Alors que la mobilisation avait rassemblé largement, un débat enflamme désormais la CGT et l’Union syndicale Solidaires : la stratégie adoptée par l’intersyndicale ne correspondrait pas aux mandats votés par les bases.
« C’était grève, pas ultimatum »
Dans un message publié sur X (ancien Twitter), le syndicaliste Anasse Kazib dénonce un décalage entre les décisions prises par les syndiqués et la position retenue en intersyndicale. « Le mandat de la confédération CGT donné à Binet, c’était grève, pas ultimatum. Pour Solidaires, c’est la même chose : aucun mandat ultimatum. J’ai participé personnellement au conseil fédéral de SUD-Rail avec la présence de Solidaires, jamais quelqu’un n’a parlé d’ultimatum », affirme-t-il.
Selon lui, l’intersyndicale aurait choisi une orientation contraire aux décisions de ses propres adhérents, privilégiant une ligne de compromis qui ressemble davantage à un ultimatum adressé au gouvernement qu’à une stratégie de grève reconductible.
Une ligne « imposée par la droite »
Le syndicaliste met en cause le poids des organisations plus modérées : « Comment se fait-il que ce qui sort de l’intersyndicale soit l’inverse du mandat donné, et que ce soit systématiquement la stratégie la plus à droite qui impose la cadence ? »
La critique est sévère : alors que des dates de grève avaient été votées, la décision finale s’est traduite par un compromis, perçu comme un affaiblissement du rapport de force.
La colère monte dans les bases
Cette situation provoque la colère de nombreux syndiqués, selon Anasse Kazib : « Je viens de passer 48 heures au téléphone avec nos syndiqués : ils sont furieux et ne comprennent pas d’où sort cette histoire ! »
Le militant appelle à des comptes : « Les militants doivent demander des comptes. Ça suffit, les intersyndicales avec des stratégies pourries qui nous mènent seulement à des défaites. »
Un militant de Solidaires, excédé, parle de « pitres qui ne respectent pas la base ». Les mots sont violents, mais reflètent un sentiment d’écœurement profond.
Quand la base se sent trahie
Le ressentiment est tel qu’il ne vise même plus directement le gouvernement ou le patronat. Cette fois, c’est aux dirigeants syndicaux que la colère s’adresse.
Pendant que les ministres et le MEDEF se frottent les mains, les militants de terrain ont l’impression d’avoir été plantés dans le dos. La révolution ? Elle n’est pas au coin de la rue. Et les seuls responsables, selon beaucoup, ne sont ni Lecornu, ni Macron, ni les patrons : ce sont les états-majors syndicaux eux-mêmes.
En refusant d’assumer le mandat de grève, ils auraient pris la lourde responsabilité de casser la dynamique. Pour certains militants, c’est clair : l’intersyndicale vient d’offrir une victoire sur un plateau au gouvernement, et une défaite cuisante à sa propre base.
