Hier, dès 6 heures du matin, au lendemain de l’attaque tragique survenue au péage d’Incarville (Eure), où un fourgon pénitentiaire a été la cible d’un assaut meurtrier, une centaine d’agents pénitentiaires se sont rassemblés devant l’établissement. Cette attaque, perpétrée par un commando armé, a coûté la vie à deux personnes et a laissé plusieurs autres blessées. Le détenu transporté a réussi à s’échapper, et ses complices, responsables des tirs sur les agents pénitentiaires, sont toujours en fuite.
Le préfet de la Côte-d’Or, Franck Robine, a exprimé sa consternation devant ces actes de violence. Nathalie Koenders était également présente lors de cet hommage. En compagnie des représentants locaux de la justice, de la police et de la gendarmerie, les agents pénitentiaires ont observé une minute de silence ce mercredi vers 11 heures devant la maison d’arrêt de Dijon, le visage grave et le cœur lourd, en mémoire des deux collègues tués lors de l’attaque. « Tout le personnel, tous les agents sont présents », déclare Ahmed Saih, du syndicat Force ouvrière pénitentiaire de Dijon.
Le site est bloqué depuis hier, et les extractions de détenus ont été suspendues. Cette mobilisation est une expression de tristesse et de colère face à cette tragédie qui a touché de plein fouet la communauté pénitentiaire.
Après avoir reçu les quatre principales organisations syndicales pénitentiaires mercredi 15 mai, suite à l’attaque meurtrière contre un fourgon pénitentiaire ayant entraîné la mort de deux agents et blessé gravement trois autres, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a formulé une série de propositions. Ces propositions, au nombre de 21, ont été consignées dans un “relevé de décisions” transmis aux syndicats ce jeudi.
Parmi ces propositions figurent notamment la limitation des extractions, en particulier les plus risquées, le développement de la visioconférence pour les présentations aux magistrats et certaines audiences, ainsi que la priorisation des déplacements des magistrats et greffiers au sein des établissements pour les interrogatoires des détenus les plus notoires. Le ministère envisage également de revoir les niveaux d’escortes et les compositions des équipes afin de limiter les extractions à deux agents.
Des mesures plus concrètes sont également envisagées, telles que l’octroi d’armes longues et d’armes d’épaules automatiques, accompagnées de la mise en place d’une doctrine d’emploi et d’un plan de formation. De plus, la formation aux premiers secours et aux blessures de guerre sera systématisée, tout comme la poursuite et l’extension des opérations de lutte contre les téléphones portables et l’usage de stupéfiants en détention.
Cependant, ces propositions doivent encore être concrétisées. Un accord de méthode doit être établi dans les 15 prochains jours en vue de l’élaboration d’un protocole d’accord finalisé pour la semaine du 10 juin. Ce protocole précisera les mesures, le calendrier de mise en œuvre et les modalités de suivi des actions envisagées. À Dijon, les agents se réuniront en assemblée générale à 19 heures pour détailler les engagements du ministère de la Justice.