Dijon, mardi 01 juillet, 7h30. Les SUV climatisés s’alignent aux entrées et sorties de Dijon. Le long des voies de tram, les corneilles, le bec ouvert, cherchent un coin de frais et un peu d’eau… quand elles ne sont pas déjà mortes sur le bas-côté.
Dans les écoles de la métropole, on jette un œil inquiet au thermomètre de classe… qui vient confirmer le ressenti. 30° pour commencer la journée. Mais pas d’inquiétude mesdames et messieurs les personnels, votre ministère veille, un énième e-mail vient vous rappeler qu’il est important de donner à boire à vos élèves – sans quoi vous n’y auriez pas pensé – de ne pas les exposer au soleil… et de faire au mieux. Au mieux, dans des salles qui atteindront les 34° en début d’après-midi. Sans commentaire.
L’ensemble des ministères et organismes, privés ou publics, touchés de près ou de loin par la canicule y vont de leurs recommandations, s’agitant pour donner l’impression que quelque chose est fait. Polluant toujours plus par des dizaines de milliers de mails, rédigés dans des bureaux climatisés, dans le seul et unique but de se défaire de toute responsabilité en cas de problème. « On vous avait pourtant dit de fermer les volets aux heures chaudes ! »
Pendant ce temps, les piscines creusées se multiplient, les climatiseurs partent comme des petits pains… Il faut s’adapter paraît-il. Parce que c’est comme ça, il va faire chaud maintenant. N’allons pas chercher plus loin. N’essayons surtout pas d’inverser la tendance. Posons nos c*ls au frais, et laissons crever celles et ceux qui ne le peuvent pas. Humains ou pas. La corneille a soif ? Pas mon problème. Moi je veux me baigner.
Ce serait si dur de ne pas toujours faire passer son plaisir personnel après l’intérêt collectif ? Ce serait si dur d’aller se mélanger aux pauvres usagers et usagères de la piscine municipale ? Ce serait si dur de ranger son orgueil au placard et d’acheter une voiture plus petite ? Et ne venez pas me sortir l’argument de bonne conscience : « Oui mais moi je roule en électrique ! » Parce que non, vraiment, la voiture électrique n’est pas plus écologique. Simplement, vous ne la voyez plus sa pollution. Les mines de lithium, elles ne sont pas à Dijon.
Alors bien sûr, avec un service de transport qui ne serait pas négocié au rabais, il serait plus facile de ranger sa voiture au placard. Si le réseau était pensé par des usager.e.s, habitant.e.s de la métropole et non de Lyon ou Paris, cela faciliterait les choses. Mais pour cela, il faudrait que ce ne soit pas le profit qui prime.
Bien sûr, on aurait moins chaud dans les villes si on y trouvait plus de verdure. En arrêtant de tondre à ras la moindre herbe qui pousse tous les 15 jours pour commencer. Pas de plantes pas d’insectes, pas d’insecte pas d’oiseaux. (« Pas de palais » dirait l’autre…) Les mêmes qui « déplorent » la chute de la biodiversité ferment grand les yeux et continuent leur travail de destruction. A quel moment ça craque dans leur cerveau ?
Mais madame la chouette, me direz-vous, il faut construire ! Les demandes sont nombreuses ! … Et les campagnes désertées. Pourtant, le bâti existant – et vide ! – y est souvent bien plus adapté à la chaleur. Mais pour cela, il faudrait y réinvestir pour les services publics, les médecins. Des boutiques Shein ? Non merci, on s’en passera bien.
Mais laissons la chouette s’époumoner dans son coin. Quand tous les pauvres seront crevés, il sera peut-être temps de s’inquiéter.
E.F