition.
Les Jeunes Agriculteurs de la région refusent de se résigner. Ils dénoncent avec force l’inaction des autorités régionales et réclament des mesures immédiates. Parmi leurs demandes urgentes :
- L’envoi immédiat des conventions papiers aux porteurs de projet afin qu’ils puissent avancer.
- La mise en place effective du plan de sortie de crise, sans attendre juillet 2025.
- Une accélération des processus administratifs pour éviter de nouvelles pertes économiques.
Un appel à l’action avant qu’il ne soit trop tard
Face à cette situation intenable, les Jeunes Agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté ne comptent pas baisser les bras. Ils demandent des actes concrets et immédiats. Une CRP (Commission Régionale des Projets) est prévue en mars 2025 pour examiner les dossiers déposés fin 2023. Les agriculteurs exigent que les conventions soient envoyées sans délai à la suite de cette commission.
Ils l’affirment : trop, c’est trop ! Ils refusent d’être les victimes d’un système administratif défaillant qui met en péril non seulement leur activité mais également la souveraineté alimentaire du pays.
Lettre ouverte : Les agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté encore asphyxiés par l’inaction du Conseil Régional, malgré un plan de sortie de crise
Nous, Jeunes Agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté, prenons aujourd’hui encore la plume pour exprimer notre colère face à une situation inacceptable. Depuis des mois, nous attendons désespérément le versement des crédits FEADER, fonds essentiels pour moderniser nos exploitations et assurer la pérennité de notre agriculture. Ces aides, censées nous soutenir, restent bloquées dans les méandres de l’administration régionale. À cause de votre inaction, nous sommes en train d’étouffer.
Pourtant un plan de sortie de crise a été voté en décembre 2024 et nous louons ce plan ambitieux. Malgré tout, les agriculteurs nous font encore et toujours des remontées d’incompréhension de vos services, de règles non établies, de changement d’éligibilité des projets, d’incompréhension des messages reçus (quand ils en reçoivent).
Concernant les projets déposés à partir de juin 2023, toujours aucune validation desdits projets. Les promesses, nous les avons entendues. Vous nous avez assuré que les dossiers seraient traités, que les fonds seraient débloqués. Pourtant, la réalité est tout autre : des retards abyssaux, des procédures incompréhensibles et un mépris total pour ceux qui nourrissent le pays. Chaque jour qui passe est une nouvelle entrave envers les agriculteurs qui ne peuvent pas investir, réparer leurs équipements, ou simplement maintenir leur activité.
Témoignage illustrant l’inquiétude permanente et les situations déplorables auxquelles nous sommes confrontés : Florian, éleveur en Haute-Saône, a déposé un dossier d’aide pour des clôtures et l’aménagement d’un point de gestion de l’eau en juin 2023. Il attend toujours une validation de sa demande pour rénover son système. « J’ai besoin de ce projet, explique-t-il. J’ai contracté des emprunts, engagé des travaux… et aujourd’hui, dès que je cherche à contacter le Conseil Régional, je n’ai soit personne, soit des gens qui me répondent qu’on va me rappeler, mais personne ne me rappelle. Je suis baladé sans rien comprendre. On me dit que mon dossier n’est pas complet car il me faut un permis de construire. Je leur précise à la lecture du règlement qu’il me semble que ce n’est pas nécessaire. On me répond qu’en effet, je n’ai pas besoin de permis de construire, et six mois plus tard je reçois un mail pour me dire que mon projet ne peut plus voir le jour car je n’ai pas déposé à temps le permis de construire. On marche sur la tête. Je suis désespéré et je ne sais plus quoi faire pour que cela avance. »
Florian n’est pas un cas isolé. Derrière chaque dossier en attente, il y a un agriculteur en souffrance, une famille qui craint pour son avenir, une exploitation qui risque de disparaitre. Comment pouvez-vous rester sourds face à cette détresse ? Comment justifiez-vous ce blocage qui condamne nos exploitations ?
Nous exigeons des actes, plus de discours ! Nous demandons dans les plus brefs délais la réception des conventions papiers par les porteurs de projet pour qu’ils puissent enfin continuer. Nous n’acceptons pas d’attendre juillet 2025 pour avoir un logiciel en ordre de marche. Une CRP a été annoncée en mars 2025 pour avancer les projets déposés fin 2023. Il est impératif que les conventions soient envoyées à la suite. Trop, c’est trop ! Nous refusons d’être les victimes de votre incompétence bureaucratique. Il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Nous ne pouvons plus attendre.
Les Jeunes Agriculteurs de Côté d’Or, du Doubs, du Jura, de la Nièvre, de la Haute-Saône, De Saône-et-Loire, de l’Yonne, du Territoire de Belfort et de Bourgogne Franche-Comté.