Le quatrième trimestre 2024 marque une aggravation notable de la situation de l’emploi en Bourgogne-Franche-Comté. Selon les derniers chiffres publiés, le nombre de demandeurs d’emploi, toutes catégories confondues, est en hausse par rapport au trimestre précédent et sur l’année. Cette tendance, bien que conforme à la moyenne nationale, masque des disparités importantes selon les départements, les tranches d’âge et les motifs d’inscription. Décryptage détaillé d’une situation économique et sociale qui interpelle.
Une hausse généralisée des demandeurs d’emploi
Catégorie A : des chiffres en forte augmentation
La région Bourgogne-Franche-Comté comptait, en moyenne, 106 230 demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) au quatrième trimestre 2024. Ce chiffre traduit une augmentation de 4,0 % sur le trimestre (+4 040 personnes) et de 5,7 % sur un an. Cette dynamique s’inscrit dans une tendance nationale, où le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a également progressé de 4,0 % sur le trimestre et de 3,7 % sur un an.
Catégories A, B, C : l’ensemble des inscrits en hausse
Si l’on inclut les demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite (catégories A, B, C), le total atteint 199 740 personnes dans la région, en hausse de 1,9 % sur le trimestre (+3 730 personnes) et de 2,0 % sur un an. Ces chiffres témoignent d’une fragilité croissante du marché du travail dans la région, avec des difficultés d’accès à des emplois stables et durables.
Une situation contrastée selon les départements
Les hausses du nombre de demandeurs d’emploi varient sensiblement d’un département à l’autre, reflétant des réalités économiques locales très hétérogènes.
Doubs : un département en difficulté
Le Doubs enregistre les augmentations les plus marquées, avec une progression de 5,7 % en catégorie A sur le trimestre (+11,0 % sur un an). Ces chiffres traduisent des tensions importantes sur le marché du travail, malgré le rôle économique majeur de ce département, notamment dans l’industrie automobile et la mécanique de précision.
Côte-d’Or : des augmentations importantes
En Côte-d’Or, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A s’élève à 18 980 personnes, soit une hausse de 4,9 % sur le trimestre (+5,2 % sur un an). Les catégories A, B, C comptent 37 330 personnes, en progression de 2,4 %.
Des départements moins touchés
À l’autre bout du spectre, la Nièvre affiche une relative stabilité, avec une augmentation de seulement 0,3 % sur le trimestre pour les catégories A, B, C, et une diminution de 0,1 % sur un an. La Saône-et-Loire, quant à elle, connaît une augmentation modeste de 1,3 % sur le trimestre et enregistre même une baisse de 0,4 % sur un an pour les catégories A, B, C.
Des disparités selon les profils des demandeurs
Les jeunes particulièrement impactés
Les demandeurs d’emploi âgés de moins de 25 ans sont les plus touchés par cette hausse. En catégorie A, leur nombre augmente de 7,0 % sur le trimestre (+7,7 % sur un an). Ces chiffres traduisent une difficulté d’insertion croissante pour les jeunes, en dépit des dispositifs dédiés, comme les contrats aidés ou les formations professionnelles.
Les seniors moins touchés
Les personnes âgées de 50 ans et plus enregistrent une hausse plus modérée de 3,1 % sur le trimestre en catégorie A, et de 4,9 % sur un an. Ce constat pourrait s’expliquer par des sorties plus fréquentes des listes pour des raisons de retraite ou de cessation d’activité.
Hommes vs femmes : un léger déséquilibre
Les hommes voient leur nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A augmenter légèrement plus que celui des femmes : +4,0 % sur le trimestre contre +3,9 %. Sur un an, l’écart est encore plus marqué, avec une progression de 7,0 % pour les hommes contre 4,3 % pour les femmes.
Entrées et sorties : une dynamique inquiétante
Les entrées en hausse pour certains motifs
Les inscriptions dans les catégories A, B, C augmentent de 2,5 % sur le trimestre. Cette hausse est portée par des motifs comme les premières entrées sur le marché du travail (+10,5 %), les retours d’inactivité (+6,3 %), ou encore les autres motifs indéterminés (+9,3 %). En revanche, les entrées pour licenciement économique (–8,9 %) et fin de mission d’intérim (–2,6 %) diminuent.
Les sorties en net recul
Les sorties des listes de demandeurs d’emploi baissent de 1,5 % sur le trimestre et de 6,0 % sur un an, traduisant une difficulté accrue à retrouver un emploi durable. Les sorties pour reprise d’emploi (–5,9 %) et pour entrée en formation (–5,0 %) sont particulièrement en baisse.
Ancienneté : des demandeurs de plus en plus installés dans la durée
Le nombre de demandeurs inscrits depuis moins d’un an augmente de 2,3 % sur le trimestre et de 2,5 % sur un an, tandis que ceux inscrits depuis un an ou plus progressent plus modestement (+1,3 % sur le trimestre, +1,4 % sur un an). Ces chiffres montrent que le chômage tend à s’installer durablement pour une partie croissante des demandeurs d’emploi.
Une région sous pression : quels enjeux pour l’avenir ?
Avec une hausse de 4,0 % des demandeurs d’emploi en catégorie A sur le trimestre et des variations importantes selon les départements et les profils, la Bourgogne-Franche-Comté traverse une période difficile. La situation des jeunes et des travailleurs de longue durée est particulièrement préoccupante, tandis que les disparités géographiques mettent en lumière des fragilités économiques structurelles.
Face à ces défis, la région devra redoubler d’efforts pour renforcer les dispositifs d’accompagnement, encourager la création d’emplois dans les secteurs porteurs et développer des politiques adaptées aux besoins spécifiques de chaque département. 2025 s’annonce comme une année cruciale pour inverser cette tendance et redonner des perspectives aux demandeurs d’emploi de Bourgogne-Franche-Comté.