Un appel pressant a été lancé par plusieurs associations et acteurs du secteur de l’énergie, alarmés par la situation actuelle concernant le chèque énergie. Le gouvernement projette de modifier les modalités d’attribution de cette aide cruciale, qui pourrait avoir de graves conséquences pour les ménages les plus modestes en France. En cas d’adoption de l’article 60 du projet de loi de finances 2025, l’automatisation de l’envoi du chèque énergie prendra fin, laissant à la charge des bénéficiaires la nécessité de faire une demande sur une plateforme numérique.
Les associations, notamment ADEIC, UFC-Que Choisir, la CLCV, Secours Catholique et bien d’autres, expriment leurs vives inquiétudes sur le fait que cette mesure aura pour effet d’exclure de nombreux ménages qui, pour des raisons de non-recours ou de difficultés administratives, pourraient ne pas faire les démarches nécessaires. D’après les chiffres communiqués par l’administration, seuls 3 % des nouveaux bénéficiaires potentiels du chèque énergie en 2024 ont réussi à l’obtenir jusqu’à présent. Un taux qui met en lumière l’ampleur des obstacles rencontrés par les personnes éligibles pour accéder à cette aide essentielle.
Une administration qui complexifie l’accès au Chèque Énergie
Le projet de loi de finances 2025 introduit des procédures qui semblent rendre l’accès au chèque énergie encore plus complexe. Les ménages doivent potentiellement s’inscrire sur une nouvelle plateforme, fournir des informations comme le numéro de PDL (point de livraison électrique), le numéro fiscal du titulaire du contrat de fourniture d’énergie, ainsi que prouver leur lieu de résidence. Or, ce sont souvent ces mêmes foyers qui ne sont pas à l’aise avec les outils numériques, et qui risquent ainsi d’être laissés de côté.
Les associations de consommateurs estiment que cette complexification des procédures vise à réaliser des économies budgétaires sur le dos des ménages les plus précaires. Alors que le gouvernement pourrait croiser les informations fiscales et énergétiques pour établir automatiquement la liste des bénéficiaires, l’approche choisie semble plutôt chercher à restreindre le nombre de personnes qui pourront effectivement recevoir cette aide. Une situation d’autant plus alarmante compte tenu des hausses prévues sur les taxes d’électricité et de la hausse générale des prix de l’énergie.
Un appel à la mobilisation des pouvoirs publics
Les associations signataires demandent au gouvernement et aux parlementaires d’agir pour garantir l’accès à cette aide vitale. Trois points majeurs sont mis en avant :
- Sanctuariser une enveloppe budgétaire suffisante pour revaloriser le montant du chèque énergie, afin de couvrir non seulement l’inflation et les hausses de taxes mais aussi d’apporter un soutien supplémentaire aux ménages les plus en difficulté.
- Maintenir l’automatisation du versement du chèque énergie, sans qu’une demande préalable ne soit nécessaire, en utilisant le revenu fiscal de référence comme critère principal.
- Prolonger la durée de vie de la plateforme numérique de demande pour la campagne 2024, au-delà du 31 décembre 2024, pour permettre à tous les nouveaux bénéficiaires d’y avoir accès.
Environ 5,6 millions de ménages, soit 20 % de la population, sont éligibles à ce chèque énergie, qui représente souvent un soutien indispensable pour boucler leur budget en période hivernale. Les signataires de l’appel, incluant des associations telles que la Fondation Abbé Pierre et Familles Rurales, alertent sur la nécessité d’agir pour éviter qu’une large partie de la population ne soit exclue du dispositif.
La fin de l’automatisation de l’envoi du chèque énergie pourrait marquer un retour en arrière dans la lutte contre la précarité énergétique. Les associations appellent ainsi le gouvernement à ne pas abandonner les plus vulnérables, et à garantir un accès simple et juste à cette aide essentielle.