La députée socialiste Océane Godard a pris la parole à la tribune de l’Assemblée nationale pour expliquer la décision de son groupe de ne pas censurer le gouvernement Bayrou lors de l’examen de la motion de censure sur la première partie du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025. Une position qui s’inscrit dans une logique de pragmatisme et de responsabilité, visant à préserver un cadre budgétaire indispensable au bon fonctionnement du système de santé français.
Un engagement démocratique et une vision de compromis
Débutant son discours par une citation de Kofi Annan « Des héritiers sans héritage », Océane Godard a insisté sur la nécessité de repenser les modèles démocratiques dans un contexte politique marqué par l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Face à cette situation inédite, elle a appelé à « dépasser certains réflexes partisans et à réhabiliter l’esprit de la démocratie », un message adressé tant à ses collègues parlementaires qu’à l’ensemble des citoyens français.
Si le budget présenté ne répond pas pleinement aux attentes du groupe socialiste, notamment en matière de santé publique et de solidarité, son rejet aurait entraîné de lourdes conséquences. Privée d’un ONDAM (Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie), la France se serait retrouvée sans un cadre budgétaire nécessaire au fonctionnement des hôpitaux, des soins de ville, des services à domicile et des établissements médico-sociaux.
Des enjeux sanitaires cruciaux et des avancées majeures
La députée a rappelé les grands défis auxquels le système de santé doit faire face :
- Le vieillissement démographique et la nécessité d’une loi ambitieuse sur le grand âge ;
- Une crise persistante des hôpitaux publics et des établissements médico-sociaux ;
- La présence de nombreux déserts médicaux ;
- Une prise en charge insuffisante de la santé mentale.
En choisissant la négociation plutôt que la censure, le groupe socialiste a obtenu des avancées significatives, notamment :
- Le maintien du pouvoir d’achat des retraités avec l’absence de gel des pensions pour 2025 ;
- L’absence d’aggravation du déremboursement des médicaments et des consultations médicales ;
- Une augmentation de 1 milliard d’euros du budget de l’assurance maladie, permettant la création ou le maintien d’environ 18 000 postes de soignants ;
- Le triplement du fonds d’urgence pour les EHPAD en difficulté, passant de 100 à 300 millions d’euros, se traduisant par l’embauche d’au moins un personnel soignant supplémentaire par structure ;
- L’ouverture d’une conférence sociale sur la réforme des retraites, visant un retour à l’âge de 62 ans et une concertation avec les partenaires sociaux.
Une stratégie de vigilance et de mobilisation future
Océane Godard a affirmé que le choix de ne pas censurer le gouvernement ne signifiait pas un blanc-seing pour l’avenir. Elle a tracé les lignes des futurs combats du groupe socialiste :
- Lutte contre les déserts médicaux ;
- Adoption d’une grande loi sur le grand âge et renforcement de l’hôpital public ;
- Prise en charge améliorée de la santé mentale ;
- Qualité de l’accueil du jeune enfant ;
- Amélioration du pouvoir d’achat dans les territoires ultramarins ;
- Avancées concrètes pour les salariés, notamment dans le secteur de la propreté.
Elle a conclu en rappelant que « le compromis ne saurait être une compromission » et que la vigilance du groupe socialiste resterait de mise. Dans une période marquée par des tensions politiques et des débats clivants, cette décision reflète une volonté de préserver l’intérêt général sans renoncer aux ambitions d’un modèle social plus juste.
Une ambition pour l’avenir
En formulant un dernier vœu devant la représentation nationale, Océane Godard a exprimé l’espoir que « ce travail de négociation contribue à ce que les héritiers de la démocratie ne soient plus sans héritage ». Un message fort qui résonne au-delà de l’hémicycle et qui pose les bases d’un engagement politique exigeant et constructif.