Comme nous l’avons révélé récemment, l’ancien immeuble abritant le siège dijonnais de la CARSAT Bourgogne-Franche-Comté, situé dans la zone d’activité Cap Nord, a récemment été le théâtre d’un scandale. En effet, des groupes de personnes identifiées comme appartenant à des communautés de gens du voyage ont procédé au démontage illégal de ce bâtiment, suscitant l’indignation et de nombreuses interrogations dans la métropole.
Emmanuel Bichot, via un communiqué de presse en date du 11 décembre 2024, est revenu sur ce scandale, accusant purement et simplement les autorités d’être silencieuses sur ce qui s’est passé : « Ces travaux de récupération de matériaux métalliques, y compris portes et fenêtres en aluminium, ont été entrepris hors de tout cadre légal, mettant en danger la santé et la sécurité des intervenants, adultes et enfants, mais également pour l’avenir celle des personnes présentes dans les entreprises et organismes voisins ou des visiteurs non souhaités, car l’amiante est toujours présente et de moins en moins confinée. C’est une bombe à retardement. Les précautions à prendre en présence d’amiante sont draconiennes, car cette fibre est très cancérigène. Le coût des moindres travaux dans cet environnement est énorme, a fortiori dans un immeuble tertiaire de près de 20 000 m2 ! », a-t-il déclaré, dénonçant ainsi à la fois un chantier illégal et un risque majeur pour la santé publique.
Puis, il a ajouté : « Et pourtant, c’est toujours le silence radio du côté des autorités locales. Aucune intervention pour stopper ce scandale, qui s’est déroulé durant trois mois, malgré les alertes lancées par des riverains et l’association Cap Nord ! La métropole de Dijon, qui a la compétence pour les zones d’activités économiques, ne s’est toujours pas exprimée pour condamner ces actes, demander des mesures de sécurisation et appeler à sanctionner les responsables ». Il a posé la question suivante : « Comment cela est-il possible, en plein cœur de l’agglomération dijonnaise ? »
Mais dans son communiqué de presse, nous apprenons également que Monsieur Thierry Coursin, homme bien connu à Dijon et sur la métropole, qui est le propriétaire du site, aurait pris l’initiative de vendre une partie du site au groupe Edifrance Bourgogne Franche-Comté, associé dans une société civile dénommée « SARCAT » constituée fin 2023. « Son objet est de racheter tout le site (3,3 hectares). Elle a déjà racheté la moitié du terrain en avril 2024 au prix d’un million d’euros, mais pas encore le bâtiment amianté », a déclaré Emmanuel Bichot, le président du Groupe Agir pour Dijon, qui est aussi candidat aux prochaines élections municipales, qui auront lieu en 2026.
Dijon Actualités a souhaité vérifier les propositions d’Emmanuel Bichot, candidat aux prochaines élections municipales. Après plusieurs heures de recherche, il s’avère que ceux-ci sont totalement exacts. En effet, à la fin de l’année 2023, la société civile de construction-vente « SARCAT » a été créée par le groupe Edifipierre Bourgogne Franche-Comté et la société PLP Placement.
Dijon Actualités s’est procuré un « acte de dépôt », daté du 4 décembre 2023 fait dans un office notarial à Mutzig (Bas-Rhin) de l’original des statuts sous seings privés, en date du 23 et 30 novembre 2023, contenant constitution de la société civile de construction vente « SARCAT ». Nous y apprenons que l’objet de la société est de procéder à l’acquisition de tous les biens immobiliers et notamment la pleine propriété de tout ou partie d’un ensemble immobilier situé à Saint-Apollinaire, au 38 rue de Cracovie, actuellement section cadastré ZB n°366 avec 332,26 ares, ainsi que tout bien immobilier contigus ou annexes et de tous droits susceptibles de constituer des accessoires auxdits biens. Le siège de la « SARCAT » est situé au 46 avenue du Drapeau à Dijon, chez Edifipierre.
Est-ce que le président du Groupe Agir pour Dijon a raison de dire que la société « SARCAT » a commencé à racheter la moitié du terrain de l’ancien siège de la CARSAT pour construire dessus ? La réponse est oui, selon nos informations. Le projet de la société « SARCAT » est de faire un grand projet immobilier. C’est dans le cadre de la première phase du projet immobilier que la société « SARCAT » a racheté une parcelle de l’ancien site de la CARSAT moyennant un prix prévisionnel de 1 million d’euros. Dans un second temps, la société « SARCAT » prévoit de racheter le reste du site avec un prix prévisionnel de 3 millions d’euros hors taxes, frais d’agence IMPACT CBRE en sus (1 % hors taxe du prix de vente), ledit restant réévaluable en fonction du prix de divers travaux, dont il convient de déduire le montant couvert des frais de désamiantage/démolition à la charge de l’acquéreur.
Nous avons constaté que deux panneaux ont été installés sur les grilles du site, en zone Cap Nord. Le premier indique la création d’un pôle tertiaire constitué de deux bâtiments d’une superficie de 4 856,00 m² sur un terrain de 5 160,00 m². Le deuxième panneau indique qu’un lotissement sera aménagé en nombre de 6 lots sur une superficie de terrain de 16 790 m².
Nous avons contacté Édifipierre, qui a accepté de répondre à nos questions. Pascal Pagand, le directeur général d’Édifipierre, nous explique : « Moi, je ne fais pas de politique, je suis promoteur constructeur, point à la ligne ! La politique, ce n’est pas mon sujet, et j’ai pas envie d’en parler ! Nous, on est arrivé sur ce dossier par l’intermédiaire de la société CDRT qui a été mandatée par monsieur Coursin pour reprendre le site ! Le site, on ne peut plus l’occuper, et il y a un bâtiment d’une superficie de 18 000 m² qui, comme vous l’avez signalé, est très abîmé. Le coup de délabrement de ces bâtiments est peut-être encore plus [élevé] aujourd’hui vu son état !« .
Puis il ajoute : « Pour essayer de faire avancer un sujet, qui n’avait pas pu voir le jour, travailler le projet de monsieur Coursin qui s’appelle « Tellus », on a proposé à monsieur Coursin propriétaire de ne lui en acheter qu’une partie […] celle où les constructions sont situées. Et on a posé et obtenu un certain nombre d’autorisations pour essayer de faire avancer le sujet, de la transformation de l’ex CARSAT en quelque chose de plus valorisant, et gratifiant pour tout le monde, point à la ligne !« .
Monsieur Pascal Pagand nous explique que leur priorité aujourd’hui est d’essayer de faire avancer le sujet sur la moitié du terrain qui leur appartient. Pour ce qui est de l’autre moitié, il nous dit : « On a certes un engagement, mais cet engagement est plus ou moins caduc dans la mesure où le bâtiment a été massacré par les gens du voyage. Acheter la suite, ce n’est pas sûr, vu l’état dans lequel se trouve le bâtiment, qui a considérablement changé par rapport à ce qu’il était au début de nos discussions. »
Monsieur Pascal Pagand regrette vivement la tournure des événements : « Ça nous fait un peu d’ombre, vous voyez. On avait prévu sur le site de mettre des panneaux et certaines choses, des panneaux publicitaires pour essayer d’avancer dans la commercialisation des deux immeubles de bureaux pour lesquels on vient d’obtenir un permis ! Je ne vous cache pas que, vu les articles qui sortent, on s’est gardé de les mettre car sur le sentiment d’être une peu victime de l’atmosphère de tout ça. Ça me dérange beaucoup, et j’ai plutôt envie de me mettre en retrait de tout ça !«
Une chose est certaine, Pascal Pagand, le directeur général d’Édifipierre, nous a dit qu’acheter le grand bâtiment plein d’amiante n’est plus à l’ordre pour le moment : « Avec une voiture qui était bleue, avec des jantes en alliage au début, et qui est devenu rouge, sans roues, vous comprenez que l’accord formel qui a pu avoir sur la suite est un peu brillant on va dire ! c’est fortement un peu moins à l’ordre du jour où l’on a vu ce qui c’est passé ! Et notre objectif est d’essayer de sortir et de faire avancer la première tranche sur laquelle on a des autorisations pour essayer de travailler.«
Nous aurions peut-être dû demander à monsieur Pascal Pagand, puisqu’il est aussi le propriétaire du terrain où les gens du voyage se sont installés, s’il les a autorisés à s’installer. Le terrain n’appartient pas à monsieur Coursin, mais à Édifipierre, dont il est le responsable ! Si cela n’est pas le cas, a-t-il pris l’initiative de les autoriser ? À moins que seul monsieur Coursin ait donné l’autorisation, nous ne savons pas, mais nous restons à leur disposition pour apporter des réponses !
Pour rappel, le site a été vendu en 2020 par la CARSAT à LCDP, société holding détenue par Monsieur Thierry Coursin, au prix dérisoire de 750 000 €, du fait que le désamiantage était à la charge de l’acquéreur. On peut dire aujourd’hui que Monsieur Coursin a déjà réalisé une belle plus-value sur la vente de la première parcelle à la société « SARCAT ». On comprend mieux, pourquoi Monsieur Thierry Coursin, le président de LCDP, la société holding, n’a pas agi, selon toute vraisemblance, pour sécuriser le bâtiment de six étages plein d’amiante. Il attend, peut-être, que le bâtiment soit repris par la société « SARCAT », dans le cadre de l’accord mis en place avec la société « SARCAT », afin de ce débarraser de ce problème !
Sauf que voilà, selon Pascal Pagand, il pourrait ne pas racheter le bâtiment, ce qui n’est plus à l’ordre du jour pour le moment ! Tout ne se passe pas comme prévu pour Monsieur Thierry Coursin. Que va devenir ce bâtiment plein d’amiante, qui aujourd’hui est de moins en moins confiné, et où tout le monde peut entrer ? Est-ce que les autorités obligeront Monsieur Coursin à prendre des mesures pour sécuriser ce bâtiment ?
Car disons clairement, face à ce scandale, les autorités sont jusqu’à aujourd’hui restées bien silencieuses, au point que, pour reprendre l’expression d’Emmanuel Bichot, « l’actuelle municipalité dijonnaise semble prête à faire n’importe quoi pour sauver le soldat Coursin, toujours traité avec beaucoup d’égards ». François Rebsamen, le président de Dijon Métropole, bien que informé de la situation selon nos sources, n’a pas intervene pour exiger une sécurisation du site (intrusion, amiante), malgré la gravité de la situation. Bien plus grave, selon nous, la métropole dijonnaise a accordé le permis de construire à Édifipierre au moment où le scandale de ce qui se passe sur le site a été dévoilé aux habitants de la métropole, soit le 28 novembre 2024 (Dijon Actualités a publié son article sur le sujet le 27 novembre 2024). Il fallait tout de même le faire !
Aujourd’hui, les entreprises de la zone Cap-Nord et les salariés souhaitent la sécurisation du bâtiment, et que les autorités compétentes prennent leurs responsabilités ! Aujourd’hui, leur silence prouve que tout le monde n’est pas soumis à la même réglementation, c’est une inégalité stupéfiante et scandaleuse, et beaucoup trop visible ! La délivrance du permis de construire à Édifipierre ne règle pas le problème de Monsieur Coursin. Une fois de plus, son projet fait flop. Que tout le monde prenne acte, en premier lieu les autorités compétentes. On fait quoi maintenant avec ce bâtiment bourré d’amiante ? Affaire à suivre !