L’Union Syndicale Solidaires de Côte-d’Or dénonce la publication d’un sondage IFOP révélé ce lundi 24 février par Dijon-Actualités, qui interroge les Dijonnais.es sur de nombreux aspects de leur ville. L’initiative soulève de nombreuses interrogations, tant sur le procédé employé que sur la finalité politique de l’enquête. Qui a commandé ce sondage ? Avec quel budget ? Et surtout, dans quel but ?
L’orientation des questions laisse perplexe, semblant esquisser un futur programme municipal plutôt qu’une simple prise de pouls de la population. Dès lors, le syndicat s’interroge : la municipalité actuelle est-elle à l’origine de cette étude ? Quels intérêts cherche-t-on à servir ?
Face à ces pratiques, l’Union Syndicale Solidaires de Côte-d’Or rappelle l’analyse du sociologue Pierre Bourdieu sur les sondages d’opinion : ces derniers ne reflètent pas une « opinion publique » homogène mais sont plutôt un instrument d’action politique. Ils créent artificiellement une illusion d’unité et masquent la complexité des tensions et des divergences qui animent la population. En d’autres termes, plutôt que de mesurer objectivement un état d’esprit collectif, ces sondages façonnent une image conforme aux intérêts de ceux qui les commanditent.
Parmi les nombreuses questions du sondage, l’une retient particulièrement l’attention : « Jugez-vous utile ou non-utile la récupération par la ville des terrains des Lentillères occupés illégalement ? ». Une formulation qui s’inscrit dans une volonté persistante de discréditer le Quartier Libre des Lentillères, déjà fragilisé par l’incendie récent et les déclarations polémiques du premier adjoint de la ville. Face à cette tentative de manipulation de l’opinion, Solidaires Côte-d’Or réitère son soutien inconditionnel aux habitant.es et usager.es du quartier.
Loin de se laisser dicter par des sondages orientés, il est essentiel d’ouvrir un dialogue sincère et constructif. Comme le rappelle l’organisation syndicale, « Le Quartier Libre des Lentillères vivra, le Quartier Libre des Lentillères vaincra ».
Enfin, face à ces tentatives de légitimation par l’opinion, l’Union Syndicale Solidaires invite les commanditaires de cette enquête à méditer cette citation d’Oscar Wilde : « L’opinion publique n’existe que là où il n’y a pas d’idées. » Il serait peut-être temps d’en proposer de nouvelles plutôt que d’instrumentaliser celles des autres
Communiqué de presse du 24 février 2025 :
Sondage IFOP sur la ville de Dijon : gouverner sans vision, gouverner par l’opinion ?
Ce lundi 24 février, un média local (Dijon-Actualités) a publié une information sur un sondage IFOP qui cherche à interroger les dijonnais.es avec une myriade de questions sur la ville de Dijon. Tout d’abord, le procédé étonne tout comme la précision des questions et leurs orientations politiques. Aussi, ce qui doit grandement interroger, c’est qui est à l’initiative d’une telle commande et avec quel budget ?
Quand on écoute les différentes questions, nous avons l’impression d’assister à la création d’un futur programme municipal. D’ailleurs, est-ce la municipalité actuelle qui est derrière ce sondage d’opinion ?
Dans tous les cas, nous tenons à remettre en avant l’analyse du sociologue Pierre Bourdieu à propos des dits sondages d’opinion : « Les problématiques qui sont proposées par les sondages d’opinion sont subordonnées à des intérêts politiques, et cela commande très fortement à la fois la signification des réponses et la signification qui est donnée à la publication des résultats. Le sondage d’opinion est, dans l’état actuel, un instrument d’action politique ; sa fonction la plus importante consiste peut-être à imposer l’illusion qu’il existe une opinion publique comme sommation purement additive d’opinions individuelles ; à imposer l’idée qu’il existe quelque chose qui serait comme la moyenne des opinions ou l’opinion moyenne. L’« opinion publique » qui est manifestée dans les premières pages de journaux sous la forme de pourcentages (60 % des Français sont favorables à…), cette opinion publique est un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l’état de l’opinion à un moment donné du temps est un système de forces, de tensions et qu’il n’est rien de plus inadéquat pour représenter l’état de l’opinion qu’un pourcentage ».
Parmi toutes les questions absurdes de ce sondage, nous retiendrons une nouvelle fois la volonté nonassumée de vouloir disqualifier et discréditer le Quartier Libre des Lentillères auprès de la population en posant la question suivante : « Jugez-vous utile ou non-utile la récupération par la ville des terrains des Lentillères occupés illégalement ? ». Comme nous l’avons fait après le triste incendie d’il y a quelques semaines et face aux propos immondes du premier-adjoint de la Ville de Dijon, nous réitérons notre plein soutien au Quartier Libre des Lentillères, à ses habitant.es et à ses usager.es ! Et nous disons à la mairie qu’il est grand temps d’engager un réel dialogue et qu’à la fin « Le Quartier Libre des Lentillères vivra, le Quartier Libre des Lentillères vaincra » !
Enfin, notre organisation syndicale invite les personnes à l’initiative de la commande d’un tel sondage à réfléchir aux mots d’Oscar Wilde, « l’opinion publique n’existe que là où il n’y a pas d’idées ».