Dans un communiqué publié ce jour, Solidaires 21 dénonce avec force la publication de la circulaire Retailleau, qu’elle qualifie de véritable « déclaration de guerre à l’immigration ». Cette nouvelle directive, signée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, marque un durcissement drastique des possibilités de régularisation pour les personnes migrantes vivant en France sans titre de séjour. Solidaires 21 pointe un texte aux conséquences humaines et sociales désastreuses, dans la lignée d’une politique ouvertement inspirée par l’extrême droite.
La fin des régularisations exceptionnelles
La circulaire Retailleau, qui abroge la circulaire Valls de 2012, impose des critères beaucoup plus restrictifs pour l’obtention d’un titre de séjour :
- Un allongement des délais : la durée minimale de résidence en France passe de cinq à sept ans pour pouvoir solliciter une régularisation, contre trois ans pour les travailleurs dans l’ancienne version.
- Un verrou quasi-définitif des OQTF : toute personne ayant reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), qu’elle soit exécutée ou non, sera désormais quasi-exclue des processus de régularisation.
- Des conditions arbitraires : les demandes pourront être refusées en invoquant des critères de « maîtrise du français » ou de « respect des valeurs républicaines », laissant une grande liberté aux préfets pour rejeter les dossiers.
- Des professions en tension non révisées : malgré le rôle clé des travailleurs sans-papiers dans des secteurs comme le BTP, la restauration ou l’aide à la personne, la liste des métiers en tension, établie selon les critères du patronat, reste figée.
Ces nouvelles mesures ferment la porte à des milliers de travailleuses et travailleurs sans-papiers, qui assurent pourtant le fonctionnement de pans entiers de l’économie française.
Une précarité organisée
Pour Solidaires 21, cette circulaire va exacerber la précarité des personnes sans papiers, les poussant encore davantage dans la clandestinité. Privés de droits sociaux et de protections, ces travailleurs se retrouveront à la merci d’un patronat exploitant leur vulnérabilité, particulièrement dans des secteurs déjà marqués par la précarité comme le nettoyage, la logistique, ou la restauration.
La syndication s’indigne : « Cette politique ne vise qu’à accroître l’exploitation de ces personnes tout en satisfaisant une logique raciste et répressive dictée par l’extrême droite. »
Une offensive politique contre les migrant·es
Solidaires 21 rappelle que cette circulaire s’inscrit dans la continuité de la loi Darmanin adoptée en janvier 2024, qui avait déjà durci les règles en matière de régularisation. Elle y voit une politique délibérément discriminatoire, conçue pour restreindre l’accès aux droits fondamentaux pour les populations migrantes. « Cette circulaire Retailleau, orchestrée par le gouvernement Bayrou/Retailleau/Darmanin, démontre une volonté de nier l’apport humain et économique des personnes migrantes tout en flattant les discours de l’extrême droite. »
Appel à la mobilisation générale
Face à ces mesures « scélérates », Solidaires 21 appelle à une mobilisation massive. Le syndicat exige la régularisation immédiate de toutes les personnes sans papiers, en commençant par les travailleuses et travailleurs engagés dans des luttes de longue date, comme celles et ceux de Chronopost, mobilisés depuis plus de trois ans.
Le communiqué invite les syndicats, associations et collectifs à unir leurs forces pour participer aux actions en cours et préparer une riposte contre l’application de cette circulaire. L’objectif : obtenir son abrogation et défendre les droits des personnes migrantes.
Dans ce contexte, où les travailleurs sans papiers sont essentiels mais toujours invisibilisés, Solidaires 21 insiste sur la nécessité d’une solidarité active et d’une résistance collective.