Lundi 27 janvier 2025, les élus municipaux de Dijon ont voté le budget primitif 2025, dernier budget en année pleine de la mandature en cours. Présenté comme « solide et solidaire » par Nathalie Koenders (PS), maire de Dijon, ce budget a fait l’objet de vifs débats, entre soutien de la majorité, critiques des oppositions et inquiétudes sur l’avenir des finances locales.
Un budget entre stabilité fiscale et incertitudes nationales
Dès l’ouverture du conseil municipal, Nathalie Koenders a insisté sur l’importance de ce budget dans un contexte économique et politique incertain. La maire de Dijon a salué les ajustements du projet de loi de finances 2025, qui réduisent la contribution des collectivités au redressement des comptes publics, la faisant passer de 5 à 2,2 milliards d’euros. Si cette version est adoptée, la ville échapperait à un effort budgétaire de 4,1 millions d’euros initialement prévu.
Côté fiscalité, la stabilité est maintenue : pour la neuvième année consécutive, les taux d’imposition n’augmenteront pas. Toutefois, la revalorisation des bases de taxe foncière, votée par les parlementaires pour suivre l’inflation (+1,7 %), garantira une progression des recettes fiscales de la ville.
Malgré un contexte de forte inflation et d’augmentation des coûts de fonctionnement (+5,53 %), la municipalité se félicite de maintenir un niveau d’investissement soutenu (57,3 millions d’euros) et de poursuivre le désendettement de la ville.
Les priorités du budget 2025 : transition écologique, cadre de vie et sécurité
L’adjoint aux finances François Deseille (Modem) a détaillé les six axes prioritaires du budget 2025 :
- Transition écologique et développement durable
- Cohésion sociale et inclusion
- Attractivité économique et culturelle
- Modernisation de l’espace public
- Amélioration de la qualité de vie des habitants
- Sécurité et tranquillité publique
L’un des points marquants est le recrutement du centième agent de la police municipale. Ce renforcement de la sécurité s’inscrit dans la continuité des engagements de la municipalité.
Les investissements en baisse (-7,6 %) concernent principalement les travaux déjà engagés ou en cours d’achèvement. Parmi les grands projets financés en 2025, on retrouve :
- 9,7 millions d’euros pour la petite enfance, l’éducation et la jeunesse
- 8,6 millions d’euros pour la culture
- 8,5 millions d’euros pour l’aménagement des espaces publics
- 8,4 millions d’euros pour la vie des quartiers
- 5,3 millions d’euros pour la transition écologique du patrimoine communal
- 4 millions d’euros pour l’urbanisme et le patrimoine sportif
Le budget prévoit également un recours modéré à l’emprunt (39,5 millions d’euros), tout en garantissant une capacité de désendettement inférieure à 5 ans.
Les critiques de l’opposition : insincérité et manœuvre électorale
Si la majorité municipale défend un budget responsable et ambitieux, les oppositions n’ont pas manqué de dénoncer plusieurs points. Axel Sibert (LR) a critiqué « l’accumulation d’excédents budgétaires » et le manque d’investissement dans les services publics. Selon lui, 32 millions d’euros ont été prélevés sur les contribuables sans être utilisés.
L’opposition de droite a également fustigé « un budget de campagne », pointant le calendrier des réalisations municipales. Selon Axel Sibert, les projets les plus visibles s’achèveront juste avant l’échéance électorale de 2026, tandis que d’autres sont reportés.
De son côté, Emmanuel Bichot (LR, Agir pour Dijon) a dénoncé « un budget insincère », avec un recours à l’emprunt qui pourrait ne pas être entièrement consommé. Il a également critiqué la hausse de la taxe foncière de 26 % depuis 2000, demandant une réduction de 6 millions d’euros, compensée par des économies sur le fonctionnement.
Autre point de discorde : la politique de l’urbanisme. Emmanuel Bichot a dénoncé « la bétonisation de Dijon », en demandant l’arrêt de certains projets immobiliers comme la dernière tranche de la Cité de la gastronomie ou le projet Venise II.
Henri-Bénigne de Vregille (Dijon autrement) a, lui, pointé un essoufflement du modèle financier de la municipalité, avec un excédent budgétaire qui aurait servi à désendetter la ville au détriment de services essentiels.
Enfin, Olivier Muller (Écologistes et citoyens) a regretté que le budget ne soit pas assez ambitieux pour la transition écologique, demandant « un budget vert », ce qui a conduit son groupe à s’abstenir lors du vote.
Des réunions publiques prévues pour présenter le budget 2025
Afin d’expliquer les orientations budgétaires et les grands projets de la ville, Nathalie Koenders ira à la rencontre des habitants à travers une série de réunions publiques du 4 au 20 février à 19h dans les quartiers de Dijon :
- Mardi 4 février – Quartier Maladière-Drapeau-Clemenceau Gymnase François Chambelland
- Mercredi 5 février – Quartier Chevreul-Parc Le Consortium
- Jeudi 6 février – Quartier Grésilles Salle Camille Claudel
- Mardi 11 février – Quartier Montchapet MJC Montchapet
- Mercredi 12 février – Quartier Varennes-Joffre-Toison d’Or Espace Baudelaire
- Jeudi 13 février – Quartier Bourroches-Port du Canal-Valendons-Montagne Sainte-Anne Gymnase des Bourroches
- Mardi 18 février – Quartier Université Campus ESTP-ESEO
- Mercredi 19 février – Quartier Fontaine d’Ouche Théâtre de la Fontaine d’Ouche
- Jeudi 20 février – Quartier Centre-ville Salle des États – Palais des Ducs
Ces rencontres seront l’occasion pour les habitants de poser leurs questions, d’échanger avec la maire et de mieux comprendre les enjeux du budget 2025.
Un budget adopté malgré des divisions politiques
Face aux critiques, Nathalie Koenders a défendu un budget équilibré et cohérent avec le programme municipal voté en 2020. Elle a notamment rappelé que 55 % des investissements étaient liés au développement durable, tout en assurant que Dijon devait continuer à construire des logements pour répondre à la demande croissante.
Malgré 7 voix contre et 3 abstentions, le budget primitif 2025 a été largement adopté par la majorité municipale, qui revendique un budget au service des habitants, de la transition écologique et du dynamisme de la ville.
Avec une opposition qui affine ses critiques et une majorité qui défend son bilan, le vote du budget 2025 marque aussi le début des débats pré-électoraux en vue des municipales de 2026.